A Lyon : la folie des cours de cuisine
Dopés par la profusion d’émissions gastro-cathodiques à la télévision, les cours de cuisine sont en pleine expansion. Lyon compte plus d’une dizaine de sociétés ou associations spécialisées. Les chefs en activité, souvent médiatiques, se sont aussi engouffrés dans la brèche, faisant partager leur riche expérience. Plusieurs milliers de Lyonnais suivent des cours tout au long de l’année. Et le phénomène est bien parti pour s’amplifier encore…
Ce n’est plus seulement l’affaire de bobos ou de retraités qui se font plaisir. Les Lyonnais et les Français de tous âges-très tôt même parfois- se sont mis aux cours de cuisine.
Il est vrai que les émissions de télévision axées autour de la cuisine ont accentué le phénomène. Mais pour Flavier Cormier, le responsable lyonnais du n°1 du créneau, « l’Atelier des chefs », installé rue Saint-Nizier dans la Presqu’île lyonnaise, il ne s’agit pas d’un simple phénomène de mode. C’est plus profond : « La cuisine est devenue en France un loisir comme un autre. On sent une vraie volonté et un vrai plaisir d’apprendre… »
Flavien Cormier peut le constater dans ses cours, depuis dix ans que « L’Atelier des chefs » s’est installé à Lyon.
Le leader lyonnais des cours de cuisine, né à Paris et par ailleurs installé dans toutes les grandes métropoles, a su s’adapter à la demande en offrant une palette de propositions chaque année plus large. Résultat : elles et ils sont plusieurs milliers à fréquenter les deux cuisines que cette société à installé en cœur de Presqu’île.
De 17 à 114 euros
Les tarifs sont étudiés pour n’oublier personne.
Il en coûte ainsi 17 euros, entre midi et 14 heures, pour se concocter un en-cas un peu sophistiqué réalisé avec un des deux chefs à plein temps de « l’Atelier ». Le même chef complète ce plat avec un dessert qu’il a lui-même confectionné. Au final, en deux heures, un cours de cuisine pour le prix d’un repas.
Pour ceux qui veulent aller plus loin : la totale à 114 euros. Le cours commence aux Halles Paul Bocuse oû, avec le chef, les élèves vont acheter les ingrédients pour le repas de midi. Le repas-gastronomique- est ensuite élaboré avec le même chef et complété par une dégustation de fromages. Pas follement cher, à l’arrivée, non plus.
Au passage, les élèves peuvent s’approvisionner en matériel semi-professionnel au sein de la boutique de « l’Atelier » ouverte par ailleurs à tous.
Cinq cours de cuisine sont ainsi donnés chaque jour à « L’Atelier des chefs ». « Nous avons également développé des cours pour les enfants, des cours d’œnologie, des cours en ligne… », liste Flavien Cormier
On retrouve ce même type de fonctionnement chez le n° 2 lyonnais, « l’Atelier des sens » (rue Garibaldi) ; voire même à l’Institut Paul Bocuse d’Ecully qui, lui aussi a développé tout un ensemble de cours, nettement plus chers et plus astreignants avec par exemple des ateliers découverte pouvant aller d’une demi-journée à trois jours ; voire au-delà.
On peut également citer Philippe Lechat qui donne des cours de cuisine au sein de son « Atelier de cuisine » installé aux Halles Paul Bocuse ; ou encore « Délicieusement vôtre » installé à Saint-Foy-lès-lyon. Et la liste est loin d’être exhaustive i
Les grands ou futurs grands chefs à leur tour…
Tel est donc le premier segment du marché des cours de cuisine, pour parler comme les hommes de marketing.
Un tel engouement ne pouvait laisser indifférent les grands chefs. Qui eux aussi donnent des cours, souvent plus onéreux, mais offrent la possibilité à leurs élèves d’entrer dans des cuisines prestigieuses et de se frotter aux plus grands. Et ça n’a pas de prix !
Peu de chefs désormais négligent ce second segment de marché. Qui fonctionne souvent en direct de grand chef à élèves. Mais qui s’organise aussi.
C’est ainsi que l’association loi de 1901 « Les Gastronomes de Lyon », créée par Danielle Pierrefeu met, depuis dix-neuf ans, en contact élèves et grands chefs, créant des événements comme le Trophée des gastronomes.
« J’amène les gens chez les chefs : nous tavaillons avec vingt-cinq d’entre eux », explique-t-elle : de Pierre Orsi à Gaëtan Gentil, à Matthieu Viannay, en passant par Christian Têtedoie, etc.
Moyennant une cotisation annuelle de 40 euros, on peut ainsi faire partie des privilégiés qui passeront un week-end dans une grande table à Courchevel avec cours, nuit, repas et spa pour 270 euros par exemple. Ou participer pendant deux jours non stop à des cours chez Guy Lassausaie (2 étoiles à Chasselay, Rhône).
Pour la créatrice de « Lyon Gastronomie », « Nos membres viennent pour les cours, c’est vrai, mais ce qu’ils recherchent d’abord et avant tout, c’est la convivialité. »
Bref, les cours de cuisine ne seraient qu’un prétexte pour se rendre la vie plus douce et plus fun ; bref pour donner un peu de douceur à un monde de brutes…