Caisse d’Epargne Rhône-Alpes : pas de mariage à l’ouest, mais création d’agences spécialisées
Malgré son intitulé, la Caisse d’Epargne Rhône-Alpes n’est pas tout à fait rhônalpine dans la mesure où ses agences ne couvrent que cinq des huit départements de la région.
D’où ce vieux projet, d’une fusion avec l’autre Caisse, présente dans les trois autres départements : Loire-Drôme-Ardèche. Presque une Arlésienne.
Ce ne sera pas pour cette fois ! « La Caisse d’Épargne Loire Drôme Ardèche vient de voter contre ce projet », annonce en effet avec des regrets dans la voix, Yves Toublanc, président du conseil de surveillance de la Caisse d’Épargne Rhône-Alpes.
La Caisse d’Epargne Rhône-Alpes était en effet favorable à ce projet.
« Ce mariage présentait de nombreux avantages, notamment à l’heure où la réglementation nous impose de plus en plus de fonds propres et où nos organisations doivent viser sans cesse toujours plus de productivité. Nous aurions pu mettre en place de nombreuses synergies… », déplore Yves Toublanc.
Pour autant ce refus de mariage qui aurait eu du sens, c’est vrai, n’obère pas l’avenir de la Caisse d’Epargne Rhône-Alpes qui du haut des 200 mètres de la Tour Incity où son siège est désormais installé, veut voir plus loin.
L’arrivée prochaine sur le marché de la banque de l’opérateur téléphonique Orange qui suscite de vraies craintes, celle des banques à distance, le développement des Fintech, etc. : cet environnement en forte évolution amène un virage stratégique au sein de cette banque généraliste.
Multiplier les Agences spécialisées
Ses dirigeants ont compris la nécessité pour s’ancrer encore plus dans son territoire et les filières, de multiplier les Agences spécialisées.
Il en existait déjà une : « l’Agence Montagne », basée à Chambéry, en Savoie. Elle prend du volume. Dotée d’une équipe, spécialiste du secteur qui adresse l’ensemble des « pros » de la montagne, elle propose des financements et des services bancaires adaptés aux particularités de la montagne.
Une forme d’organisation déjà ancienne qui permet à la Caisse régional de disposer d’un taux de pénétration de 83 % au sein des stations de ski des Alpes, avec des encours de l’ordre 300 millions d’euros.
Cette année, cette agence se dote d’une nouvelle organisation chapeautée par un directeur. « L’arrivée de ce nouveau manager permettra de rapprocher au sein d’une même station de ski par exemple, les intérêts de la commune, des offices du tourisme, du comité des sports, des professionnels et des entreprises », explique Didier Bruno, membre du directoire en charge du développement.
Deux autres agences spécialisées vont être créées sur le même modèle qui apparamment fonctionne bien : une « Agence Santé » et une « Agence Economie Sociale et Solidaire ».
Basée à Lyon, la première s’intéressera « à l’ensemble des acteurs de l’écosystème de la santé : du secteur hospitalier, au handicap, en passant par l’ambulatoire, l’aide à domicile, les laboratoires et les maisons de retraite… » Les entreprises privées du secteur de la santé, telles bioMérieux ou Sanofi, par exemple, sont exclues de son périmètre. Sauf les start-up : les Medtechs et les Biotechs, nombreuses dans la région sont associées à l’Agence.
Il s’agit avec cette agence, « de développer une vision globale de la santé et de décloisonner les parcours clients. »
Lorsque l’on regarde les chiffres, on comprend mieux cette démarche de la Banque : ce secteur pèse bon poids au sein de la Caisse, 1,5 milliard de collecte pour 600 million d’euros de crédits.
L’ESS, secteur d’avenir
Dernière agence créée en ce début d’année : l’ « Agence Economie Sociale et Solidaire ». On sait que ce secteur pèse déjà dans la région dix pour cent des emplois. D’après de nombreux observateurs, son poids pourrait bien encore croître à l’avenir pour peser jusqu’à 20 % du PIB.
Cela n’a pas échappé à la Caisse d’Epargne Rhône-Alpes qui rassemblera au sein de cette agence ses clients de l’écosystème ESS : associations, coopératives, mutuelles et autres fondations, mais aussi « une partie des sociétés commerciales respectant certaines conditions comme par exemple l’utilité sociale ou la gouvernance démocratique. »
Objectif : « être en synergie d’expertise avec tous les acteurs concernés, décloisonner les parcours clients tout en assurant un accompagnement des acteurs locaux dans la mise en œuvre de leurs projets. »
Stéphanie Paix renouvelée à la présidence du directoire
Pas de doute, pour Stéphanie Paix, qui vient d’être reconduite pour cinq ans comme présidente du directoire de la Caisse d’Epargne Rhône-Alpes : « Il va y avoir de plus en plus coexistence entre la banque généraliste et la banque spécialisée. Nous devons passer de l’approche pyramidale à l’approche en réseaux… »