Après la Chine, Seb lorgne le marché indien
Le spécialiste du petit électroménager Seb, qui devrait cette année approcher les 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires, serait sur le point de prendre le contrôle de l’indien Maharaja Whiteline, selon des informations de la presse indienne. Rien d’étonnant, après s’être fortement implanté en Chine, suite au rachat de Supor, la société d’Ecully (Rhône) entend bien poursuivre son développement dans les pays émergents. Et l’Inde constitue une cible de choix. Présente surtout dans le nord du pays, Maharaja Whiteline pourrait constituer une belle porte d’entrée permettant à la société dirigée par Thierry de la Tour d’Artaise, de se développer sur l’ensemble de la péninsule indienne.
Conformément à son plan de marche détaillé lors de sa dernière assemblée générale, Seb avance désormais ses pions en Inde. Selon la presse indienne, le groupe rhônalpin aurait trouvé une porte d’entrée et serait dans la dernière étape des négociations pour acquérir environ 55 % de la société Maharaja Whiteline qui possède soixante produits dans dix-huit familles, du grille pain à la bouilloire électrique ou encore au « cuit-riz », spécifique à l’Inde. Une société solidement installé dans le nord de ce pays, le deuxième le plus richement peuplé au monde après la Chine. Ce rachat serait assorti d’une possiblité de renforcement ultérieur pour le Groupe.
Pour s’emparer de l’un des spécialistes locaux des articles culinaires, Seb serait prêt à débourser trois fois le chiffre d’affaires de l’Indien, estimé à 22 millions d’euros pour l’exercice 2010-2011 et anticipé à quelque 35 millions pour l’année comptable en cours qui s’achèvera fin mars : cette forte croissance illustre un marché tiré une classe moyenne en pleine expansion.
Cher, certes, par rapport au ratio d’acquisition d’une autre opération de rachat récente, celle de Maya Appliances par Philips, réalisée en janvier sur la base d’une fois les ventes du propriétaire de la marque Preethi ; mais pour Seb, le jeu en vaut sans aucun doute la chandelle. Ce rachat offre au leader mondial du petit électroménager un ticket d’entrée sur ce marché en forte croissance.
« Le prix évoqué peut paraître élevé, mais largement à la portée de Seb qui dispose d’une force de frappe d’1 milliard d’euros », affirme Stéphanie Lefebvre, une analyste financière chez Gilbert Dupont, dans une note rédigée sitôt l’annonce de cette opération.
D’autres observateurs constatent que l’autre atout de cette opération de croissance externe indienne, si elle se confirme, est la proximité des produits vendus, avec ceux commercialisés par Seb dans le monde et susceptibles d’offrir des synergies intéressantes.
Très fragmenté avec des fabricants locaux comme Bajaj ou Ken ou le Néerlandais Philips, le marché indien du petit électroménager, est actuellement estimé entre 800 et 900 millions d’euros. L’acquisition de Maharaja Whiteline permettra à Seb, déjà présent en Chine, en Colombie et au Vietnam, de poursuivre, de manière importante, son maillage des pays émergents.
En Chine, le spécialiste du petit électroménager vient d’aileurs de voir le ministère du commerce, l’autoriser à monter à hauteur de 73,1 % dans le capital de la société rachetée en 2007 : Supor, la famille fondatrice conservant 12,5 % des actions. Un rachat qui représente pour le Groupe un coût de 400 millions d’euros.
Ces zones émergentes comptent pour près de la moitié du chiffre d’affaires de Seb qui emploie désormais dans le monde 25 000 collaborateurs. Sur les neuf premiers mois de l’année, celui-ci s’établit à 2,65 milliards d’euros, en hausse de 8 %, mais de 14 % pour les pays émergents (-1,9 % pour la France).
Sachant que le dernier trimestre tire traditionnellement les ventes de l’entreprise rhônapine, le cap des 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires (3,65 milliards, lors du dernier exercice) pourrait bien être atteint, ou à tout le moins approché, cette année.