Des jeux pris de plus en plus au sérieux : visiteurs en hausse de 25 % à Serious Game Expo
Le nombre de visiteurs du salon « Serious Game expo » qui s’est déroulé les 21 et 22 novembre a bondi de près de 25 % au Palais des congrès de la Cité internationale à Lyon. La preuve que cette déclinaison sérieuse des jeux vidéo intéresse de plus en plus les entreprises, et non des moindres qui sont venues faire leurs emplettes dans cet unique salon en France consacré aux Serious Game qui font vivre une vingtaine d’entreprises en Rhône-Alpes.
Organisé par le pôle de compétitivité Imaginove, la « Serious Game Expo » est comme son nom l’indique consacrée aux jeux dits sérieux par comparaison avec les jeux vidéo qui ne seraient que ludiques. Mais sérieux ne veux pas dire tristes et encore moins rébarbatifs. Il suffisait d’arpenter les quarante-deux stands installés au sein du Palais des congrès de la Cité internationale à Lyon pour constater lors de cette septième édition, un étonnant foisonnement de créativité et d’imagination.
Là, une jeune-femme accrochée à des suspentes avec un casque rivé sur les yeux vit son premier parachutage (photo) ; ailleurs, Daesign, un des leaders français présente sa « Serious game store », une plate-forme sur abonnement permettant aux entreprises de construire leurs propres outils de formation à base de vidéos ; un peu plus loin, la société Real Fusio fait la démonstration que la 3 D a aussi fait irruption dans le « serious game », etc.
Le pendant sérieux des jeux vidéo bénéficie des avancées technologique de son grand-frère et ne cesse de voir son champ d’activité s’élargir. Destiné hier à la seule formation dans les entreprises ,il s’étend désormais au domaine de la santé et de la prévention, mais aussi au management, voire encore l’entrainement cognitif des seniors en maison de retraite.
Son côté ludique le fait plébisciter par tous les utilisateurs, à commencer par les plus jeunes. L’Union des industries chimiques a ainsi fait réaliser par la société villeurbannaise les Tanukis un serious game, afin d’attirer les jeunes vers les métiers de la chimie.
Cette extension constante du domaine des serious game explique sans doute le bond du visitorat professionnel constaté cette année. L’édition 2010 avait attiré 800 visiteurs, ils étaient près d’un millier cette année, soit une hausse de près de 25 %.
En fait, de l’avis de beaucoup d’observateurs, ce salon qui a d’abord, à ses débuts, constitué une vitrine permettant d’illustrer visuellement l’utilité des serious game, tend à devenir de plus en plus un salon d’affaires où les entreprises viennent prendre contact avec les studios pour construire des projets ensemble.
On a ainsi pu voir dans les travées du salon des donneurs d’ordre de sociétés telles que Renault Trucks, EDF, L’Oréal, SNCF, Total, mais aussi Russian Railways, voire même l’Ambassade du Canada, ou d’autres encore dont des représentants de nombreuses PME à la recherche d’une expertise pour élaborer un projet dans la formation, les ressources humaines, la communication, voire la prévention médicale.
La remise des Trophées « serious game » à l’issue du salon a confirmé l’élargissement de l’offre en matière de jeux sérieux.
Le prix du Meilleur Serious Game 2011 a été attribué à la société KTM Advance pour son jeu « Suez Environnement Ambassador » réalisé pour la filiale de GdF-Suez. Ce jeu interactif, pédagogique et flexible réalisé dans de nombreuses langues, a pour but de favoriser l’intégration de nouveaux salariés dans toutes les sociétés du groupe dans le monde.Son rôle est, de manière ludique, de présenter à travers un jeu en dix épisodes, constituant autant de missions, l’entreprise dans toute sa complexité, mais aussi d’inculquer aux nouveaux entrants les valeurs de l’entreprise.
Daesign a, de son côté, remporté le prix spécial Serious Game Expo pour « Mission Antitrust », un jeu réalisé pour Michelin qui vise à apprendre aux 3 000 commerciaux du Groupe à mieux connaître les risques liés au respect du droit de la concurrence. Ceux-ci constituent le plus gros risque juridique chez le pneumaticien de Clermont-Ferrand. Un enjeu fort : on a déjà vu des entreprises condamnées pour cause d’abus de position dominante à payer une amende s’élevant à 10 % de leur chiffre d’affaires mondial ! Une démarche nécessaire car les impératifs liés au respect de cette réglementation vont souvent à l’encontre des réflexes commerciaux.
Le prix de l’innovation a enfin été attribué à la société villeurbannaise les Tanukis pour son jeu « Premiers Combats » réalisé pour la Fondation du BTP. Une commande faite à l’issue du succès de celui de la chimie, évoqué plus haut. Les serious game vont-ils réussir cet exploit à rendre séduisants des métiers jusqu’à présent boudés par les jeunes ?
Photo (DL)–Les serious game sont aussi utilisés désormais pour l’apprentissage du parachutisme.