Distancé sur l’ARN messager, Sanofi met 1 milliard d’euros sur la table pour rattraper ses concurrents
La Big Pharma française, va-t-elle mettre fin au Sanofi bashing, suite à ses échecs cuisants pour trouver un vaccin classique, mais aussi à ARN messager pour lutter contre le Covid-19, loin après ses concurrents. Les critiques n’avaient pas alors manqué de pleuvoir. De quoi piquer la direction de Sanofi qui a décidé d’investir 935 millions d’euros pour devenir aussi à côté de Moderna ou de Pfizer-BioNtech, un champion de l’ARN Messager, en version tricolore. Marcy-L’Etoile prés de Lyon devrait constituer l’épicentre de cette ambition retrouvée.
La société américaine Moderna, dirigée rappelons-le par un ancien patron lyonnais de bioMérieux vise, après son succès en matière de vaccin, dans la lutte contre le Covid de développer pas moins d’une quinzaine de vaccins à ARN messager, contre le VIH, la dengue, Ebola, certains cancers, etc.
Comme il l’a prouvé avec le vaccin contre le Covid-19, l’ARN messager est effectivement une nouvelle voie extrêmement prometteuse qui pourrait bien changer la face de la santé dans le monde.
Après avoir raté le coche, Sanofi veut raccrocher les wagons. C’est ce qu’a expliqué son directeur général au 1er ministre Jean Castex, présent à Lyon, le lundi 7 mars, en présentant son plan de bataille pour recoller au peloton des leaders en matière d’ARN Messager.
Le nouveau site opérationnel en 2025
Le 1er ministre était venu sur le site de Sanofi à Neuville-sur-Saône dans le Rhône, poser la première pierre de la nouvelle usine de Groupe. Qui bénéficiera d’importantes aides publiques.
Ce nouveau site dont la construction avait été annoncée en juin 2020 devrait entrer en activité en 2025.
Il est vrai que le Pharmacien tricolore, trop prudent pendant des lustres sur cette technologie, guère visionnaire, n’a pas lésiné cette fois sur les moyens, en acquérant deux strat-up spécailisées dans l’ARN messager, ces derniers mois : à la fois la société Tidal Therapeutics au printemps 2021 pour 2,9 milliards d’euros ; puis quelques mois plus tard, Translate Bio, deux biotechs américaines.
A partir de ces deux bases US, Sanofi entend bâtir en France et notamment dans la Métropole lyonnaise-véritable future ARN Valley ?- une filière intégrée de l’ARN messager.
Olivier Bogillot, le président de Sanofi France entend laver l’affront ARN messager. “Nous voulons développer un outil qui, de A à Z nous permette de créer des vaccins, de la Recherche à la production et d’assurer la souveraineté de la France sur cette nouvelle technologie”, a-t-il lancé à un 1er ministre ravi de ce discours.
Il est vrai que l’on part de loin. Sanofi ne dispose ainsi par exemple d’aucune capacité de production de particules nanolipidiques, ces molécules qui servent à encapsuler les brins d’ARN messager.
Exit donc le projet de vaccin Sanofi contre le Covid-19 à ARN messager. Qu’envisage donc de mettre dans les tuyaux de sa nouvelle stratégie, Sanofi ?
La grippe d’abord
Est évoquée d’abord et avant tout la grippe puisque Sanofi est le premier fabricant de vaccins anti-grippaux au monde. Et l’on sait bien qu’avec les techniques traditionnelles, l’efficacité n’est pas toujours au rendez-vous, alors qu’avec l’ARN messager…
Certains cancers ou des maladies rares pourraient également bénéficier de traitements enfin efficaces grâce à cette technologie.
Pour mener à bien sa stratégie, Sanofi met sur la table 935 millions d’euros.
Pour le directeur général France de Sanofi, “l’ARN messager n’en est qu’à ses débuts, il y a encore beaucoup de défis à relever! “
Cette ambition retrouvée en matière d’ARN messager se lit d’ores et déjà sur les embauches : près de 200 sont programmées sur le site de Neuville-sur-Saône et 140 sur celui de Marcy-l’Etoile, cœur historique des vaccins de Sanofi.
Reste que Sanofi ne redorera définitivement son blason qu’après la sortie des premiers vaccins estampillés ARN messager. Il va falloir encore patienter un peu…
Photo-Le site Sanofi de Lyon-Gerland