Adepte du “made in France”, le groupe textile Devernois (Roanne) placé en redressement judiciaire
La série noire continue dans les sociétés textiles et le prêt-à-porter qui figurent parmi les premières victimes du Covid-19. Après la Halle, Kidiliz (dont la régionale “Z” à Saint-Chamond), une nouvelle entreprise textile vient de se rajouter à la liste des dépôts de bilan : la Roannaise Devernois qui a été placée en redressement judiciaire et bénéficie d’une période d’observation de six mois. L’entreprise qui avait réussi à se redresser après quelques années difficiles a été cueillie à froid par la crise…
Comptant près de 80 magasins en propre dans l’Hexagone, la société Devernois (Roanne dans la Loire), spécialisée dans les vêtements féminins et les accessoires haut de gamme a la particularité de proposer des collections centrées sur la maille qui sont produites pour une bonne part dans ses propres ateliers à Roanne. Ce qui est loin d’être le cas chez tous les spécialistes du prêt-à-porter féminin qui ont plutôt tendance à importer à tout va.
Ce modèle vertueux va-t-il connaître un coup d’arrêt ?
Le tribunal de commerce de Roanne a en effet placé le groupe Devernois et sa filiale de distribution Sofrade SAS en redressement judiciaire, avec une période d’observation de six mois.
Les dirigeants du groupe restent malgré tout optimistes, même si la société présidée par Thierry Brun a joué de malchance.
En fait, les difficultés de l’entreprise ont débuté avant le Covid, en 2018, obligeant Devernois à mettre en place un plan de restructuration dès cette date. L’objectif était alors de “ recentrer son activité sur des formats de distribution rentables et sur une offre produit répondant aux attentes de sa clientèle”, en l’occurrence l’offre la plus originale et la plus recherchée, celle des articles en maille tricotés dans ses propres ateliers roannais…
Fermetures de magasins
L’entreprise est donc montée en gamme tandis qu’une quarantaine de magasins déficitaires avaient dû alors être fermés.
Ce plan de transformation de l’entreprise apparemment bien étudié avait commencé à produire ses effets dès le deuxième semestre 2019, avec un retour à une progression du chiffre d’affaires, malgré un marché alors en régression. Mieux : la direction s’attendait à un retour dans le vert dès l’exercice 2020.
On sait ce qu’il est advenu, le Covid-19 est passé par là avec une fermeture de tous les magasins pendant deux mois lors du premier confinement, ceux-ci ne réouvrant qu’à partir de la mi-mai.
Pour tenir le coup, le groupe a négocié et obtenu auprès de ses partenaires bancaires, mais aussi de BPi France et de son actionnaire principal, 3,7 millions d’euros de financement pour regonfler une trésorerie mise à mal.
Le deuxième confinement a lui à nouveau plombé l’entreprise : de 2 millions d’euros.
Il n’y avait plus d’autre choix alors pour la direction que de déposer le bilan du fleuron du textile ligérien, ainsi que de sa filiale de distribution Sofrade SAS, auprès du tribunal de commerce de Roanne, les autres sociétés du groupe n’étant par ailleurs pas concernées par la procédure.
Période d’observation de six mois
Ainsi, depuis le 3 février les deux principales sociétés du groupe textile qui représentent un chiffre d’affaires de 22,7 millions d’euros et emploient près de 200 salariés, sont en redressement judiciaire pour une période d’observation de six mois.
Du fait que tous les éléments du redressement sont désormais mis en œuvre, Thierry Brun, le représentant de la troisième génération de dirigeants de cette entreprise bientôt centenaire (en 2027) se déclare confiant quant à l’avenir de la société qu’il dirige.
« C’est loin d’être la fin de l’histoire », a-t-il assuré à nos confrères de France Bleu Saint-Etienne/Loire.
Thierry Brun table sur le savoir-faire historique du groupe qu’il a su conserver dans ses propres ateliers, un atout en cette période de goût prononcé des consommateurs pour le made in France.
Pour l’heure, donc, les emplois (320 salariés sur l’ensemble du groupe) ne sont pas menacés.
Le cours de Bourse de Devernois quant à lui a logiquement souffert de ces difficultés. A 27 euros l’action, il recule de 28 % depuis le 1er janvier et de près de 40 % sur un an. Demain, une valeur de retournement ?