En avant garde ? La société lyonnaise Troops (solutions digitales RH, 55 salariés) a décidé de passer à 100 % au télétravail, ou presque…
C’est fait, tout le monde ou presque retourne au bureau à ce stade du déconfinement, saut ceux travaillant au sein de la société lyonnaise Troops. Alors que le retour en présentiel reprend dans les entreprises, les 55 salariés de Troops ne regagneront pas leur bureau. L’entreprise lyonnaise, qui propose des logiciels RH à destination des acteurs de l’intérim, est passée au 100 % distanciel ou presque. Emilie Legoff, créatrice et présidente de la société, explique la démarche qu’elle pense inéluctable à l’avenir pour beaucoup d’entreprises. Celle qui est également co-présidente de French Tech One Lyon-Saint-Etienne et ses 800 start-up pourrait bien être à l’avant-garde…
Début mai, à la sortie du confinement, Emilie Legoff, créatrice de la société lyonnaise Troops a décidé de résilier le bail de ses bureaux de 400 mètres carrés, au 31 place Bellecour, à Lyon, alors qu’elle fait travailler 55 salariés. Ils sont tous en télétravail désormais ! Elle n’a gardé pour elle-même qu’une petite superficie où elle travaille seule (“j’habite pas loin”, explique-t-elle), ainsi qu’une salle de réunion et quelques bureaux pour les arrivées inopinées.
“Ils ne voulaient plus revenir …”
Pourquoi ce choix du télétravail intégral qui peut paraître risqué ?
Au départ, reconnaît la dirigeante, ce n’était pas vraiment un choix. “Lorsque j’ai dit à mes troupes après le confinement que l’on respecterait les règles sanitaires et qu’elles pouvaient commencer à regagner les bureaux lyonnais, je n’ai eu aucun succès : ils étaient tous bien décidés à poursuivre le télétravail”, précise Emilie Legoff.
Il est vrai d’abord, que cherchant des compétences pointues, pendant la pandémie qui a boosté son activité de production de logiciels pour les agences d’intérim, elle a recruté un peu partout et pas seulement à Lyon, là où elle les trouvaient : à Nantes, Bordeaux, mais aussi Berlin, Barcelone, Tel-aviv, mais aussi en Ukraine, en Estonie, au Portugal, etc.
Leur moyenne d’âge : une trentaine d’années.
Nécessité faisant foi, elle n’avait aucune raison de se « mettre des barrières pour recruter des profils presque introuvables, hypertechniques, anglophones… ».
« J’ai posté les offres d’emploi sur des sites tech spécialisés, sans cibler spécifiquement des étrangers mais les annonces précisaient 100 % télétravail, et spécifiaient que seule la maîtrise de l’anglais était indispensable pour avoir un langage commun au sein de l’entreprise. Les candidats ont passé à distance tests techniques, tests de personnalité pour la compatibilité avec le reste de l’équipe, et au final, un entretien d’embauche en visio”.
Seul critère géographique pour les embauches : habiter un pays où n’existe pas plus de trois heures de décalage horaire avec la France.
Aujourd’hui, Troops et ses 55 salariés et son volume d’affaires de 2 milliards prévus cette année (la rémunération de Troops se fait à la commission) est donc désormais au 100 % télétravail.
“Ils m’ont tous expliqué que cette nouvelle vie leur permettait d’équilibrer leur vie personnelle et leur vie professionnelle et que cela leur convenait parfaitement”, décrit la patronne de Troops.
Difficile à gérer 55 salariés à distance ? “Oui, bien sûr au début c’était compliqué, mais nous avons appris en marchant. D’abord je leur fait confiance. Et nous avons trouvé les outils pour communiquer. Au départ nous avions déployé un logiciel-“Around”-qui permettait d’être en permanence connecté et qu’ils trouvaient trop intrusif. Nous l’avons abandonné, mais depuis, ce sont eux qui trouvent que nous ne sommes pas assez présent !”
En fait, précise Emilie Le Goff, il faut distinguer deux typologies de salariés dans son entreprise.
D’une part, les informaticiens “qui pour rien au monde ne retourneraient au bureau et les commerciaux ou les profils RH qui ont besoin de contacts humain reviennent au bureau de temps à autre, pour des rendez-vous ou des contacts quand ils le désirent.” Mais plus personne n’a de bureaux alloués.
En avant-garde ?
Pour Emilie Legoff, la plupart des entreprises vont devoir passer à ce mode de fonctionnement avec un gros pourcentage de télétravailleurs à l’avenir, il n’y aura pour elle pas d’autres alternatives pour la jeune génération arrivant sur le marché de l’emploi.
“Mon expérience est duplicable dans beaucoup d’entreprises. Elles ne vont pas avoir le choix.”
Et d’ajouter : “ Les jeunes ont besoin, veulent, de la liberté. Il n’ont plus aucune envie de passer leur vie dans un bureau de 8 heures à 18 heures.”
Elle précise. “Cela ne veut pas obligatoirement dire qu’ils travaillent intégralement chez eux. Beaucoup se rendent dans des bureaux de coworking proches de chez eux où ils recréent du lien social, comme dans une entreprise.”
Compliqué de gérer une telle équipe à distance ? “ Nous nous appuyons sur de vraies valeurs à commencer par la confiance. J’arrive à parler à tout le monde, tous les jours…”