Eric Botton, le créateur de la marque Bexley met sa société en vente
Une croissance à deux chiffres presque chaque année depuis sa création, une marge à faire pâlir d’envie beaucoup de chefs d’entreprise, de solides perspectives de développement : avis aux candidats ! La société lyonnaise Bexley est à vendre. Son unique actionnaire, Eric Botton, 57 ans, a confié un mandat à la banque Bryan Garnier. Il veut désormais se consacrer à d’autres activités. Retour sur un étonnant parcours.
Ayant consacré près de trente ans de sa vie à développer son entreprise avec toutes les contraintes que cela implique, le chef d’entreprise lyonnais Eric Botton veut, à 57 ans, passer la main.
Il veut revenir à ses premières amours, l’immobilier ou faire du private equity. Il a décidé de vendre l’entreprise qu’il a portée pendant près de trente ans-elle a été créée en 1985 : Bexley, un nom qui évoque le luxe et la chaussure de bon goût.
Il a ainsi confié, pour ce faire, un mandat de vente à la banque d’investissement Bryan Garnier.
Eric Botton qui reconnaît avoir des propositions de rachat presque chaque semaine, avait déjà il y a dix ans effectué une première tentative « pour tester le marché : compliqué, très compliqué, j’ai alors laissé tombé», se souvient-t-il. L’envie de dételer n’était pas alors la plus forte.
Cette fois, il récidive avec la ferme volonté de trouver un acquéreur
Une marge très confortable
« Cette fois, le mandat de vente est très clair : c’est une consultation data room. Chacun peut consulter : les conditions de sortie, les délais de paiements. Et il est clair également qu’une fois le rachat opéré, je ne resterai pas à la direction de l’entreprise, je la quitterai aussitôt, je ne me vois pas travailler pour quelqu’un d’autre. »
Si beaucoup de PME ont actuellement du mal à trouver des acquéreurs, Eric Botton ne devrait pas avoir trop de mal, lui, à trouver des candidats. Il vend une très belle PME à observer son chiffre d’affaires 2013, une des rares années pourtant où sa croissance a été un peu inférieure à 10 % : 25 millions d’euros.
Mais le chiffre le plus parlant est son résultat net : 5 millions d’euros, qui illustre une belle marge. « C’est notre taux de marge habituel : elle est au niveau de celle de l’industrie du luxe, mais avec un coefficient de départ qui est celui du détaillant. Cela tient à notre efficacité commerciale », précise fièrement Eric Botton
L’entreprise qui compte actuellement 80 équivalents temps pleins vend ses chaussures haut de gamme à prix doux à travers dix boutiques-la dernière a ouvert ses portes en juin dernier à Bruxelles- et un site Internet.
La vente en dur, à travers les boutiques représente 70 % du chiffre d’affaires, le e.commerce pèse les 30 % restants.
« Nous avons résolu tous les problèmes informatiques, logistiques. Il ne restera plus au futur acquéreur qu’à appuyer sur un bouton : le potentiel de croissance est là et ne demande qu’à s’exprimer », assure Eric Botton.
Self made man autodidacte
Une très belle réussite sur laquelle peu auraient parié, d’autant qu’Eric Botton qui n’a que le bac en poche est un parfait self made man autodidacte. Il n’a pas eu de famille qui lui a mis le pied à l’étrier.
Il lance sa première entreprise à l’âge de vingt ans : un site de vente par correspondance de pièces détachées de moto installé à la Croix Rousse à Lyon. Il vend alors sa voiture et investit ses économies, ce qui lui permet de démarrer avec 12 000 francs.
Il devient ensuite marchand de biens, achetant des immeubles qu’il vend à la découpe et des boutiques qu’il retape avant de les mettre en vente.
L’histoire de Bexley commence avec une des trois boutiques qu’il rachète rue Lanterne, dans la Presqu’île lyonnaise. « J’en ai vendu deux et j’ai gardé la troisième car je la trouvais superbe avec ses boiseries en chêne massif. J’ai pris le problème à l’envers. Je me suis demandé ce que l’on pourrait bien vendre dans un tel cadre. La réponse m’est rapidement venue : des chaussures de luxe… »
Une intégration totale
Ainsi est né Bexley, Eric Botton se lance alors dans un secteur qu’il ne connaît pas du tout. . Et ce, avec une démarche qui pouvait alors l’amener à se faire taxer de fou : l’intégration totale.
« Il n’existe que quelques fabricants dans le monde qui sont capables de fabriquer de magnifiques chaussures avec un très bon rapport qualité-prix. Je les ai sourcés », se remémore Eric Botton. Il ajoute : « Seule cette intégration totale de l’achat du cuir, à la recherche de sous-traitants dans le monde entier, jusqu’à la vente, nous a permis de nous développer : sans un très bon rapport qualité/prix, Bexley n’aurait pu survivre ».
Il se diversifie ensuite, en vendant dans ses boutiques et sur son site de e.commerce, à côté des chaussures, du prêt-à-porter : des chemises, des pulls, des polos, des boxers, des accessoires…
Depuis 1985, Bexley connaît chaque année, hormis quelques rares paliers, une croissance à deux chiffres. « Celui qui rachètera l’entreprise aura en main des possibilités de croissance et de développement très importants », assure crânement Eric Botton en s’appuyant sur l’histoire de l’entreprise. Il lui reste à dénicher l’acquéreur idéal. S’il ne le trouve pas, du moins dans les conditions qu’il a lui même définies, il n’exclut pas de se tourner vers la Bourse…
Photo–Eric Botton à son bureau au siège de l’entreprise, rue des Archers à Lyon et la dernière boutique en date, inaugurée, en juin dernier, à Bruxelles.