Désormais dans les mains du fonds CVC, l’assureur lyonnais April se voit devenir ” la 1ère assurtech d’Europe d’ici fin 2023”
Créé par Bruno Rousset en 1988, l’assureur April, basé à Lyon avait été l’une des grandes réussites de ces trente dernières années dans la domaine de l’assurance en France. Seul problème, ces dernières années, son activité commençait à être battue en brèche par ce que l’on appelle les assurtech, ces start-up du monde de l’assurance qui numérisent le métier à tout va.
Le rachat de la société qui réalisait alors près d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires par le fonds d’investissement CVC, un des dix plus grands fonds au monde et l’installation à la tête de la société d’Eric Maumy, un des meilleurs spécialistes de l’assurance en France, est en train de changer la donne.
Les chiffres de l’exercice 2020 parlent mieux qu’un long discours. En pleine pandémie, l’entreprise a vu son chiffre d’affaires gagner 6 %. L’entreprise qui s’était beaucoup dispersée, s’est recentrée sur ses métiers de base lors du rachat. Elle a vendu “tout ce qui n’était pas stratégique”, explique Eric Maumy, directeur général d’April qui a pris ses fonctions à la tête de l’entreprise en septembre 2019, après le rachat.
Pour ce dernier : “Un acteur du monde de l’assurance qui ne joue pas la carte du numérique est un acteur mort !”
Ainsi, toutes les strates de l’entreprise sont en voie de numérisation. L’exploitation du big-data (les méga-données qui restent inexploitées) font notamment parti de ses préoccupations.
Dès son arrivée, il a ainsi impulsé un plan stratégique qui par une bonne et heureuse coïncidence était déjà devenu opérationnel alors que sonnait l’heure du premier confinement.
“Beaucoup de nos confrères ont fonctionné à cette occasion au ralenti. Nous, nous avons mis tout le monde sur le pont pour élaborer notre plan stratégique que nous avons pu développer à marche forcée pendant toute la période de crise”, décrit Eric Maumy.
Et ça tombait bien puisque ce plan qui représente un investissement de 40 millions d’euros pour la digitalisation de l’entreprise correspondait parfaitement aux besoins des canaux numériques du moment.
Une mue en un temps record
“En 18 mois, nous sommes devenus un distributeur on line ; et ce, quelque que soit le canal de distribution”, savoure Eric Maumy. Le groupe a ainsi digitalisé tous ses parcours de vente aussi bien vers ses courtiers qu’en direction des particuliers. Et d’assurer : “Nous sommes devenus un pure player de la distribution”. Bref, une mue réalisée en un temps record.
Dans le même temps, il engageait l’entreprise dans une cure d’amincissement, recentrant l’activité sur le courtage d’assurances et cinq marchés définis comme stratégiques : la prévoyance et la santé du particulier, la prévoyance et la santé des TPE et travailleurs non salariés, l’assurance emprunteur (“un marché au fort potentiel”) et enfin, les marchés de spécialités en dommages et santé internationale.
Quatorze cessions de filiales ou de services
Au résultat, en dix-huit mois et après avoir opéré pas moins de quatorze cessions de services ou de filiales, le courtier en assurances lyonnais a quasiment divisé par deux son chiffre d’affaires qui est passé de 1,02 milliard d’euros en 2019 à… 516 millions d’euros à fin 2020 réalisés par 2 300 salariés.
Bref, l’entreprise a changé de modèle économique pour retrouver le chemin de la croissance et de la rentabilité.
Et ce, en s’appuyant sur une meilleure satisfaction client. “En passant de 7 en 2019, à 17 en 2020, nous avons gagné dix points de NPS (ndlr : Net Promoter Score, l’indicateur de satisfaction client dans l’assurance)”, se félicite le nouveau boss d’April.
Mais il y a encore du chemin à faire, puisque “l’ambition est de rattraper la Maif qui bénéficie du meilleur score en France, soit 30 de NPS”
Sur ces nouvelles bases, Eric Maumy regarde actuellement avec délectation les grandes stratégies, les regroupements actuellement en cours dans le domaine de l’assurance, à l’instar de la vente récente du poids-lourd Gras-Savoye, regardant de près ce dossier, mais sans aller plus avant.
L’horizon visé par Eric Maumy, est fin 2023, le terme du plan stratégique de l’entreprise est pour le moins ambitieux : “Nous voulons devenir à cette échéance le premier assurtech européen !“
Il table pour ce faire sur sa propre croissance organique, mais compte aussi mener des opérations de croissance externe, cette fois dans le cadre de son plan stratégique. En intégrant des aussurtech pour consolider sa démarche numérique.
“Une vraie ambition pour Lyon”
Il regarde également les opérateurs dans un certain nombre de pays qu’il pourrait aussi acquérir.
Au plus fort de son développement, April était présent dans 41 pays. Il ne l’est plus que dans 16.
“Nous avons l’intention de nous redéployer géographiquement, en santé internationale, en Europe et au Moyen-Orient”, détaille Eric Maumy.
Bref, l’ADN d’April qui, depuis ses débuts est celui de l’innovation, semble bien à nouveau mettre en branle l’assureur lyonnais. Qui, avec l’appui de son actionnaire richement doté, entend bien redevenir un des grands français de l’assurance en France et en Europe.
“Nous avons une vraie ambition depuis Lyon”, assure l’assureur…
Photo-Eric Maumy