Dengue, année zéro : Sanofi-Pasteur prévoit de fabriquer à Neuville-sur-Saône 100 millions de doses de vaccins par an !
Après vingt ans de recherches et 1,5 milliard d’euros d’investissements, Sanofi Pasteur s’apprête à produire le premier vaccin mondial contre la dengue dans son usine de Neuville-sur-Saône dans le Rhône. Un fléau qui touche 300 millions de personnes dans le monde. Un des dix-huit produits que la Big Pharma tricolore s’apprête à mettre sur le marché au cours des années à venir.
Pour Olivier Charmeil, Pdg de Sanofi Pasteur, 2015 sera l’année de la dengue. L’aboutissement de vingt années de recherches et de 1,5 milliard d’euros d’investissements.
On connaît mal cette maladie en Europe qu’est la dengue, puisqu’elle touche essentiellement les pays tropicaux, mais c’est un fléau mondial : trois cents millions de personnes sont touchées dans le monde. Et il n’existe toujours pas de vaccins. Ou plutôt, puisqu’il faut désormais parler à l’imparfait, il n’existait pas.
Le groupe Sanofi Pasteur a été l’un des premiers à s’attaquer à ce mal. Le vaccin qu’il a réussi à mettre au point est actuellement en phase III, la dernière. Le Groupe qui, avec 6 500 salariés est le plus gros employeur privé de l’agglomération lyonnaise, s’apprête à demander aux pays concernés, l’autorisation de mise sur le marché de ce vaccin d’ici la fin de l’année. La commercialisation de ce vaccin commencera par l’Amérique latine et l’Asie.
Cinq années d’avance sur ses principaux concurrents
Sanofi Pasteur dont le siège monde est basé à Lyon a cinq années d’avance sur ses concurrents dont le Japonais Takeda.
Le groupe a dédié une usine pour produire ce vaccin : celle de Neuville sur Saône dans le Rhône qui a bénéficié d’un investissement de 300 millions d’euros et où travaillent près de trois cents personnes.
Il est vrai que l’enjeu décrit par Olivier Charmeil est de taille : « A raison de trois injections de vaccin par personne, nous prévoyons de produire chaque année cent millions de doses par an ».
L’unité de fabrication de vaccins contre la dengue à Neuville-sur-Saône (photo Sanofi Pasteur)
Il précise : « Dès 2015/2016, Neuville deviendra le premier centre de production du vaccin contre la dengue ».
Le process de fabrication est désormais bien rodé, puisque déjà 22 millions de doses sont sorties de cette usine.
Parmi les dix-huit autres vaccins sur lesquels travaillent Sanofi Pasteur , certes à un niveau moins avancé que pour la dengue : l’un d’entre eux vise à lutter contre un fléau beaucoup plus proche de nous, les maladies nosocomiales qui concernent tant les hôpitaux que les Ehpad. Il sera, lui, produit aux Etats-Unis.
Il s’agit cette fois de lutter contre une bactérie : « clostridium difficile », l’une de celles que l’on retrouve le plus souvent.
Ebola, aussi ?
A noter que, selon Olivier Charmeil, Sanofi Pasteur a été approché pour une autre pandémie qui fait malheureusement l’actualité aujourd’hui : Ebola. Un vaccin qui ne figure pas au catalogue de Sanofi Pasteur.
« Nous avons été cependant approché par de grandes sociétés pharmaceutiques comme Glaxo ou Merck pour apporter notre expertise scientifique sur les étapes qui vont des laboratoires à la production industrielle. Nous allons jouer le rôle de conseils. Et s’il faut produire des doses de vaccins contre Ebola, nous les produirons !», précise celui qui, outre la présidence de Sanofi Pasteur est également le représentant de l’ensemble du Groupe Sanofi à Lyon.
Sanofi Pasteur qui a rapatrié son siège mondial de Philadelphie à Lyon, possède trois centres de Recherche&Développement en Rhône Alpes. Il s’apprête à partir du mois d’avril, à mettre en place son Centre d’excellence mondiale sur les maladies infectieuses.
Le plus grand centre de recherche au monde sur les maladies infectieuses
Celui-ci sera principalement basé sur le site de Marcy L’Etoile, dans la banlieue ouest de Lyon : il s’agit du plus grand centre de recherche du monde consacré aux vaccins : 40 hectares et 90 bâtiments…
L’idée, pour le moins originale, est de mêler les différentes équipes de R&D de Sanofi Pasteur (santé humaine) et de Merial (santé animale) dont le siège monde est également basé à Lyon. Elles vont travailler ensemble sur des solutions thérapeutiques ou préventives communes.
« 75 % des pathologies de l’animal sont transmissibles à l’homme », assure Carsten Hellmann, vice-président exécutif de Merial, pour expliquer cette démarche.
Les quatre-vingts chercheurs qui ont été transférés de Toulouse à Lyon, dans le cadre de la réorganisation du groupe, seront affectés à ce Centre.
« Nous définirons au cours du second semestre les domaines infectieux sur lesquels nous travaillerons au cours des années à venir », lance Olivier Charmeil pour qui le nouvel ancrage lyonnais de Sanofi s’explique par la qualité de son écosystème en matière de santé.
Un écosystème qui sortira encore renforcé de tous ces projets annoncés.