Difficultés de trésorerie, chômage partiel : les deux dominantes de la crise
On l’a claironné sur tous les tons : la crise actuelle est inédite. C ‘est en effet à la fois une crise de la demande, mais en même temps aussi, une crise de l’offre. D’où les profondes conséquences économiques actuelles qui se traduisent par près de 60 % des entreprises affichant des difficultés de trésorerie ; et ce, malgré le large filet du chômage partiel tendu par le gouvernement : 1,3 million de salariés en Auvergne-Rhône-Alpes !
Un chiffre qui permet de prendre en compte l’ampleur de la crise : 60 % des chefs d’entreprises reconnaissent que la situation de leur trésorerie est difficile ou très difficile (*). C’est le double du niveau habituel pour cet indicateur !
Ce pourcentage est issu de l’Observatoire « Covid-19 » des CCI d’Auvergne-Rhône-Alpes : il produit des enquêtes régulières afin de caractériser la situation économique des entreprises régionales et d’exprimer les besoins des entrepreneurs.
La principale raison est la perte totale ou partielle de chiffre d’affaires : 38 % des dirigeants ont suspendu leur activité. Parmi eux, un sur trois l’a décidé en raison de l’arrêt d’activité d’un de ses donneurs d’ordre.
Plus précisément encore, 80% des chefs d’entreprise enregistrent une baisse d’activité et, pour 27 % d’entre eux, cette baisse est supérieure à 50 %.
Ces difficultés importantes sont aussi dues à la complexité des réglementations liées à la crise.
Les souhaits exprimés par les chefs d’entreprise interrogé par cet Observatoire Covid-19 pour sortir de cette nasse : que l’on donne aux entreprises les moyens de gérer au mieux le déconfinement au plan sanitaire (par des consignes claires, matériel de protection des collaborateurs dont des masques…) ; mais aussi par une anticipation de la reprise progressive, en veillant à ce que les dispositifs de soutien à la trésorerie, et plus largement aux financements, produisent encore leurs effets au cours de l’été et à la rentrée.
Ils demandent aussi que cette reprise soit dopée, avec des signes adaptés pour inciter à travailler (conditions des heures supplémentaires, gestion des congés et jours fériés), et que l’on veille à mettre en avant les éléments positifs et exemplaires pour restaurer la confiance.
Cette confiance sera tout l’enjeu du déconfinement et de la reprise progressive…
L’autre symptôme de la crise se traduit par une montée en flèche du chômage partiel.
Muriel Pénicaud, ministre du travail a annoncé la semaine dernière (mercredi 22 avril) que 10,2 millions de salariés sont au chômage partiel en France. Soit plus d’un salarié du secteur privé sur deux !
1,3 million de salariés en chômage partiel en Auvergne-Rhône-Alpes
En pleine épidémie de coronavirus, ce dispositif, souvent abondé par les chefs d’entreprise permet à un salarié de toucher 7 0% de son salaire brut (soit environ 84 % du salaire net).
Et ce n’est pas fini, en attendant la reprise, son recours continue à augmenter « jour après jour », a précisé la ministre du Travail.
Au premier jour du confinement, le 17 mars, ils étaient 255 890 salariés à bénéficier du dispositif. Ils sont désormais près de 40 fois plus…
De tels chiffres se retrouvent au niveau d’Auvergne-Rhône-Alpes qui concentre 12,8 % des salariés concernés en France par le chômage partiel, soit 1,3 million de salariés !
A ce jour dans la région, 135 582 entreprises sont concernées, ce qui au total représente 502 millions d’heures de chômage partiel demandées. Effectivement plutôt affolant.
Le commerce, l’hôtellerie, la restauration, le bâtiment et les activités de services spécialisés (activités juridiques et comptables, location de véhicules, centres d’appels…) sont les quatre secteurs qui concentrent le plus de demandes.
Ils regroupent à eux seuls 64 % de l’ensemble des demandes de chômage partiel depuis le 1er mars.
Au sein de l’hôtellerie et de la restauration, neuf salariés sur dix sont au chômage partiel.
Dans le secteur du bâtiment, 93 % des salariés bénéficient du dispositif…
Des chiffres qui illustrent le quasi-arrêt de ces deux secteurs qui souhaitent repartir le plus vite possible. A l’évidence, ce ne sera pas simple…
(*) 164 dirigeants d’entreprises, membres élus des CCI d’Auvergne-Rhône-Alpes issus principalement du Medef et de la CPME, ont témoigné début avril dans le cadre de cette première enquête bimestrielle de l’Observatoire économique Crise Covid-19.