Budget : la Région veut maintenir en 2011 ses investissements à 680 millions d’euros
Pour le premier budget de sa nouvelle mandature, Jean-Jack Queyranne, président de la Région doit résoudre la quadrature du cercle. Ses ressources n’augmenteront pas et il entend bien maintenir les priorités qui ont été celles du premier mandat : formation, solidarité, développement économique ; tout en accentuant la politique de développement durable. Le moyen ? Des « redéploiements » budgétaires. Cela signifie que l’argent sera affecté là où il présente la plus grande efficacité. Le recours à l’emprunt sera poursuivi, voire même accentué. Via « une gestion prudente, mais performante » Car le président de la Région l’assure : « il n’augmentera pas la fiscalité. »
Des différentes collectivités, la région est celle qui en pourcentage de son budget, investit le plus. A l’heure où la Fédération du BTP s’inquiète fortement pour les investissements publics 2011, son budget a un effet d’entraînement évident sur l’économie régionale.
Evoquant les orientation budgétaires de la Région (mais sans vote) pour l’année au cours de l’assemblée plénière des 21 et 22 octobre à Charbonnières, Jean-Jack Queyranne a immédiatement affirmé sa volonté de maintenir l’investissement du même niveau que celui consenti en moyenne lors du dernier mandat, soit 680 millions d’euros.
S’agissant le plus souvent d’investissements croisés, cette somme, d’après les calculs de la région devrait générer près de 2 milliards d’euros de travaux et de commandes auprès des entreprises rhônalpines, « c’est-à-dire l’équivalent de 20 000 emplois ».
Ces travaux devraient notamment se ventiler de la sorte : 240 millions d’euros pour la construction, la réhabilitation, l’équipement et la maintenance des lycées ; 140 millions d’euros pour les infrastructures de transport, 100 millions d’euros pour l’aménagement du territoire et 70 millions d’euros pour l’enseignement et la recherche.
Mais comment maintenir ce même niveau d’investissement, ainsi que les priorités affichées (formation, développement économique, solidarité), voire même accentuées (développement durable), alors que dans l’austérité actuelle, le budget restera étale ?
Augmenter la fiscalité ? Jean-Jack Queyranne s’y refuse. Et même s’il le voulait, il ne le pourrait pas ou peu : la collectivité régionale a de moins en moins de leviers sur ses propres ressources : il ne lui reste que le produit des cartes grises et une part de la TIPP (Taxe Intérieure pour les Produits Pétroliers) dont les barèmes ne seront pas modifiés en 2011. 90 % du budget régional est désormais constitué de dotations de l’Etat. En outre, la suppression de la taxe professionnelle coûte 15 millions d’euros à la Région.
La première solution va consister à serrer les cordons d’une bourse peu rebondie. Si elle ne parle pas de rigueur, mais de « budget responsable », Jean-Jack Queyranne va d’abord reconduire en euros courants ses dépenses de fonctionnement : les frais de personnel ne représentent que 12 % du budget.
Et va opérer ce que Jean-François Débat, vice-président chargé des finances appelle des « redéploiements ». Explication : « Nous allons bonifier la qualité de nos interventions pour les inscrire dans les objectifs les plus prioritaires. » En clair : l’argent sera mis là où on l’estime le plus efficace. Un exemple précis : les aides individuelles aux entreprises seront rebasculées sur les filières économiques, là où la Région pense qu’elles sont les plus efficientes. Bref, « il s’agit d’améliorer l’efficacité de l’euro investi ». Cela voudrait-il dire que ce n’était pas toujours le cas dans le passé ?
Enfin, le recours à l’emprunt sera poursuivi, voire même, si on lit entre les lignes, accentué. Puisque le texte soumis aux conseillers régionaux évoque « un recours à l’emprunt qui ne provoque pas une dégradation rapide du ratio de désendettement. » La Région Rhône-Alpes qui parle « de gestion de l’endettement prudente, mais performante » estime qu’il lui reste encore une marge : la dette par habitant représente 220 euros dans la région, contre 229 euros, voire 242 pour les plus peuplées pour la moyenne des autres régions françaises. Cette marge pourrait donc diminuer…
Photo : Le niveau d’investissement de la Région est susceptible de maintenir 20 000 emplois, dans le BTP notamment qui s’attend à souffrir en 2011.