Covid-19 : le projet de recherche Discovery sur le Covid-19 lancé à partir de Lyon, patine sérieusement
Lors du lancement du projet de recherche européen « Discovery », le 22 mars lors d’une conférence de presse rassemblant virtuellement de très nombreux journalistes, Florence Ader, professeur de maladies infectieuses au CHU de Lyon qui est en charge du recrutement des patients pour cet essai, avait estimé pouvoir donner les premiers résultats au bout de quinze jours.
Or, près d’un mois et demi après, toujours rien !
Rappelons que dans ce cadre, quatre traitements sont évalués, dont la fameuse hydroxychloroquine du professeur Raoult et le remdesivir.
Que se passe-t-il, alors qu’on est engagé dans une course contre la montre pour trouver un ou plusieurs traitement contre le Covid-19 ?
Philippe Froguel, directeur de recherche au CNRS au sein de l’Institut Pasteur de Lille qui a la réputation de parler cash évoque « un échec » ; expliquant que « Discovery est mort-né du fait des luttes intestines entres grands patrons de services ».
Même son de cloche de manière moins brutale de la part du professeur Yazdan Yazdanpanah, infectiologue-épidémiologiste à l’hôpital Bichat à Paris qui dans une tribune dans le Monde regrette que « chaque pays [ait] travaillé pour lui ».
« On a beaucoup de mal à coopérer », explique t-il, précisant qu’à date, seul le Luxembourg a rejoint la France. Et aucun patient allemand, autrichien, portugais ou britannique, en dépit des prévisions et des annonces initiales !
Sur les 800 recrutements prévus sur le territoire national, Yazdan Yazdanpanah estime avoir atteint la barre des 740 personnes. Au Luxembourg, 60 patients sont prévus, mais le premier a été recruté… le 30 avril.
Les raisons de cet échec viennent d’une insuffisance de discussions en amont.
« On a aussi fait face à des désaccords sur les données à récolter », ajoute l’infectiologue. « Nous, Français, nous souhaitions tester certains paramètres pour pouvoir adapter les dosages de médicament donné aux patients. Les Allemands s’y sont opposés. »
Il y aurait aussi une question d’argent : » ce que le responsable de l’essai clinique Discovery oublie de mentionner, c’est un problème de financement. L’essai Discovery coûte environ 5 000 euros par patient. Si la France a su dégager les quatre millions nécessaires à l’inclusion de ses 800 malades, ailleurs en Europe, les financements n’ont semblent-il pas été anticipés… »
Espérons que les partenariats qui seront mis en œuvre dans l’autre événement international lancé au départ de Lyon pour développer justement lesdits partenariats dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, « Partnering Against-Covid-19 », du 4 au 6 mai, aura plus de succès…