Dans le cadre d’une consommation en baisse, GRT Gaz vise, grâce au biogaz, la suppression de toute importation d’ici 2030
Chez l’opérateur gazier historique, GRT Gaz, on semble bien avoir pris à 180 degrés le virage de la transition énergétique. Non seulement il gère la baisse tendancielle de l’utilisation du gaz (- 6% en 2020), mais aussi, il compte, grâce au bio gaz sous toutes ses formes, parvenir à l’autoconsommation avec 100 % de gaz hexagonal en 2030.
Le gaz serait-il à l’aune de la transition énergétique l’une des énergies les plus vertueuses ?
Certes, en Auvergne-Rhône-Alpes, la consommation de gaz a plongé l’année dernière de 6 % du fait du premier confinement « dur », mais aussi des températures exceptionnellement douces cet hiver. Mais en fait, la pandémie a accéléré une tendance déjà profonde. La consommation de gaz connaît en effet une baisse tendancielle de l’ordre de – 1 % depuis plusieurs années.
« Nous connaissons une érosion lente de la consommation de gaz depuis une dizaine d’années : elle est notamment due à une meilleure efficacité énergétique mise en place au sein des entreprises et de l’apparition de nouvelles chaudières, plus efficientes », constate Georges Seimandi, délégué territorial Rhône-Méditerranée de GRT Gaz.
Mais mieux encore, chez GRT Gaz, on compte bien arriver à la neuralité carbone, d’ici trente ans, en 2050.
Comment ? En arrivant in fine à se passer de gaz extérieur pour ne mettre dans les tuyaux que du gaz tricolore, en l’occurrence du biogaz tricolore.
Et ce, par différentes voies.
La première-elle est en train d’exploser- est le biométhane produit à partir d’effluents de la ferme ou du ramassage d’ordures ou encore des boues de stations d’épuration. Il y a actuellement en Auvergne-Rhône-Alpes 15 unités de biotméthane (avec une production en hausse de + 22 %) dont les promoteurs sont soit les agriculteurs, soit les collectivités. Ce qui représente la consommation de 11 000 habitants.
120 unités de méthanisation en projet dans la Région
Le marché est en plein boom : actuellement dans la région, 120 projets d’unités de biométhane sont dans la file d’attente (1 164 en France !). « Auvergne-Rhône-Alpes est l’une des régions françaises les plus dynamiques pour le développement du biométhane », s’enthousiasme Georges Seimandi.
Lorsque le marché sera mature, ce biogaz devrait représenter près de 40 % de la production de gaz injecté dans les tuyaux de GRT Gaz.
De quoi sera fait le complément ? Par une autre forme de biogaz, actuellement expérimentée sur la plateforme Gaya initié par Engie à Saint-Fons dans la vallée de la chimie de Lyon et déjà injectée dans les tuyaux. Cette plateforme expérimentale produit du bio gaz à partir de déchets végétaux émanant des forêts ou des scieries qui sont chauffés à haute température pour être gazéifiés et produire du biogaz. Cette source devrait fournir près de 30 %.
Un nouveau réseau dédié à l’hydrogène
Le reliquat, en l’occurrence, les 30 % restant, devraient être composés d’hydrogène vert qui serait aussi injecté dans les tuyaux, comme l’illustrent déjà de nombreuses expérimentations.
« Il existe dans la région une vraie dynamique autour de l’hydrogène vert : dans cette optique, nous avons répondu à GRT Gaz à l’appel à projets hydrogène de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) », précise Georges Seimandi.
GRT Gaz est en train parallèlement de travailler avec ses confrères européens sur un autre réseau parallèle de distribution qui serait 100 % hydrogène, via une « dorsale européenne » qui se traduirait par un réseau dédié de 3 300 km de canalisations hydrogène en France, à l’horizon 2040.
Bref, on l’aura compris ça bouge beaucoup dans le monde du biogaz, à telle enseigne, explique le délégué territorial que « l’on a peine à recruter, d’où la création d’une nouvelle formation, celle d’agent d’entretien biogaz ». La première promotion sortira cette année…
Photo-La plateforme Gaya d’Engie à Saint-Fons dans la Vallée de la chimie.
GRT Gaz en Auvergne-Rhône-Alpes