Création d’entreprise : parrainés pour mieux survivre
Le taux de survie à cinq ans d’une entreprise ne dépasse guère les 50 %. Le parrainage d’une start-up par une plus grande entreprise permet de faire remonter de manière très importante ce taux. Activ’entreprendre qui développe à Lyon ce type de parrainage atteint ainsi les 96 % de taux de survie. Exemples à travers trois entreprises et leurs parrains…..
Toutes les start-up ne passent pas, loin s’en faut, par une pépinière d’entreprise où elles sont accompagnées, entourées, voire chouchoutées. Hors de la pépinière, la vie de la toute jeune pousse ressemble beaucoup à la lutte pour la vie.
Il existe pour faciliter l’entrée dans la vie des start-up, une autre solution : celle du parrainage. Outre le fameux réseau « Entreprendre » créé à l’intiative de la famille nordiste Mulliez, un autre réseau s’est développé avec succès sur ce mode de fonctionnement dans le Rhône : Activ’entreprendre.
Une initiative prise en 2008 par la Medef Lyon-Rhône qui a vite trouvé son utilité. Cinq ans après, un peu plus d’une centaine de start-up ont trouvé autant de parrains. Quatre jeunes pousses seulement ont disparu. Un joli score.
On sait bien que le chef d’entreprise est d’ordinaire, comme tout dirigeant, bien seul. Découvrant l’environnement de sa société, le créateur d’entreprise, l’est encore plus. « Il a besoin d’un effet miroir, d’un partage d’expérience, de conseils, d’ouverture de réseaux, de travail sur sa stratégie de développement », explique Blandine Peillon dirigeante de la société « Jours de printemps » et présidente d’Activ’entreprendre.
Les créateurs d’entreprise qui prennent contact avec Activ’entreprendre rencontrent (ou non, ça peut arriver) leur parrain lors de soirées type speed-dating au cours desquelles elles se présentent en quelques minutes devant un panel de chefs d’entreprises. « Il faut qu’il y ait un vrai feeling, entre les deux », décrit Fatima Merzouki, créatrice de la jeune pousse AMS international.
Créée en 2009 à Vénissieux, cette start-up propose des audits de satisfaction client dans des magasins, des restaurants via des clients mystère, voire des réunions de consommateurs ou encore des questionnaires qualité.
Son parrain, Olivier Duranton est totalement bénévole comme tous ses homologues. Il est tombé sous le charme de la jeune pousse : sa société, Catalyse, est justement spécialisée dans l’accompagnement d’entreprises ou de collectivités.
« J’ai connu une vrai crise de croissance. Je voulais me développer à l’international, mais ça ne marchait pas. Avec mon parrain, nous avons remis tout à plat, retravaillé le positonnement, la stratégie commerciale. Et ça été tout de suite mieux… », s’épanche Fatima Merzouki qui fait appel à son parrain dès qu’elle a un problème à résoudre.
Elle ajoute : « Je suis seule pour l’instant dans cette entreprise : je peux enfin échanger avec quelqu’un qui me comprend ! »
Le parrain d’une autre société qui a créé un concept de bornes publiques de rechargement électrique pour les téléphones mobiles-Gidophone (deux salariés), lancée par Romain Lecarpentier, est, lui, allé encore plus loin. Croyant fortement au projet, Yves Lecuyer, ledit parrain, constatant le besoin en fonds propres de son filleul a carrément investi dans l’entreprise.
Pourtant, la société du parrain, Askco n’est pas du tout située sur le même créneau. Cela ne l’a pas empêché d’investir près de 300 000 euros pour prendre 50 % du capital de la start-up. « L’objectif-explique ledit parrain-est que d’ici deux à trois ans, mon filleul, Romain Lecarpentier puissse racheter nos parts. »
Depuis la start-up spécialisée dans les bornes publiques de rechargement de téléphones mobiles est en plein décollage : elle est en passe de vendre près de 700 bornes en Europe du Nord et une centaine en France. Une filiale devrait prochainement ouvrir ses portes en Californie.
Le parainage peut aussi consister, si le métier l’exige, dans l’ouverture d’un réseau que le filleul aurait mis des années à pénétrer.
Telle a été l’heureuse rencontre qui a permis au filleul, Jérémy Zerbib, créateur de la société Senseco, de bénéficier de la rencontre du Pdg d’Opéra groupe, une des plus grandes entreprises françaises spécialisées dans l’état des lieux locatifs et les diagnostics immobiliers.
Il faut préciser que Senseco (trois salariés), basée à Saint-Fons, est spécialisée dans la rénovation énergétique des bâtiments. « Gilles Humblot m’a fait rencontrer les trente-sept plus grosses régies immobilières que j’aurai mis un temps fou à pénétrer », explique-t-il.
Il déjeune une fois par semaine avec son parrain. « Une vraie relation humaine et affective s’est créée. Nous échangeons sur les problématiques de chacun et nous apprécions de nous retrouver régulièrement autour d’un déjeuner », constate avec un large sourire Jeremy Zerbib.
Résultat : Senseco a réalisé l’année dernière son premier excercice positif, en affichant un chiffre d’affaires de 500 000 euros.
Aucun doute au vu de ces exemples : le parrainage constitue vraiment un gage de réussite. Tout binôme est le fruit d’une alchimie où l’humain tient une grande part. Pour preuve : sur les 114 binômes mis en place depuis la création de l’association, 87 sont encore actifs !
Seule (grosse) difficulté, selon Blandine Peillon, la présidente d’Activ’entreprendre : trouver un nombre suffisant de parrains pour pouvoir accompagner les nouveaux entrants qui frappent à la porte d’Activ’entreprendre…
Photo (DL) : Filleuls et parrains des start-up AMS international, Gidaphone et Senseco.
nseco.