Celette est en liquidation judiciaire, les candidats à la reprise affluent
Dans le feuilleton Celette du nom de l’entreprise de Vienne (Isère) qui a créé et développé en France le marbre automobile, vous en êtes sans doute resté à l’épisode Sud Africain. Rappelons les faits : sachant leur trésorerie exsangue, Bernard Cribier et Remi Porco, les dirigeants de la société suisse Equinox qui ont repris l’entreprise il y a un an et demi avaient signé un protocole d’accord avec leur distributeur sud-africain, Celette South Africa qui se proposait de racheter l’entreprise en prenant 80 % du capital, leur laissant 20 %.
Mais à la veille de l’utimatum signifié par le Tribunal de Commerce de Vienne, les dirigeants de Celette South-Africa ont jeté l’éponge, constatant que les chiffres qui leur avaient été fournis par les dirigeants d’Equinox étaient pires qu’annoncés. « Ils ne pouvaient (leur) faire confiance car ils n’ont pas rempli leur engagement », selon leur avocat, Me Mallet-Guy.
Face à une situation qui a trop duré, le Tribunal de Commerce de Vienne n’avait plus d’autre choix, le vendredi 15 octobre, que de mettre la société viennoise en liquidation judiciaire. En indiquant, dans les attendus que la société était en fait en cessation de paiement depuis le 1er janvier 2010 ! « Je dépose plainte comme chef d’escroquerie au jugement. Ils risquent cinq ans de prison de 375 000 euros d’amende », assure le président du tribunal, Pierre Sibut qui ajoute : « Cela fera le onzième délit pénal intenté contre les anciens dirigeants de Celette : le Tribunal de Commerce de Vienne a eu affaire à des escrocs !»
Ces derniers, Bernard Cribier et Rémi Porco ont quitté définitivement l’entreprise dès le jeudi 14 octobre.
Que va-t-il désormais se passer ? Un mandataire liquidateur, le Viennois Me Billioud, a été désigné par le Tribunal de Commerce de Vienne. Il sera secondé par Me Bruno Sapin, son confrère lyonnais, chargé de faire l’inventaire des biens de la société.
Cela ne signifie pas que l’entreprise va cesser toute activité. Le Tribunal de Commerce a, dans ses attendus, prononcé la poursuite de l’activité jusqu’au 1er janvier.
L’opération sauvetage a commencé. La suite s’annonce serrée, mais jouable. La trésorerie de l’entreprise est sans doute proche de zéro. Au cours du mois et demi à venir, c’est le fonds de garantie des salaires (AGS) qui réglera probablement les prochaines paies.
Ensuite, le Tribunal a donné un délai de deux mois-jusqu’au 15 décembre, donc- pour que les éventuels repreneurs posent leur candidature à la reprise. La liquidation ayant tiré un trait définitif sur les cinq millions de passif de l’entreprise, lesdits candidats semblent, cette fois, se presser autour de Celette qu’ils pourront racheter pour 1 euro symbolique. Il leur faudra néanmoins investir lourdement une fois à la tête de l’entreprise : du côté du Tribunal de Commerce, on évoque le chiffre de 10 millions d’euros. Seuls des groupes d’envergure pourront assumer de tels investissements.
Or, parmi ceux qui se sont approché du dossier, on trouve le Fonds lyonnais « Seconde Chance », composé d’investisseurs régionaux qui vient de reprendre Mecelec. On a aussi le principal concurrent de Celette, Car o Liner, une société suédoise, mais encore une importante entreprise chinoise, Zhuntai et un italien : « Capital Partner », un grand de la carrosserie industrielle. Sans oublier le sous-traitant sud-africain, Celette Sud-Africa qui reste sur les rangs et qui, pour prouver son engagement a mis sous séquestre auprès de ses avocats lyonnais (cabinet Jakubowicz-Mallet-Guy) la somme de 1,15 million d’euros qui étaient originellement destinés à renflouer l’entreprise.
Pour Pierre Sibut, le président du Tribunal de Commerce de Vienne, ces dossiers seront étudiés sur le plan économique, bien sûr, mais aussi social : « C’est ce dernier qui me préoccupe le plus. Les enjeux se joueront autour du mieux disant social », constate-t-il.
Celette emploie actuellement 166 salariés, particulièrement remontés à la suite de ce dernier rebondissement. Lors du jugement, ils manifestaient au pied du Tribunal. Pour exprimer leur profonde inquiétude.
Photo (DL) : Les salariés de Celette devant le Tribunal de Commerce de Vienne lors du jugement de liquidation.