EMLyon visée par une enquête de la Chambre régionale des comptes
Actuellement classée au cinquième rang national des écoles supérieures de commerce et de management, l’emlyon a été créée en 1872 par la chambre de commerce et d’industrie de Lyon. Ce contrôle concerne les deux entités juridiques supports de l’école, à savoir d’abord l’association de l’enseignement supérieur commercial Rhône-Alpes (AESCRA) puis la société anonyme Early Makers Group (EMG).
Aussi l’école est rattachée à la CCI Lyon métropole Saint-Étienne Roanne, cette dernière disposant de par la loi de la compétence pour exercer l’activité de formation professionnelle initiale et continue. L’EM Lyon est une école qui a fait le choix de se transformer juridiquement, en passant du statut d’association à celui de Société Anonyme. On ne critique pas le choix ! affirme Bernard LEJEUNE.
Simplement c’est un choix assez unique explique les membres de la chambre régionale des comptes. Il existait d’autres choix plausibles « plus classiques » (comme les écoles consulaires). Ainsi ce premier choix à particulièrement alerté la chambre c’est pourquoi ils se sont intéressés de près à ce changement de statut. Dans ce secteur ultra concurrentiel l’école a jugé que ce système avait ses limites. En effet le système associatif n’est pas forcément suffisant pour pouvoir évoluer, l’aspect financier et les CCI étaient restreints. Dans sa perspective d’évolution l’école avait besoin de trouver des investisseurs ce que le système associatif ne lui permettait pas.
Une restructuration à 8,5 millions d’euros
« C’est un montage qui est complexe et qui entraine des coûts et des risques » explique Bernard LEJEUNE. L’école a souhaité ouvrir aux investisseurs, comme Qualium investissements et bpi France pour faire entrer des fonds. Pour la chambre régionale des comptes L’EM cherche un système combinant tous les avantages avec le moins d’inconvénients possible. Le contrôle des trois organismes (AESCRA, EMG et CCI a mis en évidence le coût extrêmement élevé de la réorganisation du groupe, qui s’élève à 8,5 M€.
En effet l’opération de restructuration juridique de l’EMLyon business school a coûté 8,5 M€ au total. Ce chiffre a principalement alerté la CRC, « c’est particulièrement coûteux ». La CCI a pris en charge 3,6 M€, soit moins de la moitié, et le reste a été financé par la société EMG et l’AESCRA, alors que cette dernière n’avait aucun intérêt, selon la chambre, à supporter le coût de l’opération de transformation juridique. De plus la CRC observe que l’école a levé 40 millions d’euros avec les investisseurs. La chambre régionale des comptes révèle que ces 40 millions n’ont jusqu’à maintenant pas été utilisés. Ainsi selon eux ce sont bien les étudiants qui paieraient cette restructuration.
« La société EMG n’a réalisé aucun investissement et si l’opération a été coûteuse, elle n’a pas contribué au développement de l’école. » L’EM souhaite que la CCI garde la majorité à l’assemblée générale, or les investisseurs ont apporté 40 millions d’euros il était donc difficile de garder cette majorité. Ainsi le contrôle mené par la CRC a mis en évidence un manque de transparence dans le déroulement des opérations à l’égard de l’assemblée générale de la CCI, et des différentes autorités de tutelle.
D’après la chambre régionale des comptes, les 67 % de capital détenus par la CCI reposaient sur une base fragile, selon eux il y avait un pilotage de l’école mené principalement par l’extérieur. Si cette observation était avérée il y aurait un sérieux risque pour la pérennité du statut d’école consulaire pour l’EM Lyon. Cependant les autorités académiques s’appuient sur les 67 %. Pour le conseil de surveillance « c’est le capital qui prévaut et c’est ça qui compte ».
Aussi, sur la base de deux conventions de partenariat avec la société IBM, l’école a souhaité mettre en œuvre une transformation numérique de façon très innovante. Le coût global de ce partenariat s’est chiffré à la somme de 26 M€ HT d’investissements. Cependant la nouvelle direction de l’école a fait le constat de l’échec total de ce partenariat et a adopté un schéma directeur prévoyant de nouveaux investissements dans l’infrastructure et la sécurité défaillante
En définitive, la chambre constate que les nombreuses dépenses engagées au titre des transformations numériques puis juridiques de l’école entre 2014 et 2019, n’ont pas modifié sensiblement son modèle économique. Ceux à quoi l’école répond que « cette analyse – tout à fait contestable – est au demeurant particulièrement dangereuse pour l’École, compte tenu du contexte compétitif dans lequel elle évolue. » Le groupe EMG ajoute que, « les critiques de la Chambre mettant en cause tant la fiabilité des comptes que la qualité de l’information financière et comptable, apparaissent complètement infondées ».
Une étude obsolète ?
Dans sa réponse EMG groupe explique que la direction actuelle de l’emlyon regrette « que la Chambre n’ait pas davantage pris en considération les nombreuses et importantes améliorations apportées par la nouvelle direction de l’École, arrivée aux responsabilités en septembre 2020 qui a résolu un grand nombre des difficultés relevées par le rapport et engagé de nombreux chantiers structurants pour l’avenir de l’Ecole ».
C’est une École importante et reconnue ! Le président de la CRC explique que les problèmes détectés sont surement dus a une transformation rapide et une gestion peut être négligée sur certains points. Le président de la chambre confie qu’il a le sentiment suite aux auditions que les équipes actuelles ont conscience des points relevés par la chambre et vont faire en sorte que la situation s’améliore ».
Le montage actuel n’étant pas connu, les observations menées par la chambre régionale des comptes remontent sur le montage financier datant de 2020…