Cité de la Gastronomie à Lyon : après un 1er échec cuisant, un nouveau projet nettement moins ambitieux
Place au pragmatisme et à l’action collective avec les professionnels, notamment. Tel pourrait être résumé en substance, l’acte 2 de la Cité internationale de la Gastronomie installée au Grand Hôtel-Dieu au sein de la Presqu’île lyonnaise, après l’acte 1 qui a fini en crash retentissant. Un comité Rabelais présidé par le chef trois fois étoilé Régis Marcon va développer des animations, dégustations, colloques et autres expositions temporaires tout au long de l’année et c’est la Métropole qui va assurer les fins de mois…
Sous prétexte de Covid-19, la Cité de la Gastronomie qui avait ouvert ses portes au Grand Hôtel-Dieu, à Lyon, avait annonce sa fermeture définitive début juillet 2020, un an seulment après son lancement.
“ La Cité Internationale de la Gastronomie de Lyon a subi les lourds impacts engendrés par la crise sanitaire du coronavirus : devant ces difficultés, face à l’incertitude de l’évolution économique et touristique, nous avons pris la décision de pas rouvrir la Cité et d’arrêter définitivement son exploitation”, avait alors annoncé la Cité dans la torpeur de l’été dans un communiqué en forme d’épitaphe…
En fait, le coronavirus avait bon dos dans cette affaire et ce site qui devait servir de locomotive au Grand Hôtel-Dieu a plutôt fait office de boulet.
Les différents acteurs du plan de relance de la Cité présenté jeudi 2 septembre 2021 n’ont pas minoré l’échec.
Pas enthousiasmant, trop cher…
Les raisons de ce crash à 20 millions d’euros, coût de l’investissement, sont connues : il est apparu très vite que le choix de l’opérateur, l’Espagnol Magma Cultura, n’était pas le bon.
La scénographie de la “Cité de la Gastronomie”, très basique s’est révélée peu enthousiasmante, malgré le cadre extrêmement valorisant du Grand Hôtel-Dieu.
Enfin, les tarifs demandés aux visiteurs sont vite apparus prohibitifs vu la petite taille du musée ( 4 000 m2) : 12 euros la visite par personne, avec l’obligation de rajouter 12 euros supplémentaires pour la dégustation indispensable pour une Cité consacrée à la Gastronomie !
Prenant en compte cet échec, la Métropole avait décidé de reprendre la Cité de la Gastronomie en régie directe. C’est elle qui va assurer les fins de mois, à raison, selon Bruno Bernard, le président de la Métropole, d’au moins un million d’euros par an. Le montage qui avait été mis en place pour éviter que la collectivité finance le lieu est donc désormais bien fini.
La leçon a porté : l’un des principaux griefs mis en avant par les opposants au projet tel qu’il s’était dessiné à l’origine était l’absence quasi totale des professionnels et restaurateurs lyonnais dans la conception et la gestion du projet.
Désormais la Cité de la Gastronomie est pilotée par un Comité Rabelais qui rappelons-le a passé deux ans comme médecin au cours de son existence au Grand-Hôtel-Dieu. Il a même eu le temps d’y écrire Gargantua…
Régis Marcon aux fourneaux de la Cité de la Gastronomie
Présidé par Régis Marcon, le chef trois fois étoilé de Saint-Bonnet-le-Froid (Haute-Loire), ledit Comité Rabelais est composé d’une trentaine de membres parmi lesquels figurent “ le monde de l’agriculture, celui des métiers de bouche, celui de la la nutrition et du domaine médical : ce sera une force de propositions ”, explique Bruno Bernard.
Les mécènes toujours là
Une bonne nouvelle, les différents mécènes qui ont englouti dans le premier projet plusieurs millions d’euros ont annoncé qu’ils ne quittaient pas le navire en perdition.
C’est ce qu’a confirmé, le plus important d’entre eux, Thierry de la Tour d’Artaise, le Pdg du groupe SEB (petit électroménager).
Reste à définir ce que doit devenir la nouvelle Cité de la Gastronomie, mais là ce n’est pas encore pas très clair.
Manifestement, les membres du Comité Rabelais cherchent la bonne formule et ont décidé de mener des expérimentations pour redonner un second souffle au lieu. La nouvelle démarche sera donc pragmatique.
Régis Marcon évoque ainsi, “ l’organisation d’expositions temporaires, d’animations notamment en direction des enfants, de colloques, de séminaires…
Du côté des espaces existants, il explique que l’on verra naître un espace de coworking, un grand espace boutique qui ferait la promotion des territoires et enfin un espace cuisine que les professionnels aimeraient voir aussi évoluer vers la formation.
Bref, pas vraiment de fil conducteur, mais des animations qui seront organisées au coup par coup.
Mais quid alors de l’exposition permanente qui est toujours en place et que le précédent opérateur n’a pas démonté ?
Après l’échec, l’expo permanente n’a pas été démontée
Là aussi c’est un point d’interrogation.
“Tout est possible”
Reste que Bruno Bernard se donne deux ans pour remettre sur les rails la Cité de la Gastronomie de Lyon dont, seule certitude pour l’heure, le thème fondateur restera axé sur la gastronomie, la nutrition et la santé.
Le lieu va donc vivre à nouveau “avec des visites gratuites tous les dimanches et des animations au coup par coup”. On l’aura compris, l’ambition est fortement revue à la baisse…
Et l’on ne sait pas pour l’heure si subsistera une exposition et une animation permanente au sein de cette Cité de la Gastronomie à la cuisson décidément bien lente… “D’ici deux ans, tout est possible”, a conclu Bruno Bernard. Rendez-vous fin 2023…
Photo : de gauche à droite, Jeremy Camus, vice-président de la Métropole de Lyon, Régis Marcon, président du Comité Rabelais, Thierry de la Tour d’Artaise, le président de SEB et Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon.