Campagne des élections présidentielles : un premier vainqueur, les…PME
La CGPME avait invité jeudi 8 mars à Lyon les représentants de six principaux partis politiques à présenter leur programme économique et notamment leurs propositions en direction des PME.
Du Front de Gauche au Front National, en passant par l’UMP, le PS, le MoDem ou les Verts, avec certes des tonalités différentes-et parfois quelques bémols- les propositions vont plutôt dans le sens du syndicat patronal dont les adhérents apparaissent désormais comme des acteurs reconnus, voire chouchoutés par les candidats. Un phénomène nouveau.
« Je dois bien reconnaître que cela n’a pas toujours été simple auprès de certains de mes camarades du Parti Socialiste. Mais je contaste que la conversion est faite. » Député PS de l’Isère, Geneviève Fioraso qui avant de faire de la politique a longtemps travaillé dans une PME grenobloise, n’a pas caché jeudi 8 mars devant quelques centaines de patrons de PME que son parti avait viré sa cuti.
Désormais pour le PS dont le candidat aspire à gouverner la France, les petits patrons ne sont plus des exploiteurs des salariés, mais un levier important pour faire bouger l’économie du pays. Dans le programme de François Hollande, les PME sont désormais reconnues et prises en compte.
Cette évolution, on a pu la constater jeudi 8 mars chez tous les partis politiques invités à Lyon par la CGPME Rhône-Alpes que préside François Turcas, pour évoquer la plolitique qu’ils envisagent à l’égard des PME et plus précisément répondre à cette question : « Comment dynamiser la croissance des TPE-PME ? »
La raison de ce virage, phénomène nouveau et récent s’explique dans les chiffres. Jean-François Roubaud, président national de la CGPME, présent lors de ce débat, rappela que « 2,4 millions d’emplois sur les 2,5 millions créés en France au cours des dix dernières années, l’ont été par les PME et TPE. » Et de se féliciter du fait que « Nos PME sont désormais reconnues commes les principales créatrices de richesse et d’emplois. »
Six représentants de candidats étaient présents pour débattre : Christian Estrosi, ancien ministre de l’industrie pour l’UMP ; Geneviève Fioraso qui fait partie du staff de campagne de François Hollande, pour le PS ; Jean-Jacques Jegou pour le MoDem ; le conseiller régional Cyril Kretzschmar pour Europe Ecologie les Verts ; Elisa Martin, également conseillère régionale pour le Front de Gauche et Bruno Desies, membre de la cellule économique du Front National.
Un point commun à tous ces candidats, en matière de fiscalité : ils veulent tous que les grandes entreprises soient plus taxées. « Nous avons besoin de rétablir une certaine justice ficale », explique ainsi Geneviève Fioraso. Christian Estrosi s’interroge : « Pourquoi les grands groupes qui devraient payer autant d’impôt que les PME, échappent à la législation et n’en paient en réalité que 8 % ? Parce qu’ils bénéficient d’un staff de juristes et peuvent se livrer à l’optimisation fiscale. C’est la raison pour laquelle nous voulons mettre en place un impôt sur les bénéfices des entreprises du CAC 40 ». « Pourquoi pas plus tôt ? Il a fallu attendre dix ans pour apprendre que les sociétés du CAC40 ne payaient que 8 % d’impôts », lui réplique Geneviève Fioraso.
Parmi les mesures que les candidats entendent maintenir figure le Crédit d’Impôt Recherche. Pour le PS qui veut même ajouter 200 millions d’euros à l’enveloppe qui lui est dévolue. Pour le MoDem, il doit être mieux réparti et ne doit pas bénéficier majoritairement aux grandes entreprises.
Les débateurs sont également d’accord pour mieux aider les PME à l’international avec une mesure simple : que les VIE (Volontaire International en Entreprise), ne soient pas obligatoirement bac +4 ou + 5, mais qu’ils puissent n’avoir pour bagage qu’un bac + 2.
On entendit également les termes d’ « Etat stratége » (PS), mais aussi de « culture du patriotisme pour défendre l’industrie nationale » (FN).
De son côté Jean-Jacques Jegou pour le MoDem souhaite « la suppression des seuils sociaux : nous crevons de cette histoire de seuil !» Un discours qui reçut l’assentiment de Christian Estrosi (UMP) qui reconnut que « l’effet de seuil est un frein considérable, notre objectif est de le supprimer à terme. »
Même le statut d’auto-entrepreneur qui n’est pas la tasse de thé des patrons de PME reçut le coup de grâce du PS : « Ce statut est catastrophique : il emmène un certain nombre de gens dans le mur ! »
Si une proposition ne fit pas l’unanimité, celle du représentant du FN de quitter l’euro, pour l’essentiel, les dirigeants de la CGPME ne purent ce soir là que boire du petit lait. Une bonne partie de leurs propositions, est adoubée par les candidats. Reste à savoir ce qu’il en sera lorsque le vainqueur passera au statut de dirigeant dans une situation qui on le sait, sera extrêmement difficile. En tout cas, ce soir là, les dirigeants de la CGPME ont pris date.
Photo (DR) : De gauche à droite, sur la photo, François Turcas (Président CGPME Rhône et Rhône-Alpes), Jean-François Roubaud (Président CGPME Nationale), Elisa Martin (Front de Gauche), Jean-Jacques Jegou (MoDem), Cyril Kretzschmar (Europe écologie / Les Verts), Christian Estrosi (UMP), Geneviève Fioraso (PS) et Bruno Desies (FN).