Recrutements en berne et constructions au ralenti : BTP Rhône et Métropole tire la sonnette d’alarme
Manque de logements neufs : il y a « danger » pour la Fédération BTP Rhône et Métropole
C’est tout un secteur qui se ronge actuellement les ongles face à une situation qui perdure et s’aggrave. Mardi, la Fédération BTP Rhône et Métropole a mis en lumière le contexte et les problématiques qui minent ses activités. Et ce malgré une reprise proche du contexte d’avant crise sanitaire. Une crise pour le bâtiment à Lyon qui puise sa source dans plusieurs causes.
La première, qui anime déjà les discussions depuis plusieurs jours, c’est celle des constructions. « Le CECIM vient de dresser un panorama alarmant pour le marché du logement, explique dans un communiqué la Fédération. On constate depuis peu un ralentissement drastique des constructions neuves à l’échelle départementale et une hausse des coûts sans précédent. En cause selon le CCIM : la mise en oeuvre de politiques publiques non-alignées avec la réalité du marché. »
Vendredi 22 octobre, l’observatoire de l’immobilier avait en effet présenté des chiffres inquiétants déjà pour les promoteurs. Des 6000 en 2016, la Métropole a vu chuter ses mises en vente à 3600 pour 2021 dans le meilleur des cas. BTP Rhône et Métropole partage le constat du CECIM sur les causes de ce ralentissement. « En diminuant les fonciers disponibles et la constructibilité, et en freinant la délivrance de certains permis de construire, la politique du logement sur la métropole engendre cette situation », poursuit le syndicat.
Une politique qui, selon l’organisme, « entraîne une baisse des volumes de logements disponibles à la vente, une baisse des mises en vente, une raréfaction de l’offre et donc une hausse des prix des logements ».
Baisse de volume d’activité et envolée des coûts
Les effets pour les entreprises sont également très perceptibles. « Cela se traduit par une baisse du volume d’activité une concurrence exacerbée entraînant une pression à la baisse sur les prix », poursuit la Fédération. A contrario, les coûts, eux, explosent. Les produits à base de PVC augmentent de 50 %, l’acier de 68 % et le bois de 100 %.
Une envolée sur le front des matériaux qui pourrait fragiliser le secteur, et même plus encore que la crise sanitaire. « Certaines entreprises, voire certains métiers risquent de se trouver en difficulté d’autant que cette situation de prix très élevés devrait perdurer », ajoute BTP Rhône et Métropole. L’Insee présente des chiffres inquiétants concernant les tensions sur l’approvisionnement. Habituellement, 2 % des entreprises de plus de 10 salariés sont affectées dans leur production. Elles sont 13 % actuellement.
La Fédération observe également une hausse des coûts de l’énergie et de nouvelles obligations imposées par les politiques publiques. Elle vise la RE2020, une réglementation environnementale des bâtiments neufs. BTP Rhône et Métropole juge qu’elle « aura pour effet d’augmenter les coûts de construction. »
Dans ce contexte, Samuel Minot a présenté différentes pistes sur la base des demandes des entreprises. Il réclame notamment « l’indexation généralisée des marchés, le gel des pénalités de retard pour tous les marchés, la prise en charge intégrale de l’activité partielle découlant de problèmes d’approvisionnement et l’ouverture du droit à mobiliser immédiatement la créance de carry back pour les exercices clos jusqu’à fin mars 2022 ».
Toujours des inquiétudes concernant l’emploi et la formation
Si une reprise a bien eu lieu entre le premier trimestre 2020 et le premier de 2021, c’est malheureusement celle des offres d’emploi dans le BTP. Dans le département du Rhône, les instances publiques en ont dénombré 40 % supplémentaires. Soit plus de 6800 offres au total. Une preuve pour la Fédération que le recrutement demeure en difficulté.
Surtout lorsque l’on met en parallèle ce chiffre avec ceux de 2008 : à l’époque, le Rhône comptait 2900 demandeurs d’emploi dans le BTP. Aujourd’hui, l’intérim représente 6546 emplois sur les 52 107 salariés du secteur. C’est une progression de 32,7 % sur un an.
Ces pourcentages mis bout à bous « inquiètent grandement les professionnels du secteur qui peinent à comprendre pourquoi les recrutements s’avèrent difficiles. »
« Offres et demandes sont bien là et pourtant le nombre de postes à pourvoir ne cesse d’augmenter, commente Samuel Minot. C’est pourquoi nous avons décidé de travailler de concert avec Pôle Emploi afin de les former davantage à nos métiers. Nous avons également renforcé nos opérations sur le terrain afin d’aller au-devant du grand public. Enfin, nous nous félicitons de continuer à remplir nos centres de formation, qui voient chaque année de nombreux jeunes se former aux métiers du BTP. »