Elle a créé un laboratoire d’analyses médicales itinérant : la société lyonnaise K-Plan multiplie les « premières »

L’un des problèmes de l’économie de notre beau pays est que nos PME peinent à passer du stade des brevets et des idées à celui de la commercialisation. C’est la raison pour laquelle le gouvernement a créé un nouveau fonds doté de 100 millions d’euros : Les PIPC (prêts à l’industrialisation des projets de Recherche et Développement) distribués par BPI France pour le compte de l’Etat, dans le cadre du Programme des «investissements d’avenir».

 « Ces prêts compris entre 500 000 et 5 millions d’euros, permettent de financer la phase de lancement industriel et commercial d’une innovation développée dans le cadre des pôles de compétitivité », explique-t-on à la Préfecture de la région Rhône-Alpes.

500 000 euros de prêt

 La société lyonnaise K-Plan vient de bénéficier du premier prêt de ce type dans la région, en l’occurrence 500 000 euros. Et ce n’est pas un hasard si le choix s’est porté sur elle, car cette société est en train de vivre le moment crucial de la commercialisation de son invention, sur un marché qui ne peut être que mondial.

Dominique Parzy, son Pdg, est le premier à avoir créé le marché des « laboratoires d’analyses médicales itinérant ». ceux-ci permettent de diagnostiquer des pathologies, d’évaluer la croissance des pathogènes et le dosage des médicaments.

 Ayant créé son propre marché de niche, ce chef d’entreprise de 56 ans a bien évidemment une longueur d’avance sur ses concurrents qui voyant son succès entendent l’imiter. L’enjeu est important car ce marché se chiffre en milliards d’euros à l’échelon planétaire.

 Le déclic est venu des professionnels de santé

 C’est en écoutant les professionnels de santé se désoler de ne pas bénéficier de ce type de matériels dans les zones reculées que Dominique Parzy a eu le déclic, alors que cet ingénieur INP (Grenoble) doté d’un DEA en génie électrique travaillait dans le secteur des machines de diagnostic et de thérapie opératoire.

 Il a quitté le confort du salariat pour créer son entreprise, K-Plan-nous étions en 2007-pour se lancer dans la conception du K-LMP (Laboratoire de Microbiologie Projetable), composé de quatre caisses de 240 kilos et capable de réaliser un grand nombre d’analyses médicales au fin fond de la brousse ou de la pampa.

 « Ce prêt que nous avons complété par une somme identique en fonds propres va nous permettre de nous développer commercialement sur la plupart des marchés mondiaux : nous avons énormément de contacts actuellement à l’export », souligne le Pdg de K-Plan. Parmi les priorités : l’Afrique, le monde arabe et les Pays de l’Est.

 Dominique Parzy vise également un deuxième objectif : « la création d’un pôle biologie spécialisée dans les analyses médicales mobiles avec l’Université d’Aix-Marseille « un choix qui s’explique dans le fait que cette Université est notamment spécialisée dans la médecine tropicale. »

 Ce qui va lui permettre de développer un nouveau module pour ce laboratoire mobile, lequel sera consacré à l’hématologie et à la biochimie.

 Quels marchés pour ces laboratoires protégés par des brevets dont le coût s’établit de 180 000 à 250 000 euros pièce ? « D’abord bien sûr les ONG, la sécurité civile et militaire qui évitent ainsi le transport des échantillons humains à des fins d’analyses, long et coûteux et pas toujours évident, vers des centres d’analyses en dur. Nos laboratoires mobiles permettent de gagner beaucoup de temps : il y a un vrai besoin de biologie en zone compliquée », décrit Dominique Parzy.

 Il constate cependant que désormais ce marché de niche va au-delà : « Imaginez que nous avons été contacté il y a plusieurs années par le ministère de la santé chinois. Il prévoyait d’équiper… 20 000 dispensaires en cinq ans ! »

Un marché qui se chiffre en milliards d’euros

Ce contact n’a pas abouti, mais il illustre la demande grandissante de ce marché créé par Dominique Parzy et qui se chiffre en milliards d’euros.

 K-Plan n’a pour l’heure vendu depuis sa création que huit laboratoires itinérant. Suffisant cependant pour permettre à cette entreprise de dix salariés de parvenir à l’équilibre.

 Les perspectives commerciales se précisent donc. Après avoir réalisé 500 000 euros de chiffre d’affaires en 2013, Dominique Parzy vise 2 à 3 millions cette année.

 Alors K-Plan, futur concurrent de bioMérieux, le grand spécialiste lyonnais des kits de diagnostics ? « Nous ne sommes pas concurrents, ne serait-que pour une question de taille, mais complémentaires », souligne Dominique Parzy.

 Il ajoute : « Nous travaillons d’ailleurs ensemble, c’est ce qui fait d’ailleurs la force de l’écosystème médical lyonnais, c’est que nous œuvrons en synergie : bioMérieux a d’ailleurs acquis un de nos laboratoires. » Assurément déjà une belle reconnaissance.