Constructeurs Rhônalpins : des stratégies et des niches
A côté des grands groupes à taille et ambitions mondiales, plusieurs petits constructeurs de la région Rhône-Alpes ont aussi fait le pari du véhicule électrique. Design, services, charme ou performances…ou comment décliner le concept de la petite voiture ou du petit utilitaire à différents publics et différentes niches…
Fort de ses trente années d’expérience et leader européen des voitures sans permis, le plus ancien et plus gros constructeur de voitures électrique en Rhône-Alpes est aujourd’hui sans conteste Méga-Aixam, avec ses deux sites d’Aix-les-Bains et Chanas. Il propose ainsi depuis 2007 sa « Mega City » à batteries lithium, en version 2 ou 4 places. Avec une vitesse maxi de 65 km/h , – qui nécessite donc le permis B – et une autonomie variant de 60 à 100 km, elle se veut surtout adaptée aux petits parcours en milieu urbain. La Méga City ne vise pas la clientèle des particuliers, mais en priorité celle des flottes d’entreprises et des véhicules de livraison. Cette mini-voiture, entièrement fabriquée en Rhône-Alpes et vendue à partir de 19 000 euros HT, batteries comprises, vient en fait compléter la gamme d’utilitaires compacts développée par Méga, dont le mini-camion électrique « E-Worker ». Méga ne communique pas de chiffres de production ou de vente pour sa City, mais selon le constructeur, environ 3000 de ses petits véhicules électriques (voiture City et utilitaire E-Worker) seraient à ce jour déjà en circulation.
Tout autre est le créneau de la Volteis X4 produite à Davézieux (Ardèche) par Electric Car, filiale du groupe Frappa, fabricant connu de caisses et remorques isothermes pour poids lourds. Ce mini 4X4 bâché, à l’allure de gros jouet directement inspiré de la légendaire Austin Minimoke des années soixante, est apparu d’abord sous le nom de « Scarlette », lancé en 2008 par la SCVE, à Saint-Martin la Plaine, dans la Loire. Racheté il y a trois ans par Electric Car, le véhicule a été revu et amélioré : avec son châssis en inox et sa carrosserie en alu, il vise le marche du véhicule plaisir, du 3eme véhicule pour ménages aisés, celui qu’on laisse à demeure dans sa résidence du bord de mer, son chalet à la montagne, son domaine de chasse ou viticole… La Voltéis X4 se veut aussi véhicule d’entreprise à gros impact de communication. Livrée à 200 exemplaires depuis mars 2010 (dont 15 % à l’export), elle est aussi décliné depuis cet été 2012 en une version encore plus branchée: la « V+ » : la base technique est la même, mais le design, minimaliste, est signé Starck. Prix : 20 800 euros HT pour la X4 et 25 000 euros HT pour la X+, batteries comprises.
Stratégie encore différente chez Diffuselec, entreprise rhodanienne d’Ambérieux d’Azergues spécialiste du matériel électrique d’éclairage à LED et des énergies renouvelables. Sa « Chloé », produite depuis trois ans à partir d’une plateforme de Peugeot 106, est conçue comme un simple élément d’un pack complet « énergies renouvelable » comprenant en général un bâtiment (usine, magasin…) autonome en énergie, des sources d’énergie (éoliennes ou panneaux solaires), l’éclairage, et le système de recharge d’un ou plusieurs véhicules.
La voiture, une quatre places donnée pour 50 km/h et 90 km d’autonomie, peut elle-même être équipée d’un toit et de portes en panneaux solaires assurant une recharge des batteries à 30-40% en 8-9 heures de stationnement au soleil. Vendue 17 000 euros TTC avec ses batteries standard, la Diffuselec-Chloé, est aussi déclinée en deux versions plus légères: la « Bella » à 2 places ou la « Maia » 2+2. Elle est produite à 30 exemplaires par mois chez un sous-traitant près d’Auxerre, avec des finitions assurées pour le moment en Slovaquie. Mais la nouvelle usine que Diffuselec construit à Chaneins, dans l’Ain, va lui permettre de relocaliser sa production en Rhône-Alpes et de produire 50 voitures de plus par mois. Diffuselec exporte 85 % de ses Chloé, surtout vers les pays africains, un marché en plein développement électrique.
Le constructeur lyonnais Courb – abréviation de COgitare URBem, en latin « penser la ville » – va profiter du Mondial de l’auto 2012 dans quelques jours à Paris pour lancer commercialement sa « C-Zen », apparue en prototype au Mondial de Paris en 2008 et revue au salon de Genève en 2009 et 2011. Avec ce petit véhicule racé, biplaces côte à côte, homologué soit comme quadricycle lourd, soit comme « vraie » voiture (catégorie N1, nécessitant le permis B, mais bénéficiant en contrepartie de la subvention attachée aux voitures écolos), il a choisi le créneau du design et de la performance : la C-Zen revendique 110 km/h et environ 120 km d’autonomie. Elle est aussi dotée d’un vaste coffre de 400 litres, remplacé par un plateau de chargement modulable pour la version utilitaire C-Top. La cible de Courb: les usagers pendulaires habitant la périphérie des grandes villes et les TPE-PME et professionnels – livreurs de petits colis ou infirmiers par exemple – qui doivent parcourir tous les jours au moins 25 ou 30 kilomètres en ville.
Premier véhicule français labellisé « Origine France garantie » en Juillet 2012, la C-Zen sera produite à Saint-Priest, dans le Rhône, où vont être créés 50 emplois. L’objectif de Courb est de livrer 5/600 véhicules dès 2013, pour atteindre les 2 à 3000 véhicules/an ensuite. La C-Zen sera vendue 18 000 euros TTC (15 000 euros HT) batterie lithium comprise et déduction faite de la subvention d’Etat de 7 000 euros.
Enfin dans un registre un peu différent de la voiture électrique, celui des utilitaires, on citera encore le mini camion électrique urbain Citelec, produit par SITL (Société d’Innovation et de Technologie de Lyon) sous la marque Brandt-Motor sur le site de l’ancienne usine Fagor-Brandt de Lyon-Gerland. Racheté par un industriel de l’Isère, Pierre Millet, ce site produisait jusque là des machines à laver, mais la ligne de production d’une capacité de 25 véhicules/jour qui a été inaugurée début septembre 2012 devrait supplanter progressivement la production d’électro-ménager. Le mini-fourgon Citélec a été présenté en 2011 au salon des maires. Il est déclinable en versions plateau, bâché, benne basculante, isotherme, et pourrait d’ici fin 2013 être décliné aussi en voiture citadine. Il a une charge utile de 600 kilos, une vitesse maxi de 80 km/h, une autonomie en charge de 80 km et sera vendu environ 22 000 euros HT batteries comprises, ou 12 000 euros HT sans batterie mais avec souscription d’un abonnement de location de batteries. L’ambition de SITL est de prendre assez vite 10% du marché du véhicule utilitaire électrique et hybride, estimé entre 40 000 et 50 000 véhicules/an pour les années à venir.
H.C. / henricolomb@yahoo.fr
Photo (DR) : La Volteis.