Elections à la CCI de Lyon : seul candidat à sa succession, Philippe Valentin exhorte à « voter »
Voter pour les élections de la CCI Lyon-Saint-Etienne, un impératif pour son président candidat
Seul au monde. Vendredi 22 octobre dernier, Philippe Valentin, président de la CCI Lyon-Saint-Etienne-Roanne, a présenté officiellement sa candidature aux élections de la chambre. Et il ne devrait y avoir aucune surprise sur le résultat du scrutin qui se déroulera du 27 octobre au 9 novembre. Le fondateur du groupe de construction Valentin est en effet le seul, soutenu par la liste « Unis pour l’entreprise ». Cette dernière réunit la CPME et le Medef qui ont trouvé en Philippe Valentin l’homme idéal pour poursuivre la relance de l’organisme.
« Philippe a su structurer derrière lui et a mouillé la chemise pour y arriver », a justifié en préambule François Turcas, président de la CPME. Egal à lui-même, le truculent futur ex-dirigeant historique du syndicat a très tôt mis les points sur les i concernant cette élection. « Il y a eu 40 000 entreprises qui ont eu à faire à la CCI et qui ont bénéficié de ses avantages, a martelé François Turcas. Il serait bien de cesser de critiquer, d’être reconnaissant et de voter. »
La motivation de cet impérieux appel à l’expression des suffrages puise sa source dans des chiffres de participation très faibles. De l’ordre de 8 à 10 % en moyenne ces dernières années. « On vient de gagner la chambre des métiers et de l’artisanat alors que toutes les autres régions sont passées à l’U2P, je demande un retour de bienveillance », a insisté François Turcas.
Philippe Valentin n’a pour sa part pas hésité à renchérir. « Voter, c’est une question d’éthique et le minimum qu’on puisse demander si vous êtes satisfaits de notre accompagnement », a-t-il affirmé.
Un bilan de reconstruction à défendre
De son côté, Gilles Courteix, président du Medef Lyon-Rhône, s’est attardé sur le travail accompli sous la mandature Valentin. Une « transformation » et un « changement de modèle » de la chambre sous de véritables contraintes budgétaires. A l’heure de ces élections, la CCI Lyon-Saint-Etienne-Roanne, la plus grande de France, présente un budget de 50 millions d’euros. La tendance baissière est nationale. De 1 milliard 400 mille euros de dotations il y a plusieurs années, les CCI sont passées à 500 millions d’euros.
« Il faut se réinventer », a milité Philippe Valentin. Le président candidat a mis en avant la nouvelle philosophie de la structure : se mettre « au service de ». Cela passe par de profonds changements dans l’approche qu’aura dorénavant la CCI. Pour sa tête pensante, les entreprises, territoires et l’individu accompagnés deviennent des clients. La chambre déploie également plusieurs dispositifs pour aider à la création d’entreprise jusqu’à la transmission. L’organisme envisage de développer la montée en compétence des salariés et d’orienter les chefs d’entreprise vers les tendances à venir (cyber sécurité).
Dans son approche, la chambre de commerce et d’industrie va aussi raisonner en termes de marchés. Elle proposera toujours des services et des prestations, mais en partant du besoin des entreprises. « Notre logique est l’agilité, la proximité et la réponse en symbiose à la problématique du moment », a explicité Philippe Valentin.
Une chose est sûre, cela a demandé jusqu’ici du travail. Premièrement un dégraissage drastique au sein des effectifs. La CCI a acté 100 départs depuis l’arrivée de l’entrepreneur. « On a mis un système de formation en place et une cellule psychologique, a justifié le président. C’était une démarche lourde, je n’avais jamais réalisé cela dans une telle volumétrie. Mais c’était nécessaire. » Aujourd’hui sur les trois territoires de la CCI, on compte 350 personnels.
L’équilibre structurel d’ici 2023 et le projet de pôle sécurité dans les cartons
L’élection ne devant donc représenter qu’une formalité, la liste « Unis pour l’entreprise » a déjà pu le faire le point sur les projets futurs. Philippe Valentin a affirmé la signature d’une quarantaine de partenariats depuis un an et demi. Un travail colossal qui permet de préparer l’avenir. Questionné sur le changement de gouvernance à l’Aderly depuis le décès tragique cet été de son directeur, le président a prôné l’optimisme. « On a nos différences, mais sur les fondamentaux, à savoir l’attractivité du territoire, il y a la volonté commune de trouver une solution », a-t-il assuré. On va va abonder sur un dispositif commun, en composant avec tout le monde, pour le bien du monde économique. »
Dans l’optique de poursuivre le redressement de la CCI, Philippe Valentin a fait ses prédictions. Selon lui, la chambre trouvera son équilibre structurel au premier semestre 2023. « On s’affranchit de toutes les perfusions et dispositifs connexes qui nous permettaient de nous développer jusque-là », a-t-il précisé. Pour cela, le président compte sur son projet de pôle d’excellence européen de défense à Ecully. Un campus « structurant pour l’économie » selon Philippe Valentin.
Si les acteurs de la CCI espèrent compter sur des connections au plus haut niveau de l’Etat dans ce projet, ils ne se font pas d’illusion sur la vision du gouvernement vis-à-vis du rôle des chambres de commerce et d’industrie. « Pour eux, nous sommes une nébuleuse qui ne sert pas à grand chose et ne fait rien », a taclé François Turcas. « On est dans l’obligation de prouver qu’on peut apporter », a ajouté Gilles Courteix. Dans les solutions qui existent pour inverser la tendance, la mutualisation fait figure de voie obligatoire. Un travail de fusion avec d’autres chambres de la région « aux intérêts communs » est à l’étude.