Covid-19 : Face à la pénurie des masques de protection, la filière textile en Auvergne-Rhône-Alpes se mobilise
Pour pallier le manque de masques en pleine propagation du coronavirus, une cinquantaine d’entreprises de la filière textile en Auvergne-Rhône-Alpes ont décidé de suspendre leurs productions habituelles pour fabriquer en urgence des masques de protection.
Une démarche solidaire pour barrer la route au coronavirus
Ainsi, en raison de la crise sanitaire actuelle, une cinquantaine d’entreprises de l’industrie textile de la région ont répondu à l’appel de la Direction Générale de l’Armement (DGA) pour la production en urgence de masques de protection contre le coronavirus afin d’équiper les personnels soignants.
» L’industrie textile locale a été très réactive. Dès que nous avons relayé cette demande, nous avons reçu des appels d’entreprises de toute la région. Chacune voulant apporter ce qu’elle pouvait. Comme des composants pour les masques ou des capacités de production. Notre rôle est de coordonner ces propositions » affirme Pierric Chalvin, délégué général d’Unitex Auvergne-Rhône-Alpes.
Quelques-unes d’entre elles ont conçu, dans l’urgence, des prototypes. » Au moins une dizaines de prototypes avec des matières différentes expédiés à la DGA pour validation » ajoute le délégué général d’Unitex. C’est le cas des Tissages de Charlieu (42), de Boldoduc (69) et de 1083 dans la Dôme (26).
Entre autres , il s’agit de la fabrication d’un demi-masque filtrant contre les particules, couvrant le nez, la bouche et le menton. Il se compose entièrement, ou en majeure partie, d’un matériau filtrant ou comprend une pièce faciale dans laquelle le ou les filtre(s) principaux forment une partie inséparable de l’appareil. Le demi-masque est conçu pour assurer une étanchéité suffisante vis-à-vis de l’atmosphère ambiante au niveau du visage du porteur, lorsque sa peau est sèche ou humide et lorsqu’il bouge la tête.
Les Tissages de Charlieu se convertissent à la production de masques lavables et réutilisables
Sur son site internet, on peut lire quelques informations préalables pour toute commande. À savoir :
- Minimum de commande : 200 masques
- Nous livrons dans des cartons des bandes composées de 45, 50 ou 60 masques…
L’entreprise ligérienne, spécialisée dans le textile pour l’habillement et l’ameublement, a complètement stoppé sa production pour se consacrer uniquement à la production de masques. Les premiers exemplaires produits mardi dernier, ont pu être récupérés le lendemain sur place par les premiers clients, des établissements de santé de la région.
L’entreprise déjà submergée de demandes a entrepris de partager les informations avec d’autres tisseurs français afin de démultiplier les capacités de production dans l’ensemble du pays. Néanmoins, Pas question de parler de chiffre d’affaires dans cette période. « Ce n’est absolument pas le sujet du moment : l’objectif est d’apporter notre pierre au combat contre le coronavirus » affirme Eric Boël son dirigeant.
Il s’agit de masques de confinement qui permettent de dépanner dans l’urgence et ne se substituent pas aux masques de haute protection homologués. Soit, trois couches tissés en coton et polyester en partie recyclés. Ils sont lavables et réutilisables.
Les Tissages de Charlieu qui emploie 70 salariés sont désormais en capacité de produire, en interne et sans aucune sous-traitance, quelque 100 000 masques de confinement par jour. Une mobilisation qui se traduit par ailleurs par la présence à leur poste de travail de plus de 90 % du personnel.
Bolboduc dans le Rhône sollicite des particuliers pour la confection des masques
D’une part, Bolbodhuc, acteur majeur de la conception et de la fabrication de solutions à base de matériaux souples (protection, emballage, habillement fonctionnel) a mobilisé ses équipes pour confectionner dans l’urgence des masques de protection.
» Nous avons mis au point un masque lavable multicouche, intégrant un filtre en non tissé. Nous l’avons développé en une semaine et est en cours de test par la DGA « commente Jean-Charles Potelle, dirigeant de Bolboduc.
Cependant, la fabrication de ces masques nécessite une part de confection. Une mission que Bolboduc ne peut réaliser en interne aux niveaux de la production. Par conséquent, l’entreprise a décidé de lancer un appel aux bonnes volontés sur les réseaux sociaux.
» Nous avons demandé l’aide de personnes disposant de machines à coudre à domicile. Nous avons eu plus de 400 retours positifs en quelques heures « explique-t-il.
Ainsi, des kits de montage ont été livrés aux domiciles des particuliers volontaires, avec un tutoriel. L’entreprise espère pouvoir lancer la production de 500 000 masques par jour d’ici mercredi après validation du prototype par la DGA. Aussi, pour la PME spécialisée dans le textile technique avec 350 salariés et un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros, il ne s’agit point de réaliser un quelconque chiffre d’affaires.
Le fabricant de jeans équitables 1083 se lance également dans une approche similaire
Le fabricant drômois de jeans made in France quant à lui s’est lancé dans une démarche semblable.
» Le CHU de Grenoble a diffusé un cahier des charges et a demandé aux entreprises locales de travailler dessus. Dès mardi matin, nous avons pris la décision d’arrêter complètement la production de jeans pour faire des masques. Mercredi, nous avons produit quelques dizaines, jeudi quelques centaines, nous montons progressivement en puissance. Une dizaine de Romanais se sont déjà proposés pour nous aider à la confection, car nous avons plus de capacités de coupes que de capacités de confection. Aussi, nous sommes soutenus par des entreprises locales. Un magasin de tissu nous a offert du tissu par exemple, une entreprise de livraison va s’occuper des livraisons … « explique Thomas Huriez, le fondateur de la PME à notre confrère de La Tribune Auvergne-Rhône-Alpes.
Une mobilisation générale qui n’avance pas masquée…