Celette : Azimuth choisi comme repreneur de l’ancien leader mondial du marbre automobile
Sans surprise, le Tribunal de Commerce de Vienne a confirmé jeudi 13 janvier le choix opéré par les salariés de Celette la veille de l’audience décisive : ce sera bien la société Azimuth qui reprend l’entreprise industrielle en difficulté. Elle correspond le mieux au cahier des charges posé par les juges consulaires : le repreneur avignonnais conserve 99 salariés sur 166, il bénéficie d’une solide trésorerie et maintient la fabrication des marbres automobiles à Vienne. Mais ce plan de reprise implique 67 licenciements, ce qui est très lourd. Gros plan sur cette entreprise menée par deux quadras : Pierre Nicolau-Guillaumet, président et Bruno Guerre, directeur général.
Après le duo Porco/Cribier les anciens repreneurs du groupe suisse Equinox éconduits par le tribunal de Commerce de Vienne pour cause de gestion calamiteuse, un nouveau duo va prendre très rapidement les rênes de Celette, l’ex-leader des marbres automobiles : Pierre Nicolau-Guillaumet, 47 ans et Bruno Guerre, 44 ans.
Ce sont les dirigeants du groupe Azimuth qu’ils ont créé, dont le siège social est basé à Avignon et qui est spécialisé dans la reprise d’entreprises industrielles en difficulté. « Si notre projet a été jugé crédible, c’est parce que nous avons passé beaucoup de temps à comprendre l’activité industrielle de Celette », explique Bruno Guerre, le directeur général d’Azimuth. Il est l’homme de terrain qui a défendu sur place le projet de reprise, d’abord devant le Comité d’Entreprise, puis devant les salariés de Celette qui ont plébiscité ce projet de reprise (par 60 voix sur 131), et enfin devant les juges consulaires.
Les dirigeants d’Azimuth l’ont emporté face à deux autres candidats : Celette South-Africa, le distributeur de Celette au Cap en Afrique du Sud qui malgré sa dénomination n’a aucun lien capitalistique avec la société viennoise et une triple alliance : FDR/FOG et le chinois Sinews qui s’étaient regroupé pour présenter un projet commun impliquant néanmoins un déménagement de l’entreprise à Saint-Priest.
Le repreneur choisi, Azimuth, est une holding opérationnelle rassemblant deux sociétés industrielles d’une cinquantaine de salariés chacune et réalisant ensemble 20 millions d’euros de chiffre d’affaires : « Mécanique Deville », et « Masson Marine ». Avec ses filiales étrangères (deux en Chine, une à Singapour, en Espagne et en Turquie), le groupe pèse au total 200 personnes.
Il rassemble deux sociétés du secteur de la mécanique : la première, basée à Aurec-sur-Loire, en Haute-Loire fabrique des composants mécaniques et prototypes ; la seconde installée près de Sens dans l’Yonne construit des boîtes de vitesse pour les bateaux.
L’exemple de la reprise réussie de cette dernière société a sans doute joué en faveur d’Azimuth. « La problématique de la reprise de Masson Marine était encore plus compliquée que celle de Celette, mais comme elle, elle possédait des produits technologiques, ainsi qu’une activité de niche », raconte Bruno Guerre. Et de préciser : « L’entreprise comprenait 140 salariés avant que nous la reprenions : nous avons dû nous séparer de près de 90 personnes, nous n’avions pas le choix, mais dès le premier exercice, nous avons réussi à réaliser avec eux et grâce à une forte implication du personnel, le même chiffre d’affaires qu’avant la reprise. »
Les deux dirigeants d’Azimuth estiment avoir les outils intellectuels et les moyens humains, avec 99 salariés (96 contrats repris et 3 contrats de cadres modifiés) pour relancer l’activité qui restera basée à Vienne. Au passage la plupart des cadres actuels sont licenciés.
Azimuth bénéficie d’une solide trésorerie : près de 9 millions d’euros selon les documents présentés au Tribunal de Commerce de Vienne. « Nous pensons injecter entre 500 000 et 1,5 million d’euros », précise Bruno Guerre. Il est vrai qu’après deux ans de gestion inadéquate des précédents repreneurs (le Groupe suisse Equinoxe), l’entreprise qui est au bout du rouleau a besoin d’une solide injection de capitaux. Les deux années perdues se soldent par 67 suppressions d’emplois, soit 40 % des effectifs de l’entreprise : lourd, très lourd.