30 % de baisse du chiffre d’affaires des commerces de centre-ville : la Banque des Territoires met 1 milliard d’euros sur la table pour leur relance
Il suffit de discuter avec des commerçants, de surcroît dans des villes moyennes pour s’en convaincre.
D’après une étude menée par la Banque des Territoires, 80 000 commerces situés dans les centres des villes moyennes ont été fortement touchés par le confinement.
Ces mêmes commerces ont connu en moyenne une baisse de 30 % minimum de leur chiffre d’affaires ; ce qui pourrait à terme se traduite par une hausse des défaillances attendue de…15 à 30 %.
On imagine les dégâts dans certaines, voire même la plupart des villes moyennes qui connaissent déjà un taux de vacance (commerces fermés) important. C’est la raison pour laquelle d’ailleurs le gouvernement avait lancé avant la pandémie, “l’Action Cœur de Ville” dans 222 villes moyennes françaises, pour pallier le problème. Le Covid-19 ne va donc rien arranger…
Plusieurs raisons existent pour expliquer cette situation : la forte hausse d’abord du trafic des sites de e-commerce qui a été cette année de l’ordre de 13 % ; mais aussi le fait que 70 % des commerces des villes moyennes sont des commerces indépendants.
Enfin, on peut constater que les cafés, hôtels et restaurants ont été de facto parmi les plus touchés.
C’est la raison pour laquelle, la Banque des Territoires a lancé un plan à 1 milliard d’euros. “Notre urgence n° 1 est de faire face à la crise et d’éviter les défaillances en série”, explique ainsi, Olivier Sichel, directeur de la Banque des Territoires.
Olivier Sichel distingue deux étapes pour que les commerces de villes moyennes retrouvent leur tonus.
Celle de la reprise d’abord “avec des propositions mobilisables immédiatement et des offres ciblées sur les villes des territoires qui font déjà partie des dispositifs “Action Cœur de Ville” et “Petites Villes de demain.”
Des diagnostics rapides et gratuits
Viendra ensuite, précise-t-il “le temps de la relance, avec des offres adressées à tous les territoires avec des enjeux de redynamisation”.
Parmi les nombreux outils que la Banque publique met à disposition des villes figure d’abord la possibilité d’effectuer un diagnostic urgent de la situation du commerce. “Réalisé par nos soins, ce diagnostic est entièrement pris en charge par la Banque des Territoires,” explique Olivier Sichel. Un objectif est fixé : 700 territoires doivent être accompagnés dans leur diagnostic dans les six mois…
De même pour que puissent être coordonnées les actions de terrain, la Banque finance des postes de “manager de centre-ville”. Il s’agit de doter les villes qui ne bénéficient pas encore de telles compétences. : pour ce faire, la Banque des Territoires propose une subvention forfaitaire de 20 000 euros par an, pendant deux ans.
Mais derrière ces aides d’urgence, il ne faut pas se leurrer : les commerces traditionnels ne pourront pas longtemps, sauf à disparaître, faire une croix sur les solutions numériques pour leurs commerces.
Elles sont nombreuses, ces solutions numériques : la création de e-réservations et de click and collect, rassemblant les commerces, comme c’est le cas déjà dans de nombreuses villes ; voire aussi le paiement sans espèces et la création de monnaies locales ; voire encore la mise en place de sites de vente en ligne. Pour accompagner le mouvement, la Banque propose une subvention de 20 000 euros.
Voilà pour l’urgence.
Pour les mesures de fond que la Banque des Territoires qualifie de “temps de la relance”, les outils mis à disposition concernent l’accompagnement de nouveaux formats commerciaux comme la mise en place par exemple de solutions de logistique urbaine ou de livraisons respectueuses de l’environnement ; ou encore, le développement des circuits courts. Là 100 millions d’euros sont mis sur la table.
1,2 milliard avec effet de levier
Par exemple, la ville de Narbonne a lancé un “drive” pour maintenir l’activité de ses Halles avec la mise en place d’une plateforme numérique.
Le dernier outil, le plus lourd, passe enfin par la création de “ sociétés foncières de redynamisation” avec un objectif de rénovation de 6 000 commerces de proximité.
C’est simple : la foncière rachète des commerces, les remet aux normes, voire même en regroupe deux, voire trois pour en faire des magasins de plus grande superficie, pour les louer à des commerçants à des tarifs doux. Un outil lourd, mais qui a déjà fait ses preuves dans de nombreuses villes.
“Nous accompagnons le processus de A à Z, de la conception à la concrétisation du projet de foncière”, décrit Olivier Sichel qui met le paquet sur ce levier avec 6 M€ mobilisés pour les études préalables et 300 M€ mobilisés pour investir… Soit un effet de levier global évalué 1,2 milliard d’euros.
Tous les observateurs ont constaté que le confinement a provoqué un fort retour vers la proximité.
La réussite ou non de ce plan de sauvetage devra démontrer que cette vision est bien la bonne, il faudra vite le constater ; au risque de voir de 15 à 30 % des rideaux de magasins baisser à cause de la Covid-19 dans les villes moyennes….