Conjoncture économique : le redémarrage était déjà lent et teinté d’inquiétudes, le couvre-feu ne va rien arranger…
Selon les toutes dernières données de l’Observatoire régional Covid des CCI d’Auvergne-Rhône-Alpes, on constate dans la région une situation d’économie à deux vitesses.
Près de 40 % des chefs d’entreprises sont en croissance de chiffre d’affaires ; mais 60 % sont encore dans une situation de recul de leur activité, dont un tiers avec une variation au-delà de -10%.
Deux difficultés structurelles persistent persistent en fait.
La première peut paraître paradoxale. Malgré la situation dégradée de l’emploi, les difficultés de recrutement touchent fortement près d’un tiers des entreprises, notamment dans les services et l’industrie !
En second lieu, l’allongement des délais de règlement et les impayés sont des causes de difficultés de trésorerie qui continuent de progresser.
Bref, les perspectives de sortie de crise sont décalées dans le temps. La plus grande part des entreprises s’attend maintenant à être impactée jusqu’au 2ème semestre 2021…
Ceux qui rêvaient d’une belle courbe en U, illustrant une bonne résilience de l’économie après le confinemen( vont être pour leurs frais.
Déjà quelques jours avant le couvre-feu, l’Insee d’Auvergne-Rhône-Alpes estimait que la conjoncture n’était guère engageante, observant “un redémarrage lent et teinté d’inquiétudes”.
Lesdites inquiétudes se confirment puisque le couvre-feu concerne 2,5 millions d’habitants, soit près d’un tiers de la population d’Auvergne-Rhône-Alpes (8 millions d’habitants), concernant ses trois principales métropoles de Lyon, Grenoble et Saint-Etienne.
L’économie semblait pourtant devoir repartir…
Pourtant, après la chute libre de l’activité en avril à la fin du confinement (- 31 % de croissance du PIB régional), l’économie semblait bien repartir avec un important rebond en mai (+ 18 %), confirmé le mois suivant, en juin (+ 9 %).
Les statisticiens de l’Insee avaient déjà noté un ralentissement en septembre à – 4 % du niveau d’avant-crise. Tout semblait concourir au retour d’un plateau du même niveau qu’avant la crise, mais las ! ; le couvre-feu qui touche les territoires les plus actifs et les plus riches de la région, met désormais à mal ce beau scénario !
Avant le couvre-feu, l’Insee régionale expliquait que “de nouvelles mesures pour lutter contre la propagation de la Covid-19 pourraient mettre à mal plusieurs secteurs d’activité, dont l’hébergement-restaurant et les activités récréatives et de loisirs”. C’est fait, même si les restaurateurs tentent de s’organiser pour minimiser les conséquences de ce qui s’apparente à une forme de confinement que l’on pourrait qualifier de “soft”.
Côté chômage, la situation qui s’arrangeait un peu risque donc de replonger, et notamment dans le secteur du tourisme très riche en emplois dans la région, à l’arrivée des vacances de la Toussaint.
En effet si le taux de chômage régional n’est que de 6,4 %, il s’agit “d’une baisse en trompe l’œil”, pour l’Insee, du fait d’une part du chômage partiel et d’autre part “le fait qu’un grand nombre de personnes sans emploi ont interrompu leurs recherches”.
C’est sans surprise le tourisme qui est le plus impacté. Ne parlons pas de la chute de 70 % du trafic de l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry et qui ne redémarre pas.
En juin, le reflux de fréquentation dans les hôtels était de 64 %, après avoir plongé de 90 % en avril et mai.
Une hausse de 18 % des créations d’entreprises
Un point positif à noter cependant dans l’analyse de conjoncture de l’Insee : un rebond des créations d’entreprises a été enregistré dès le mois de mai. De juin à août, elles se sont même intensifiées, soit 26 300 entreprises supplémentaires, un niveau plus élevé que lors de la même période de 2019 : + 18 % d’entreprises supplémentaires !
Autre bonne nouvelle, mais en trompe l’œil : les défaillances d’entreprises, mesurées en cumul sur douze mois, d’août 2019 à août 2020, restent en nette diminution, “du fait des reports de dépôt et de traitement des dossiers dans les tribunaux de commerce.”
Dès septembre, on a pu cependant noter une baisse de la consommation “en observant les montants agrégés des transactions par carte bancaire”.
On l’aura compris, pour la suite, l’Insee n’est guère optimiste : “une hausse du chômage du fait de la reprise des recherches d’emploi est à attendre en fin d’année…”