Decitre, Chapitre, Virgin : sale temps pour la distribution de biens culturels
La librairie Decitre qui va fermer le 10 mai, une de ses deux librairies de la place Bellecour à Lyon, Chapitre qui risque de faire de même, tandis que le vaisseau Virgin de la Presqu’île attend d’être fixé sur son sort : les temps sont durs pour les distributeurs de livres en particulier et de biens culturels en général. Il ne faut cependant pas incriminer l’Internet, mais la mauvaise adaptation de ces entreprises à cette nouvelle donne, même si chaque cas est différent.
Cela ne s’était jamais vu. Les salariés des librairies Decitre à Lyon sont en chômage partiel jusqu’au mois d’août.
Pire encore, malgré un chiffre d’affaires en hausse, le magasin historique de la place Bellecour, celui qui est à l’origine de cette belle saga Decitre et de ses neuf librairies rhônalpines (dont quatre à Lyon) va devoir fermer ses portes.
Le 10 mai prochain, la librairie Decitre située au 6, place Bellecour laissera sa place à un autre commerce. Ouvert depuis… 1907, ce magasin de 300 m², aujourd’hui spécialisé dans les langues étrangères va fusionner avec l’autre librairie Decitre qui se trouve de l’autre côté de la place (au n°29, et d’une superficie de 1 800m²).
Si Guillaume Decitre, le Pdg du groupe, est contraint de fermer son magasin historique familial, c’est aussi parce que le groupe a beaucoup investi.
Trop, alors que son chiffre d’affaires a enregistré une baisse de 4 à 5 % depuis le mois de septembre ? L’ouverture du magasin de Confluence en avril 2012, a nécessité un investissement d’ un million d’euros, tandis qu’un autre million était injecté dans le site internet.
Tel est le paradoxe des librairies Decitre. Il s’agit de la librairie qui a le plus investi en France dans la vente de livres en ligne, jouant la carte « click and mortar » (on achète sur Internet, mais on récupére ses livres dans des magasins en dur). A telle enseigne que Guillaume Decitre est à la tête du troisième site français de vente de livres en ligne. Mais sans doute, y a-t-il eu un mauvais timing entre la baisse du marché et le lancement d’une nouvelle librairie au sein du centre commercial de la Confuence qui, selon Guillaume Decitre , constitue cependant une belle réussite.
« La mesure que nous prenons est temporaire, et il n’y aura aucun licenciement, assure Guillaume Decitre. Il s’agit d’une manière de s’adapter en attendant que l’orage passe ». Les dégâts restent donc minimes.
Risque de disparition pour la librairie « Chapitre » Bellecour
Ce n’est pas le cas pour une autre librairie qui, elle, risque de fermer ses portes : « Chapitre », filiale du groupe de distribution Actissia (France Loisirs notamment).
Ce groupe envisage de fermer douze librairies sur cinquante-sept en France et prévoit un plan social.
Or, parmi les neuf magasins qui fermeront, « sauf à trouver un acquéreur rapidement », figure celui de Lyon, basé comme Decitre, Place Bellecour. L’épée de Damoclès de la fermeture pèse aussi sur le « Chapitre » de Grenoble.
L’entreprise emploie dans toute la France un total de 1 200 salariés : près de 220 emplois pourraient disparaître.
Virgin Lyon dans l’expectative
Avis de tempête également sur un troisième distributeur de biens culturels : Virgin Lyon, rue Grenette, en Presqu’île lyonnaise également.
Le distributeur de produits culturels, a déjà dû fermer trois magasins: Bordeaux Mérignac début 2011, Carrousel du Louvre (Paris) fin janvier, Saint-Denis début mars.
Il n’en exploite plus que vingt-six, mais la purge pourrait ne pas être terminée puisque le Tribunal de Commerce a rendu son verdict lundi 8 avril : cinq offres ont été déposées auprès du tribunal de Commerce de Paris pour la reprise des magasins dont seulement trois préservant des emplois. Une certitude : le vaisseau amiral de l’avenue des Champs Elysées va devoir fermer ses portes.
« Cinq offres, dont quatre franco-françaises et une émanant d’une marque mondiale, ont été déposées. Aucune n’est issue des gens de notre profession (…) je suis très déçue », a déclaré la présidente de l’enseigne, Christine Mondollot, en esquissant la perspective d’un « important plan social ».
L’enseigne emploie encore 960 salariés dans ses vingt-six magasins restants. Il faudra attendre le choix du repreneur par les juges consulaires pour savoir quel avenir sera dévolu au magasin Virgin de Lyon. Les syndicats craignent une vente à la découpe.
Si tous ces trois établissements culturels devaient fermer, à peu près dans le même temps, le choc serait assurément très rude.
Photo (DR)–La librairie Privat place Bellecour à Lyon, une des librairies du réseau Chapitre : elle est menacée de fermeture.