Comment Stéphane Bancel, l’ex-directeur général de bioMérieux à Lyon a réussi à figurer parmi les 1ers fournisseurs du vaccin Covid-19
La bonne intuition. C’est à Davos, en janvier dernier que Stéphane Bancel a senti que la pandémie allait envahir le monde. Le Frenchie, Pdg de Moderna qu’il a rejoint aux USA après avoir tenu les rênes de bioMérieux, n’a eu aucun mal pour réunir les milliards de dollars nécessaires pour produire le vaccin contre le Covid-19, peu après Pfizer. La vision et l’argent, deux conditions qui se sont révélées cruciales.
Dans la lutte qui opposait Pfizer et Moderna, c’est Pfizer qui a le premier mis le pied sur la ligne d’arrivée, faisant bondir le CAC 40 de près de 7 %. En annonçant un vaccin efficace à 90 % (puis ensuite à 95 %) et en effectuant sa demande de mise sur le marché, Pfizer a devancé Moderna d’une semaine.
Le pari de “l’ARN messager”
Selon les estimations de l’OMS, il y a plus d’une centaine de sociétés dans le monde qui recherchent le vaccin qui nous débarassera de la pandémie. Et sur cette centaine, une dizaine seulement sont en phase 3, la dernière avant la mise sur le marché, nécessitant un essai du vaccin sur au moins 30 000 cobayes.
Et sur cette dizaine de candidats vaccins, ce sont donc Pfizer et Moderna qui ont pris une réelle avance sur le peloton, grâce au choix d’une technologie révolutionnaire pour la fabrication d’un vaccin, l’ARN messager. Il y avait là un vrai risque, car ces deux vaccins sont les premiers à utiliser l’ARN messager. Et ce n’est sans doute pas le dernier, Moderna en ayant une dizaine d’autres utilisant la même technique dans son portefeuille pour répondre à d’autres pathologies !
L’avantage du vaccin pour lutter contre le Covid-19 de Moderna par rapport à celui de Pfizer est logistique.
Non stabilisé, le vaccin de Pfizer nécessite d’être transporté dans des congélateurs spécialisés à – 72 degrés C. Celui de Moderna, utilisant une technique un peu différente, n’a besoin que de congélateurs classiques à – 20 C et peut être conservé un mois dans un simple frigo. Il sera fabriqué en Suisse pour l’Europe avec laquelle Stéphane Bancel finalise les dernières négociations. Les premières vaccination Moderna devraient s’opérer début janvier en France et en Europe si tout se passe comme prévu.
Et ce qui est intéressant, c’est que le patron de Moderna, à l’origine de ce succès est un Français originaire de Marseille, Stéphane Bancel qui pendant plusieurs années a tenu les rênes de bioMérieux à Lyon.
Directeur général de Biomérieux à seulement 37 ans, Stéphane Bancel avait décidé de quitter sa zone de confort en 2011 pour se lancer aux USA dans l’aventure de Moderna.
Centralien, c’est lors d’un stage chez bioMérieux à Tokyo que Stéphane Bancel fut repéré et embauché par le poids-lourd de la galaxie Mérieux, bioMérieux.
Ainsi, à 22 ans, il lance alors l’activité microbiologie industriel du groupe en Asie-Pacifique !
Suivront un MBA à Harvard, de nombreux postes chez le géant pharmaceutique américain Elli Lilly avant de devenir à 37 ans, le directeur général délégué de BioMérieux
Et ce, donc, avant de quitter Lyon pour s’installer sur la côte Est américaine et prendre la tête de Moderna Therapeutics.
Dès janvier 2020, Stéphane Bancel avait vu juste. Alors qu’il se trouvait à Davos, pour le Forum économique mondial, en croisant des somnités médicales, le patron de Moderna a été l’un des premiers à comprendre l’ampleur qu’allait avoir le coronavirus sur le monde. Il ne perd alors pas de temps et lance les recherches pour trouver un vaccin à marche forcée en s’appuyant sur la technologie qu’a développé Moderna, l’AEN Messager. Il y a onze mois de celà…
Deux paramètres ont fait la différence, la vision et la clairvoyance du patron de Moderna, et les dollars pour mener à bien cette recherche.
“Ce n’aurait pas été possible en France”
Installée à Boston, aux Etats-Unis, Moderna, sous la férule de Stéphane Bancel a pu en effet bénéficier très répidement de fonds très importants pour mener ses recherches alors que la société n’a toujours pas produit un euro de profit.
“La France et l’Europe ne manquent pas de scientifiques de talent. Ce qui manquent, ce sont les capitaux. Moderna a levé 5 milliards de dollars. Pour ça, il faut plus que du capital-risque comme on en a en Europe. Il faut du capital qui finance la croissance avec des investisseurs capables de mettre 500 millions dans un tour de table. Ce n’est pas possible en Fance”, a-t-il expliqué dans une interview aux Echos.
Aujourd’hui, la biotech américaine dont l’action est passée en un an de 20 à… 90 dollars, affiche actuellement une valeur de 11 milliards de dollars !
Bref, au vu du résultat, le Frenchie de Moderna a bien fait de traverser l’Atlantique !
Stéphane Bancel est désormais milliardaire : sa fortune est estimée à 2.9 milliards d’euros d’après Forbes.
En à peine un an, cet ingénieur a réussi à placer Moderna à la tête de la course au vaccin contre le Covid-19. Chapeau bas !