Elle entre dans le giron de l’Ecole de Management : l’ESC Saint-Etienne devient l’un des trois campus d’EM Lyon
Fragilisée après avoir perdu cet été son habilitation Master, l’ESC Saint-Etienne se rapproche de l’Ecole de Management de Lyon qui compte bien utiliser les synergies entre les deux établissements pour en faire son troisième campus, après Lyon et Shanghai. L’objectif fixé est ambitieux : que l’ESC Saint-Etienne passe de cent bachelors actuellement, à cinq cents. Et qu’elle puisse aussi viser la formation de cadres à destination des PME.
Classée en queue de peloton des Ecoles de commerce françaises, son grade de Master Grandes Ecoles n’ayant pas été reconduit cet été par le ministre de de l’Enseignement Supérieur, l’ESC Saint-Etienne devait s’adosser à plus important qu’elle, sinon, le risque de marginalisation était grand. Mais vers qui se tourner ? l’Université ? Une Grande Ecole ?
En définitive et en droite ligne avec la création du Pôle Métropolitain (*), c’est l’option EMLyon qui a été choisie par la Chambre de Commerce de Saint-Etienne, principal actionnaire de l’ESC stéphanoise, en parfait accord avec l’équipe dirigeante et enseignante.
Une négociation marathon menée par Philippe Grillot, président de la CCI de Lyon et André Mounier, celui de celle de Saint-Etienne, principaux actionnaires des deux Ecoles a permis d’aboutir à un accord qui satisfait les deux parties.
En étudiant le dossier, les responsables d’EMLyon ont constaté qu’il existait d’évidentes synergies avec l’ESC Saint-Etienne et que si celle-ci était fragilisée, elle possédait d’incontestables atouts, complémentaires d’EMLyon : elle s’était spécialisée dans la formation de managers pour PME, alors que les étudiants d’EMLyon sont plus tournés vers les grandes entreprises.
Ces discussions se sont traduites par la signature jeudi 13 décembre d’un protocole d’accord entre les deux chambres de commerce « visant à consolider leurs activités de formation supérieure au management ».
Dès la rentrée 2013
Un comité de pilotage commun aux deux écoles va être mis en place pour concrétement mettre en œuvre ce rapprochement. L’objectif est que l’ESC Saint-Etienne effectue la rentrée 2013 sous cette nouvelle configuration.
La première conséquence de ce fort rapprochement sera sémantique. L’ESC Saint-Etienne va perdre sa dénomination originelle pour prendre le label EMLyon, beaucoup plus porteur. « L’ESC Saint-Etienne va devenir, au côté de Lyon et de Shanghai, le troisième campus d’EMLyon », explique le Pdg de la société lyonnaise Robopolis, Bruno Bonnell, président du conseil d’admistration d’EMLyon. Elle s’appellera très précisément : « Campus Saint-Etienne d’EMLyon Business School ».
EMLyon compte 2 800 étudiants (5 500, avec la formation continue) pour un budget de 50 millions d’euros ; l’ESC Saint-Etienne elle, affiche 960 élèves (dont une filière en apparentissage), son budget est l’équivalent de 15 % de l’école lyonnaise.
Actuellement, l’enseignement supérieur post bac en France tend à s’aligner sur les normes européennes avec le développement du bachelor (trois ans), suivi du master (deux ans) et enfin du doctorat. On peut y ajouter les Mastères qui permettent une spécialisation.
Cinq cents étudiants en bachelor
Ne formant pas au premier échelon post bac, EMLyon assigne à l’ESC Saint-Etienne la tâche de la formation bachelor. « Nous souhaitons passer de cent bachelors, actuellement à cinq cents », lance Philippe Courtier, le directeur d’EMLyon. Outre l’apport de la marque EMLyon, l’un des moyens de cet élargissement sera l’ouverture à la diversité.
Il précise : « Prenons l’exemple d’une Grande Ecole américaine comme Princeton, particulièrement prestigieuse. Au côté de ses diplômes de très haut niveau, elle forme des bachelors d’excellence qui sont très recherchés bénéficiant d’une grosse cote. C’est ce que nous voudrions faire avec l’ESC Saint-Etienne, en s’appuyant sur cette exigence d’excellence. »
Et d’ajouter: « Il faut comprendre que tous les élèves dotés d’un bachelor ne poursuivent pas au-delà. 0r, près de 90 % des diplômés d’un bachelor d’excellence trouvent un emploi en moins de quatre mois. »
Philippe Grillot renchérit : « Ce rapprochement permet à EMLyon de se doter de la pièce manquante de son offre et donne au territoire métropolitain plus de forces pour la réussite de cette stratégie gagnante. »
« L’ambition d’être plus présents sur le territoire »
Ce qui permet à Bruno Bonnel, récemment porté à la tête du conseil d’administration d’EMLyon de mettre le doigt sur une lacune de l’Ecole que va, selon lui, permettre de régler cet accord : « EMLyon s’était refermée sur elle-même, se développant certes à l’international, ce qui est une très bonne chose, mais en oubliant au passage son ancrage territorial. Nous allons pouvoir le renforcer. Nous avons l’ambition d’être désormais beaucoup plus présents sur notre territoire. »
Troisième Ecole française, quinzième au niveau européen, EMLyon pourrait, grâce à ce rapprochement, prendre à nouveau du galon.
(*) Il regroupe les agglomérations de Lyon, Saint-Etienne, la CAPI (Porte de l’Isère) et Vienne.
Photo (DL)–Bruno Bonnell, président du conseil d’administration d’EMLyon et Philippe Courtier, directeur.