Conjoncture en Rhône-Alpes : après un passage à vide, l’activité devrait reprendre…mollement
La Commission européenne a revu à la baisse la croissance des Vingt-Sept qui devrait connaître cette année un léger recul. Parmi les quelques pays qui devraient surnager en 2012 : la France et l’Allemagne. Après la bonne surprise du 4ème trimestre 2011 (+ 0,2 %), l’activité devrait reprendre au cours du premier trimestre 2012. C’est en tout cas ce qu’assure la succursale Rhône-Alpes de la Banque de France. La bonne santé de l’Allemagne, notre premier client, nous est bénéfique. Seul bémol : à coup sûr, cette croissance sera molle.
« Le ralentissement pourrait être de courte durée, puisque les prévisions tablent sur une reprise de l’activité dès février ». Tel est le message plutôt encourageant qu’émet la succursale Rhône-Alpes de la Banque de France à Lyon dans sa dernière livraison conjoncturelle.
Selon cette dernière, « le niveau un peu faible des carnets de commandes et des stocks alourdis impactent négativement le taux d’utilisation des capacités de production. » La baisse est ainsi marquée dans la fabrication de denrées alimentaires et de boissons. Mais de pointer du doigt « l’amélioration dans la fabrication de matériels de transport à la faveur d’une demande étrangère dynamique. »
Prenons l’exemple de la sous-traitance automobile, très importante en Rhône-Alpes car représentant 28 % des effectifs du secteur. La Banque de France a noté « un afflux d’entrées d’ordres nettement plus important que prévu, permettant un rebond significatif de la production. » Mieux encore : « A la faveur de carnets de commandes correctement remplis, l’activité devrait encore progresser mais sans impact sur l’emploi. »
Du côté de la pharmacie, fort présente dans la région, « La demande et la production sont restées stables. Les carnets de commandes sont toujours bien garnis. » Là aussi les prévisions sont -relativement- optimistes : elles tablent « sur un maintien des prix et de l’emploi et une amélioration de l’activité. »
Il en est de même dans la grande majorité des secteurs industriels où « les prévisions restent positives, malgré le fait que la situation s’est dégradée au cours des mois passés ». Ce qui se caractérise par un sous-emploi des moyens de production à plus de deux points en-dessous des niveaux observés en janvier 2011, comme on peut le constater dans l’illustration ci-contre.
Quelle est la situation dans les services qui représentent près de 60 % du Produit intérieur brut régional ? Là aussi, la Banque de France Rhône-Alpes constate que « l’activité a nettement diminué en raison du repli de la demande ».
En revanche, cette diminution est constrastée selon les secteurs. L’ingénierie technique se maintient. d’autres segments, travail temporaire et hébergement annoncent un recul plus marqué sans prévoir de reprise à court terme.
L’informatique et, dans une moindre mesure, le transport, connaissent aussi une nette baisse. Pour autant, le directeur régional de la Banque de France pronostique là encore un rebond de l’activité dans les mois prochains, « mais sans doute pas à la hauteur des baisses d’activité constatées depuis quelque temps. »
Un troisième secteur joue un rôle important dans l’économie régionale : le Bâtiment. Là aussi la crise a interrompu la hausse des mises en chantier. En données cumulées sur douze mois, elles ont reculé en Rhône-Alpes (- 1,5 % soit un cumul annuel de 47 841 logements).
Sachant que le tiers des emplois de l’industrie sont tournés vers l’export, la balance commerciale constitue un autre indicateur important de l’activité. Pas de chute constatée, cette fois, du côté de l’Insee Rhône-Alpes, mais une stagnation.
L’Institut régional de la statistique a constaté un léger recul (-1,2 %) des exportations au 4ème trimestre trimestre 2011, à 11,8 milliards d’euros. Les ventes à l’étranger de la région plafonnent depuis trois trimestres en dessous du niveau atteint au premier trimestre 2011. Il faut sans doute voir dans cette relative stabilité, l’aide apporté par le premier client de la région Rhône-Alpes, l’Allemagne, qui affiche la meilleure santé de toute la zone Euro.
Un dernier facteur confirme ce-relatif-optimisme des signaux conjoncturels émis par l’Insee et la Banque de France : les créations d’entreprises interrompent leur baisse dans tous les secteurs.
Au cours du quatrième trimestre 2011, le nombre d’entreprises créées en Rhône-Alpes est reparti à la hausse, + 7,2 %.
Plus surprenant : la plus forte progression est enregistrée dans l’industrie (+ 12,3 %, après – 1,2 % au cours du trimestre précédent) ! Prudence néanmoins : ces augmentations constatées sur le total des créations d’entreprise proviennent en fait essentiellement des auto-entrepreneurs.
Il reste que parallèlement, le nombre de faillites continue de diminuer, mais à un rythme ralenti. Cette amélioration concerne surtout les secteurs de l’industrie et de la construction : respectivement – 12 % et – 9 %. Seul le secteur du commerce reste à la peine, avec une augmentation des dépôts de bilan de 6 %.
Au total, le nombre de défaillances enregistrées en France reste proportionnellement moins important qu’en Rhône-Alpes. L’impact de la crise, plus conséquent au niveau régional en termes de défaillances d’entreprises, s’atténue, mais reste toutefois encore fort.
Au bilan, s’il est difficile de peindre la situation en rose, du fait notamment d’une hausse ininterrompue du chômage régional depuis cinq mois, elle n’est pas franchement noire pour autant. Après le ralentissement constaté ces derniers mois, les conjoncturistes sont persuadés que la reprise va s’opérer. Mais, avec une autre certitude : elle sera molle.
Illustration (Banque de France)-Le niveau des capacités de production dans les entreprises de Rhône-Alpes, en données corrigées des variations saisonnières (cvs) reste encore faible : deux points en dessous du niveau moyen de longue période.