400 millions d’euros avec l’effet de levier : présidé par Laurent Fiard, le « Fonds souverain » d’Auvergne-Rhône-Alpes est lancé
Lyon-Entreprises avait annoncé sa naissance. Sa gestation a été longue (six mois), mais c’est parti : Laurent Wauquiez a confirmé lundi 24 mars la naissance du fonds souverain d’Auvergne-Rhône-Alpes : officiellement dès le 1er avril. Dans un premier temps, il s’établira à 100 millions d’euros avec un multiplicateur de 4 espéré pour les entreprises. Mais pour le président de la région, ce ne serait là qu’un début : son importance devrait croître au fil des années, notamment en drainant dans un 2ème temps l’épargne des Auralpins : une demande va être effectuée en ce sens auprès de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF)…
On sait que pendant le confinement le bas de laine des Français a considérablement gonflé : près de 200 milliards d’euros, soit près de 25 milliards en Auvergne-Rhône-Alpes. Et si une partie de cette épargne était investie dans les entreprises de la région ?
C’est le souhait qu’a exprimé Laurent Wauquiez, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes en annonçant le lancement officiel du Fonds souverain de la région. Le premier pour une collectivité régionale en France, mais pas le premier en Europe car déjà existant en Allemagne notamment où le fonds souverain du Bade-Wurtemberg est par exemple actionnaire de Volkswagen.
Premier « closing » à 100 millions
Le premier « closing » de ce premier fonds souverain de la région qui verra le jour le 1er avril, sera de 100 millions d’euros. « Nous nous attendons avec ce fonds à un effet de levier de 4, la signature de la région permettant l’arrivée de nombreux autres investisseurs pour accompagner les entreprises », précise Bertrand Rambaud, le président de Siparex, la société de capital-investissement lyonnaise qui gérera ce fonds : quatre gestionnaires lui seront dédiés à plein temps.
A quoi va-t-il d’abord servir ? Son premier objet est défensif : « D’abord protéger nos entreprises en sortie de crise : il interviendra en haut de bilan pour éviter qu’elles deviennent des proies », explique Laurent Wauquiez.
Mais il se veut aussi offensif : « N’oublions pas, grâce à cet outil financier la possibilité d’accompagner la modernisation de nos entreprises : il aura aussi pour rôle de les aider à grandir », ajoute de son côté le président de Siparex.
Il y aura deux types d’entreprises qui bénéficieront de ce fonds. La mode d’emploi a été détaillé par Bertrand Rambaud : « Il est d’abord destiné aux PME et aux ETI avec des tickets qui pourront s’échelonner de 3 à 7 millions d’euros, mais ça peut aller bien au-delà. Mais les TPE ne seront pas oubliées : elles feront partie de la cible avec des accompagnements pouvant aller jusqu’à 450 000 euros, ce qui est assez novateur… »
De nombreux parrains
Ce premier fonds souverain régional est à coup sûr loin du niveau de celui de la Norvège, assis sur le pétrole (1 000 milliards de dollars…), mais il est assurément né sous de bons auspices, vu la qualité de ses parrains.
Il est né d’une collaboration publique/privée. Si la région met au pot 25 millions d’euros (c’est déjà voté), on y trouve quelques-unes des principales banques de la place, du moins celles qui ont un fort ancrage régional : les caisses du Crédit-Agricole ; la Caisse d’Epargne d’Auvergne-Rhône-Alpes (avec celles de St-Etienne et de Clermont-Ferrand) ; mais aussi la Banque Populaire AuRA ; l’Auxiliaire, la mutuelle des métiers du BTP qui est née à Lyon ; mais encore Apicil, le 3ème acteur de protection sociale en France, mais le seul qui ait son siège en région ; ainsi que l’assureur Groupama et la Banque Publique d’investissement, la Bpi (*).
Mais à entendre Laurent Wauquiez présenter son dernier bébé, l’ambition qu’il porte devrait prendre encore plus d’importance à l’avenir.
Il entend d’abord augmenter au fils des années l’importance de ce fonds, sa force de frappe en quelque sorte, avec l’aide notamment des fonds européens.
L’argent des Auralpins sera sollicité
Il compte aussi pour ce faire sur l’argent des…Auralpins.
Il va demander en effet à l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) d’autoriser le fonds à lever de l’argent auprès du grand public. Et l’on sait qu’il y a beaucoup d’argent qui dort actuellement…
Ce n’est pas ce fonds à lui seul qui va permettre à l’économie régionale de rebondir très fort. Mais il devrait y contribuer. Et déjà s’il permet d’éviter à quelques pépites régionales de partir à l’étranger, ce serait déjà pas mal.
Enfin, dernier signal intéressant : ce fonds destiné aux entreprises qui prendra la forme juridique d’une SA est présidé par un chef d’entreprise, Laurent Fiard, le président de Visiativ, société spécialisé dans la transformation numérique des entreprises et ex-président du Medef Lyon-Rhône. A charge pour lui de « coordonner la politique d’investissement. »
Son ambition avoue ce dernier est aussi d’accompagner les entreprises à travers ce fonds souverain, « sur une vision stratégique… » Tout est dit.
Photo : Laurent Fiard
(*) Les participants de ce premier fonds souverain régional : la Région Auvergne-Rhône-Alpes (25 millions d’euros) ; la Bpi (10 millions) ; les cinq caisses de Crédit Agricole présentent sur le territoire de la région (10 millions) ; la Caisse d’Epargne Auvergne-Rhône-Alpes avec celles de St-Etienne et de Clermont-Ferraned (10 millions), la Banque Populaire AuRA (7,5 millions), l’Auxiliaire (5 millions) ; Apicil (1 million), Groupama (1 million), mais aussi le Medef et d’autres (500 000 euros)