Cette “grande rotation des travailleurs” qui explique les pénuries grandissantes d’emplois dans maints secteurs
Aux Etats-Unis, les médias l’ont appelé la “grande démission”. Dans une intéressante enquête fouillée et chiffrée le journal Le Monde préfére parler de “grande rotation des travailleurs” qui explique qu’un nombre grandissant de secteurs économiques connaissent des pénuries d’emplois. Il ne faut pas se leurrer : alors qu’on se rapproche du plein-emploi en Auvergne-Rhône-Alpes avec actuellement 6,3 % de taux de chômage (à la fin du 1er trimestre), le phénomène va perdurer. Les secteurs qui ne sauront poas évoluer continueront à avoir des problèmes d’effectifs…
Aux Etats-unis, près de 4 millions de salariés quittent leur travail…chaque mois ! C’est ce que les médias américains ont appelé “la grande démission”, conséquence de la crise du Covid-19. Des personnes que l’on ne retrouvent plus le plus souvent dans les statistiques.
En France, dans un enquête approfondie, le Journal Le Monde préfère parler de “grande rotation”.
Ces salariés qui quittent en nombre leur entreprise le font pour changer de secteur économique. On les retrouve dans les statistiques puisque le taux d’emploi, en l’occurrence le nombre d’actifs par rapport à la population totale n’a jamais été aussi élevé dans notre pays.
Les chiffres sont là : la crise du Covid a servi de révélateur : les salariés en France et on ne saurait leur jeter le pierre sont animés par une profonde quête de mieux. Près de 43 % des actifs envisagent de quitter leur emploi dans les deux ans pour rallier un travail qui pour eux a plus de sens, selon l’Agence Nationale des Conditions de Travail.
Au troisième trimestre 2021, les fins de contrat ont bondi de 14,4 % pour les CDI et de 22,8 % pour les CDD. Au plus haut depuis…2007.
450 000 salariés ont quitté l’hôtellerie-restauration
Dans l’un des secteurs les plus touchés, mais qui est loin d’être le seul, l’hôtellerie-restauration, 450 000 salariés présents un an plus tôt avaient quitté leur entreprise en 2021.
Idem dans la Santé. “30 % des infirmiers quittent la profession dans les cinq ans après avoir obtenu leur diplôme” indique ainsi le Syndicat national des professionnels infirmiers.
Même l’intérim est touché. Les intérimaires préférent changer de secteur, passant par exemple de l’aéronautique qui les a remercié pendant la crise, au BTP, sachant que dans ce dernier secteur ils retrouveront toujours du travail ; ou encore pour les mêmes raisons, de l’hôtellerie-restauration vers…la Poste !
C’est clair : les salariés français ne sortent pas massivement actuellement du marché de l’emploi, comme aux Etats-Unis, mais changent de secteur dans l’expoir de trouver un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, un meilleur salaire.
Tout le monde y passe : des cadres de trente ans, comme les quinquas jusq’aux salariés à faibles compétences. Un raz de marée.
Il n’est pas près de se tarir. Tout ce petite monde réagit de la sorte car il a eu le temps de réfléchir à sa trajectoire professionnelle pendant la crise du Covid, mais aussi parce que les salariés sont désormais en position de force.
Vers le plein-emploi
Si la courbe se prolonge, on devrait arriver assez rapidement au plein emploi en Auvergne-Rhône-Alpes, l’objectif du quinquennat réaffiché par Emmanuel Macron. Le taux de chômage est actuellement de 6,3 % dans la région. Les Economiste estiment qu’en France ledit plein emploi se situe à 5 %.
Cela signifie que les entreprises qui en nombre grandissant (près de ¾) souffrent de pénuries de personnel ne doivent pas tabler sur un hypothétique retour en arrière.
Pour réembaucher, retrouver et fidéliser du personnel, elles vont devoir faire des efforts, non seulement sur le plan salarial, mais aussi de la qualité de vie au travail, du management. Les DRH ont ainsi pris conscience que s’ils ne proposaient pas a minima deux jours de télétravail par semaine aux jeunes dipômés, ceux-ci ne jetteraient même pas un regard sur leurs propositions d’emploi…
Illustration : syndicat Force Ouvrière Auvergne-Rhône-Alpes