Grenette et République : le grand bouleversement
Scénario A ou B ? Lors de la concertation, un point a cristallisé les débats : la piétonnisation de la rue de la République au nord des Cordeliers, avec un report des bus sur la rue Grenette et les quais de Saône. L’hypothèse B avait pour corollaire la fermeture de ladite rue Grenette au trafic de transit, la voirie étant trop étroite pour maintenir une file de voitures. Cette option a été privilégiée par les élus, Grégory Doucet éventant ses vues lors de ses vœux en janvier.
La confiance est rompue
ont aussitôt réagi dix-sept associations dans un courrier rendu public, estimant l’annonce prématurée.
On a compris que le choix avait été fait en amont
décrypte Johanna Benedetti, vice-présidente de My Presqu’île, signataire.
Ce sont des gens qui ont une connexion, ne participent pas aux réunions et qui n’habitent pas forcément la Presqu’île ou Lyon !
Bernard Colombaud, président du comité d’intérêt local Centre-Presqu’île, raille une décision dictée sur la base d’une consultation Internet.
On nous a fait croire qu’on avait la possibilité d’influencer la décision mais cela n’a pas été le cas
peste Sidonie Verjat, membre du conseil de quartier Bas des Pentes-Presqu’île.
Le sentiment d’une participation biaisée est largement partagé.
Les trottoirs sont déjà assez large
Ce choix est critiqué par les habitants. La piétonnisation de la partie nord de la rue de la République ne présente, selon Sidonie Verjat, aucun avantage. “On n’a pas compris quel conflit d’usage cela résoudrait, d’autant que la rue est peu circulée et que les trottoirs sont déjà suffisamment larges”, dit-elle, admettant que l’absence de bus sur la place des Terreaux incitera peut-être les piétons à davantage la traverser.
“À part quelques banques et restaurants, il n’y a pas autant de commerces que sur la partie sud”, complète Olivier Barnet, du même collectif. “Ce changement amènera du bruit et de la délinquance”, pronostique Bernard Colombaud. Maire du 2e arrondissement, Pierre Oliver (LR) n’est étonnamment pas opposé à cette perspective.
La desserte de l’Hôtel de Ville pénalisée
Le débat concerne surtout la réorganisation des transports en commun. “Ces reports pénaliseront la desserte du quartier de l’hôtel de ville et supprimeront les correspondances entre des lignes de bus importantes et le métro C, dégradant fortement l’accessibilité de la Croix-Rousse”, indique la lettre des associations.
“On tue la desserte de l’hôtel de ville”, ajoute Bernard Colombaud, qui regrette le manque d’études d’impact. Lui aurait préféré que les lignes continuent à emprunter leur itinéraire habituel quitte à prolonger depuis les Terreaux vers l’ouest, via la rue Constantine, pour gagner en rectitude de circulation. Pierre Oliver propose de son côté un autre cheminement pour éviter cette fois la rue de la République : tirer tout droit depuis la rue Joseph-Serlin vers les quais du Rhône, en passant à l’arrière de l’opéra.
Un nouveau bus vers Part-Dieu
La maire du 1er arrondissement a également exprimé des doutes : “On a émis une inquiétude de ne pas amoindrir la desserte en transports en commun alors même qu’on demandait aux habitants de moins utiliser leur véhicule.” Yasmine Bouagga a identifié le problème de la connexion à la Part-Dieu, assurée aujourd’hui par le C3 (Vaulx–Saint-Paul). D’où l’engagement de la majorité à créer une ligne au niveau de la place Louis-Pradel, empruntant les quais du Rhône et le cours Lafayette.
Reste le C13 (Grange-Blanche– Montessuy via la Croix-Rousse) qui devra, du sud au nord, passer par la rive droite de la Saône (au niveau de Saint-Paul) avant de revenir vers le bas des Pentes et la rue Terme. Un crochet qui ne fait pas sens en termes d’itinéraire.
Yasmine Bouagga relativise les minutes perdues au regard de l’engorgement que subit aujourd’hui le bus aux Terreaux et rue d’Algérie.
Comment traverser la presqu’ile ?
Le passage des bus rue Grenette prive la Presqu’île de toute voie automobile de transit. N’y a-t-il pas un risque d’effet barrière, avec une agglomération coupée entre l’est et l’ouest ? Car il n’y aurait plus aucune rue traversante entre Bellecour au sud et le tunnel de la Croix-Rousse au nord. D’autant plus que sur ce dernier plane toujours le spectre d’un passage à 2 x 1 voie à la faveur de l’arrivée d’une liaison rapide, en bus ou tramway, entre la Part-Dieu et Écully.
Bernard Colombaud anticipe un report de trafic sur Bellecour et la place Antonin-Poncet. “Je ne veux pas que Bellecour devienne un centre d’échanges bis”, scande Pierre Oliver. “S’il y a report, est-ce que l’objectif d’apaisement est vraiment atteint ?” questionne Sidonie Verjat.
NOUVEAU LYON
Edition #67 Mai 2023
- Ours, Cobaty, AMO, Francs-maçons, cercle de l’Union… les réseaux lyonnais
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