Après l’avoir redressé, Alain de Krassny vend le chimiste lyonnais Kem One au Fonds américain Apollo
Ce n’était pas gagné d’avance, mais il avait réussi cette gageure. Alain de Krassny, 79 ans, président du chimiste Kem One dont le siège est basé à Lyon avait réussi à redresser cette entreprise, en redressement judiciaire en décembre 2013. Il vient d’annoncer son intention de céder l’entreprise aux fonds d’investissement gérés par les filiales d’Apollo Global Management avec lesquels il est entré en négociation exclusive.
Après avoir réussi le retournement de Kem One, grâce à d’importants investissements, Alain de Krassny estime que l’entreprise a tous les atouts pour poursuivre sa croissance sous la houlette des fonds Apollo.
Ce projet de cession devrait être finalisé d’ici la fin de l’année. Alain de Krassny cède 100 % de ses actions.
Avec 1 400 salariés et 8 sites industriels implantés en France majoritairement et en Espagne, Kem One est aujourd’hui un producteur de premier plan en Europe pour la fabrication de PVC – utilisé principalement dans le bâtiment, l’emballage et les applications médicales – et de soude caustique.
Il faut bien reconnaitre que sous l’impulsion de son repreneur, Alain de Krassny, Kem One a réalisé un retournement spectaculaire, fruit d’une stratégie de long terme mise en œuvre à partir de 2014, afin d’améliorer la qualité et la fiabilité de ses productions, sa compétitivité et de diminuer son impact environnemental.
Cette stratégie s’est appuyée sur un programme d’investissement ambitieux, auquel elle a déjà consacré plus de 500 millions d’euros, avec trois investissements stratégiques dont la conversion de l’électrolyse chlore-soude de son usine de Lavéra, mise en service en 2017 ; la construction d’un terminal de stockage éthylénier sur son site de Fos-sur-Mer, dont l’achèvement est prévu fin 2021 ; et enfin la conversion de l’électrolyse de Fos-sur-Mer, lancée dans les mois à venir et qu’Apollo, une fois la cession effectuée, compte réaliser.
Alain de Krassny, président de Kem One, s’estime : « très fier de ce que nous avons accompli depuis fin 2013. Aujourd’hui, Kem One a des fondations solides. Je suis convaincu que les ambitions d’Apollo permettront d’accélérer le développement de Kem One. »
Ce n’est pas exactement l’avis des syndicats de l’entreprise qui affichent leurs craintes sur la réputation de ce Fonds qui n’a pas toujours conservé longtemps ses acquisitions, soupçonné d’avoir d’abord une logique financière. Les syndicats vont donc lors du processus de consultation qui va s’engager, tenter “d’obtenir des garanties industrielles et sociales”
Du côté d’Appolo on se veut cependant rassurant. Ainsi, pour Samuel Feinstein, associé chez Apollo : « Alain de Krassny a fait de Kem One l’un des principaux producteurs de chloro-vinyles en Europe. Nous sommes très enthousiastes à l’idée de nous appuyer sur ce qu’il a construit et de poursuivre le développement de l’entreprise, que ce soit par la conversion de l’électrolyse de l’usine de Fos-sur-Mer, dans le but d’améliorer les coûts de production et l’efficacité énergétique, ou par les nombreuses possibilités de croissance interne que nous entrevoyons. Chez Apollo, nous avons une longue expérience de l’industrie et nous serions ravis de mettre à profit notre expertise et notre capital pour soutenir l’équipe talentueuse de Kem One dans cette nouvelle phase de croissance. »
Les termes financiers de la transaction n’ont pas été communiqués.
L’opération est soumise à l’approbation des autorités de la concurrence et des autorités réglementaires, ainsi qu’au processus d’information et de consultation des instances représentatives du personnel.
Photo: Alain de Krassny, 79 ans.