Avec la plateforme Gaya : Engie réussit une première mondiale de production de gaz renouvelable à Saint-Fons
L’opérateur énergétique a, avec discrétion, il faut reconnaître, réussi une première mondiale de production de gaz renouvelable à partir de déchets solides non recyclables, bois, papiers, pailles etc.
Et ce, sur sur sa plateforme de Recherche & Développement semi-industrielle Gaya à Saint-Fons, dans la Vallée de la chimie, lancée en avril 2016 et désormais opérationnelle.
La plateforme Gaya de l’énergéticien français Engie que l’on aperçoit lorsqu’on circule sur le périphérique lyonnais dans sa traversée de Saint-Fons vient de réaliser une première mondiale en produisant du gaz renouvelable à̀ partir de combustibles dits CSR, solides de récupération, en l’occurrence, bois de toutes sortes, papiers, pailles.
Onze partenaires
Piloté par le groupe Engie accompagné de onze partenaires (*), Gaya a pour objectif d’utiliser des bois secs émanant aussi bien de nos forêts que des scieries, par exemple ou de la paille, pour produire du biométhane de 2ème génération. C’est ce qu’on appelle la méthanation.
Les méthaniseurs en développement actuellement en Auvergne-Rhône-Alpes utilisent eux des déchets liquides ou humides (fumier, lisier, etc) qui, décomposés produisent du biométhane.
Le gaz vert produit à Saint-Fons lui, a pour but de produire à partir de ces matières “lignocellulosiques” séches un gaz directement injectable dans les réseaux actuels ou gaz, voire même directement utilisables dans les réservoirs des voitures utilisant le GNV.
Et ce, à un coût particulièrement intéressant puisque les études déjà effectuées montrent un rendement global attendu supérieur à 60 %.
Peu de procédés atteignent un tel niveau d’efficacité !
L’enjeu est donc à la hauteur de l’investissement : 60 millions d’euros dont la plus grosse part fournie par Engie, accompagné par 19 millions d’euros de subventions de l’Ademe.
L’investissement est lourd parce que la technologie est complexe : le bois est chauffé par de grosses chaudières pour agiter les chaînes moléculaires dans des conditions très particulières pour lui permettre de produire du biométhane, ce dernier est ensuite lavé.
Il s’agit là d’un « pilote », surtout destiné à tester en réel la technologie développée par les ingénieurs d’Engie et ses partenaires.
Ce pilote était destiné à expérimenter de futures usines de production de biométhane, bien plus grandes et qui devraient voir le jour au cours des années à venir.
Lors du lancement du projet, en 2016, la responsable du projet, Marie Bessières d’Engie assurait que « l’objectif est d’être compétitif par rapport aux autres énergies renouvelables et de faire émerger une véritable filière. »
L’an dernier, Gaya , démonstrateur semi-industriel construit par Engie pour défricher la filière du gaz renouvelable, avait enfin validé sa technologie protégée par dix brevets.
Avancée scientifique majeure
Gaya avait produit ses premiers mètres cubes de biométhane à̀ partir de déchets forestiers secs.
Et enfin, le mois dernier, Gaya a réalisé une première mondiale en produisant enfin du gaz renouvelable à̀ partir de combustibles solides de récupération.
Seul bémol, le procédé émet des gaz à effet de serre : sa performance pourrait varier en fonction de du type de déchets solides, ce qui reste à évaluer.
En tout cas, cette « avancée scientifique majeure », selon Engie, ouvre la voie, selon notre confrère Les Echos à la construction d’une unité industrielle au Havre.
Ainsi, le projet Salamandre pourrait, dès 2026, gazéifier près de 70 000 tonnes de déchets non recyclables par an, en produisant jusqu’à 150 GWh de gaz renouvelable, soit la consommation de 670 bus urbains.
En outre, la chaleur coproduite dans le procédé atteindrait 45 GWh, et sera utilisée pour répondre à des besoins de chauffage urbains ou industriels…
Reste à savoir si à terme, la Vallée de la chimie lyonnaise où le concept a été validé aura à son tour son “usine à gaz” produisant du biométhane…
(*) Le Centre de recherche et innovation gaz et énergie nouvelels (Grigen) ; le Centre Technique du Papier (CTP) ; l’Institut Technologique FCBA (Forêt Cellulose Bois-Construction) ; le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) ; le Centre de coopération internationale de recherche agronomique pour le développement (Cirad), l’Union des Coopératives Forestières (UCFF) ; le Centre de recherche d’Albi en génie des procédés du solide divisé, de l’énergie et de l’environnement ; le Laboratoire de génie chimique (LGC), le Laboratoire des réactions et de génie des procédés (LRGP) de Nancy ; la société Repotec ; ainsi que l’Unité de catalyse et de chimie du solide (UCCS) de Lille.