Le centre hospitalier de Givors sous tension : la Chambre régionale des comptes alerte sur la viabilité économique de l’établissement

Dans un rapport publié début avril, la Chambre régionale des comptes Auvergne-Rhône-Alpes dresse un diagnostic préoccupant sur la situation du Centre Hospitalier de Givors. Entre déficit structurel, gouvernance fragile et manque d’intégration territoriale, l’établissement de santé publique, situé à la lisière sud de la métropole de Lyon, voit son avenir mis en question. Une situation qui pourrait avoir des répercussions économiques bien au-delà du secteur hospitalier.
Un hôpital isolé, confronté à une dégradation continue de ses comptes
Le CH de Givors, qui dessert un bassin de population de 30 000 habitants, accuse un déficit structurel croissant depuis plusieurs années. À la fin 2022, sa situation financière s’est encore détériorée, avec un résultat déficitaire de plus de 2 millions d’euros, malgré des efforts de maîtrise des charges et un taux d’occupation moyen relativement élevé.
Selon la Chambre régionale des comptes, cette fragilité financière est accentuée par l’isolement de l’établissement dans l’organisation hospitalière régionale, ainsi que par un manque d’adaptabilité face à l’évolution des besoins de santé publique. L’établissement n’est pas intégré dans un Groupement hospitalier de territoire (GHT), ce qui le prive d’économies d’échelle et de mutualisation de certaines fonctions stratégiques (achats, systèmes d’information, ressources humaines).
Une gouvernance perfectible et des tensions avec les autorités de tutelle
Le rapport pointe également un pilotage interne déficient, avec une faible anticipation budgétaire, une gouvernance administrative cloisonnée et un dialogue souvent conflictuel avec l’ARS (Agence régionale de santé). L’absence de stratégie de transformation claire, notamment sur les activités médicales et médico-techniques, freine toute sortie de crise.
Les experts soulignent que les tentatives d’amélioration de la situation ont été trop fragmentées, sans vision d’ensemble ni projet médical structurant partagé avec les partenaires du territoire.
Un risque pour l’équilibre économique du sud de la métropole
Au-delà des enjeux de santé publique, la situation du CH de Givors soulève des interrogations sur son impact économique local. L’établissement emploie près de 600 agents, collabore avec de nombreux prestataires et fournisseurs régionaux, et constitue un acteur structurant pour la ville et ses communes voisines (Grigny, Saint-Romain-en-Gier, Loire-sur-Rhône…).
Une perte d’attractivité ou une réduction de ses activités pourrait avoir des conséquences concrètes sur :
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le marché local du travail, notamment dans les métiers paramédicaux et administratifs,
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les entreprises du secteur médico-technique (maintenance, équipements, sous-traitance),
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et plus largement, la vitalité économique d’un territoire périurbain déjà fragile.
Quelle coopération possible avec les acteurs lyonnais ?
Le rapport invite à envisager des formes d’intégration ou de rapprochement avec d’autres établissements de la région, notamment dans le cadre des GHT. Une piste naturelle serait une coopération renforcée avec les hôpitaux du Rhône Sud ou avec les Hospices civils de Lyon, dans une logique de répartition coordonnée de l’offre de soins.
Mais cette évolution suppose une volonté politique et administrative forte, de part et d’autre, ainsi qu’une clarté sur la place du CH de Givors dans le maillage hospitalier régional.
L’enjeu du maintien d’une offre de proximité
La population givordine est majoritairement issue des classes populaires et fait face à des difficultés d’accès aux soins. La disparition, même partielle, de certains services du CH de Givors pourrait accentuer les inégalités de santé territoriales, tout en saturant les urgences des établissements lyonnais.
La Chambre régionale des comptes préconise donc une restructuration stratégique, plutôt qu’une fermeture ou un simple plan d’austérité. Elle recommande la construction d’un véritable projet médical fondé sur les besoins du territoire et adossé à une gouvernance renforcée.