Atari : rien ne va plus, les quatre filiales américaines, puis la maison-mère déposent le bilan
Atari, l’ex-Infogrames qui a vu le jour à l’impulsion de Bruno Bonnell avant de se séparer de lui après la prise de contrôle par des fonds de pension va de mal en pis. Dernier épisode en date, les quatre filiales américaines ont décidé de faire sécession. Ne pouvant espérer de l’aide de leur maison mère française, elles se sont mises sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, espérant un sauvetage autonome avec l’aide d’un fonds d’investissement. La maison-mère française, vient de suivre.
Bruno Bonnell qui a rebondi depuis plusieurs années dans la robotique se refuse, lorsqu’on l’interroge, à évoquer l’entreprise qu’il avait créée à Lyon et dont il avait été éjecté : Infogrames. Il doit néanmoins être bien amer.
Devenue Atari après la prise de contrôle par des fonds de pension, l’entreprise semble désormais prise dans une trajectoire négative qui semble n’avoir pas de fin.
Pour preuve, le dernier épisode en date : les filiales américaines d’Atari ont annoncé lundi 21 janvier, avoir déposé le bilan.
L’objectif de la manœuvre est de couper les liens avec la maison-mère française, en proie à de sévères problèmes financiers.
Un chiffre d’affaires qui a fondu de 80 %
En novembre dernier, Atari avait annoncé un accord avec ses actionnaires et principaux créanciers (The BlueBay Value Recovery Fund Limited, et The BlueBay Multi-Strategy Fund Limited), avec deux augmentations de capital à la clef.
Une initiative qui avait fait long feu : l’éditeur de jeux vidéo annonçait fin décembre l’échec de ces négociations, et avouait qu’il n’était pas parvenu à trouver d’autres investisseurs pour lever des fonds. Les motifs invoqués par les actionnaires ? « Les conditions générales de marché et la nature complexe de la structure du capital et de la dette » ne sont pas jugées favorables.
En effet, au 30 septembre 2012, date de publication des résultats financiers du 1er semestre, Atari affichait une perte nette de 4,4 millions d’euros, alors que la société était encore profitable, un an plus tôt, à hauteur de 1,4 million. Atari qui lorsqu’il s’appelait Infogrames était l’un des grands mondiaux des jeux vidéo, voyait son chiffre d’affaires s’écrouler de 80 % n’affichant plus que 11 millions d’euros de chiffre d’affaires, celui d’une petite PME.
Le bilan a été déposé au tribunal de commerce de New York
D’où cette sécession, ultime possibilité pour ces quatre filiales (Atari Inc., Atari Interactive Inc., Humongous Inc. et California US Holdings) pour sauver ce qui pouvait encore l’être. Elles ont demandé à bénéficier de la protection ouverte par le chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, selon un communiqué qu’elles ont publié en commun.
«Par cette initiative, les opérations américaines d’Atari cherchent à s’émanciper du fardeau financier structurel de leur holding français de contrôle, Atari SA (anciennement Infogrames SA) et à se procurer des fonds de manière indépendante pour leur croissance future, essentiellement dans le domaine des jeux numériques mobiles », expliquent les filiales dans ce texte.
Le dépôt de bilan a été effectué auprès du tribunal de commerce du district sud de New York.
Les marques américaines d’Atari soulignent qu’elles sont devenues «un moteur de croissance» pour l’ensemble du groupe, grâce à leur recentrage sur les jeux numériques mobiles et les activités de licence.
Elles espèrent être aidées dans leur tentative d’émancipation par un financement de 5,25 millions de dollars apporté par le fonds Tenor Capital Management.
Cette sécession et le fait que ces filiales constituaient le vrai réservoir de croissance du groupe n’est pas de bon augure pour l’avenir de la maison-mère française qui doit se trouver bien esseulée.
Pour preuve, à son tour, cette même maison-mère a demandé au tribunal de commerce de Paris d’ouvrir en France une procédure qui a abouti à sa mise en redressement judiciaire.
Le cours de Bourse a été suspendu.