Ces 16 entreprises régionales capables d’investir 4,8 millions d’euros pour le dernier tableau de Matisse
Au musée des Beaux-Arts de Lyon, le mot de mécénat ne sonne pas creux. Et “Le Club du musée Saint-Pierre”, l’association qui regroupe toutes les entreprises mécènes peut s’enorgueillir à intervalles réguliers de quelques belles prises, avec beaucoup de zéros derrière sur le chèque lors de l’acquisition.
Tel est le cas de la dernière œuvre en date, signé Matisse, c’est d’ailleurs sa toute dernière œuvre datant de 1951 et intitulée “Katia à la chemise jaune”.
Cette œuvre quelque peu énigmatique qui représente une femme assise sur un fauteuil et dont le visage est vidé de ses traits viendra compléter la déjà belle collection de tableaux de Matisse du musée : elle a été acquise auprès de la “Pierre and Tana Matisse Foundation”, basée à New York.
Le coût de cette acquisition : 4,8 millions d’euros.
Une telle acquisition n’aurait pas été possible sans de solides mécènes : seize entreprises de la Métropole ou de la Région Auvergne-Rhône-Alpes ont ainsi principalement participé à cette belle prise.
Les seize entreprises du Club du musée Saint-Pierre ont toutes pignon sur rue : Apicil, April, bioMérieux, Caisse d’Epargne Rhône-Alpes, Cic Lyonnaise de banque, Crédit agricole Centre-est, Descours et Cabaud, Fermob, Gl-events, Groupama, Mazars, Réel, Seb, Siparex, Sogelym Dixence, qui ont été accompagnées dans ce projet par 6ème Sens, ArchiMed, Axa, Desautel, Martin Belaysoud, Vicat. Toutes des ETI ou de grandes entreprises.
A elles 16, elles ont mis au pot 4,1 millions d’euros pour ce tableau ” classé œuvre d’intérêt patrimonial majeur”.
L’Etat a apporté de son côté 500 000 euros et la Ville de Lyon, 200 000 euros.
Une longue liste d’œuvres
“ Cette acquisition exceptionnelle célèbre dix ans de partenariat. Dix ans de belles découvertes et de
grandes émotions devant les œuvres dévoilées, dix ans de confiance réciproque pour la réalisation de projets parfois un peu fous, toujours exceptionnels “, se félicite Raphaël Appert, le directeur général du “Club du musée Saint-Pierre”, qui fédère donc toutes ces entreprises mécènes.
Il est vrai qu’en dix ans, ce club de mécénat peut se targuer d’avoir fortement enrichi les collections du musée lyonnais, avec deux œuvres de Pierre Soulages et une d’Ingres, deux toiles de Fragonard, un Poussin de jeunesse, le soutien aux expositions, Henri Matisse, “ le laboratoire intérieur” et “ Picasso Baigneuses et baigneurs” et maintenant l’ultime tableau de Matisse.
Patriotisme culturel
Tout a démarré en fait en 2009 par la création par le musée d’un “Fonds de dotation”, boosté par le succès alors très médiatisé de l’acquisition de “La Fuite en Egypte” de Nicolas Poussin.
“ Réunir des entreprises pour, au-delà d’une ambition financière, leur faire partager la vie d’un musée, ouvrir un dialogue sur nos modes de gestion et de management respectifs était une idée d’avant-garde”, estime Raphaël Appert, ravi de participer à cette aventure culturelle et financière.
En une période où la question du sens se pose aussi pour les entreprises, notamment à travers la RSE (Responsabilité Sociale et Environnementale”, il assure que “ l’engagement de nos entreprises mécènes fait écho à la question de notre utilité sociétale sur notre territoire.”
Et d’évoquer même, “une forme de patriotisme culturel en permettant que ces tableaux restent ou reviennent en France.”