Alteca : la petite SSII lyonnaise qui veut devenir grande
Créée par un ancien cadre d’Unilog, la SSII lyonnaise Alteca aurait pu sombrer dans les crises qui ont marqué les quinze dernières années. Non seulement, elle est toujours là, mais son Pdg, Jean Mougin, vise le millier de salariés à l’horizon 2016. Il est vrai que cette société informatique de 400 personnes actuellement, croît depuis sa création en 1996, au rythme de 10 à 12 % l’an. Pas de quoi faire faire peur à Cap Gemini ou Sopra, mais cette stratégie lui permet de s’imposer dans le métier et de bénéficier d’une taille critique lui permettant d’attirer de plus gros clients.
La SSII Lyonnaise Alteca qui fête cette année ses quinze années d’existence devrait embaucher 120 informaticiens pour atteindre les 400 salariés. Une taille qui l’amène à se distinguer désormais dans le paysage informatique régional : elle a réalisé l’année dernière un chiffre d’affaires en hausse de 20 % à 21,1 millions d’euros.
Jean Mougin (ingénieur Insa Lyon), toujours détenteur de 90 % du capital, l’homme qui, touché par le virus de l’entrepreneuriat, l’a créée en 1996 après avoir travaillé seize ans chez Unilog, voit assez rapidement ses effectifs s’établir à 500 salariés ; puis à mille à l’horizon de son vingtième anniversaire, en 2016.
Au rythme où elle progresse, Alteca est bien capable d’y arriver. Elle a su surmonter au cours de ses quinze années d’existence, les crises qui n’ont pas manqué de l’ébranler. « Ce fut parfois très dur, mais nous avons alors réduit la voilure et réussi à passer la tempête », reconnaît Jean Mougin.
Le parcours d’Alteca qui s’est établi en croissance moyenne de 10 à 12 % , n’a, bien sûr pas été linéaire, des périodes de forte croissance succédant à des périodes de repli.
Ce parcours ascendant a été aussi permis par des opérations de croissance externe : ainsi, la reprise de la branche ingénierie du groupe lyonnais Proval en 2004, l’a amené à intégrer 90 informaticiens supplémentaires.
Bis repetita en 2010 et 2011, le développement organique a été et sera accentué par deux opérations de croissance externe : la société Data Surf, reprise en fin d’année 2010 à la barre du Tribunal (1 million d’euros de chiffre d’affaires, 20 personnes) ; puis la société parisienne Stratners (20 personnes et 1,6 million d’euros de chiffre d’affaires), reprise en janvier 2011.
Deux société basées à Paris qui hissent les effectifs d’Alteca dans la capitale à 50 personnes et permettent à l’entreprise de développer son business en région parisienne, « un marché fermé, difficile pour une société non issue du sérail, mais maintenant, ça va mieux », reconnaît Jean Mougin qui vise le même chiffre d’affaires en région parisienne qu’actuellement en Rhône-Alpes.
Outre Paris et Grenoble, la société a ouvert des agences à Lille, Dijon et Nantes. Elle devrait s’implanter à Toulouse en 2012.
Comment cette société qui a été créée à partir d’un noyau de sept personnes en avril 1996, qui est devenue rentable après neuf mois d’existence seulement, a-t-elle réussi ce parcours plutôt flatteur ? Et a pu, de surcroît, rester indépendante alors que beaucoup de ses consœurs ont été rachetées par plus grandes qu’elles ?
Elle a su manifestement, dès le départ bien choisir ses principaux axes stratégique, en essayant de développer un savoir-faire le plus complet possible, autour des projets de gestion du système d’information des entreprises ou organismes qui s’appuient sur leur informatique pour développer leur compétitivité. Ses points forts : la grande distribution (Casino, Carrefour, Leader Price, mais aussi la banque (Crédit Agricole et Banque Populaire), sans omettre Michelin.
Pour l’heure, Jean Mougin n’a pas succombé aux sirènes de la délocalisation. « Ce qui est perdu en coût salarial est gagné en qualité, on échange dans une langue unique et en absence de retour pour mauvaise qualité », décrit-il.
Mais la dureté du marché l’amène désormais à faire évoluer son langage : « Il n’est pas dit que nous ne soyons pas contraints à l’offshore pour des raisons de compétitivité, voire de survie ! » Mais de préciser : « Dans nos métiers, il y a cependant des limites : tout ne peut pas être traité à l’étranger. » Pour l’heure, près de 15 % du business informatique français est traité hors de France : en Inde, dans les pays de l’Est, au Maghreb. Mais demain ?
Photo : Jean Mougin, le créateur et Pdg d’Alteca : « Ce qui est perdu en coût salarial est gagné en qualité. »