Essai Discovery piloté de Lyon : pas sûr que ce grand essai clinique réponde à la question de l’efficacité de la chloroquine…
La polémique autour de la chloroquine risque de durer encore quelques semaines…
On a vu ces derniers jours des CHU comme celui de Nice abandonner le traitement promu par Didier Raoult, mais pour connaître vraiment la validité de la chloroquine ou plus précisément de l’hydroxychloloroquine, on pensait dans un premier temps qu’il fallait attendre les premiers résultats de l’essai clinique Discovery piloté à partir de Lyon par l’infectiologue des Hospices Civils de Lyon, Florence Ader et son équipe.
Mercredi, elle a en effet expliqué que cet essai qui porte également sur d’autres molécules que la chloroquine (*) ne donnera pas dans le meilleur des cas ses premiers résultats avant au moins quinze jours, voire plus.
Il faut bien comprendre que les données collectées auprès des patients, au cours de cet essai clinique, ne sont pas analysées par les médecins eux-mêmes, mais transmises à un comité international indépendant.
Ce dernier analysera donc les résultats et l’efficacité des traitements sur le virus au fur et à mesure de l’avancée des données collectées dans les hôpitaux, cela risque de prendre un peu de temps.
Pour mesurer l’efficacité d’une molécule sur le coronavirus, il faut laisser passer les 15 jours que dure la maladie. Pour bénéficier de données fiables du comité sur les 300 premiers patients inclus dans l’essai, il va donc encore falloir patienter. « Nous n’aurons rien avant au moins fin avril », précise Florence Ader.
Ce projet Discovery, qui a débuté au CHU de Lyon et à l’hôpital Bichat à Paris le 22 mars, inclut désormais 25 hôpitaux dans toute la France. Ces 16 derniers jours, environ 530 malades du Covid-19 et hospitalisés ont été intégrés au projet qui prévoit d’inclure au total 3 000 patients européens, dont 800 Français.
Mais aura-t-on vraiment alors une réponse solide ? Le professeur Raoult utilise ce traitement associé à l’azithromycine, un antibiotique, dès les premiers symptômes ; or, dans le cadre de l’essai Discovery, il est administré à des patients en phases sévères ou graves où il n’est pas sûr qu’il soit le plus efficace.
Une course contre la montre
Tout s’ingénie donc à ce que le voile subsiste sur l’efficacité ou non de l’hydroxychloroquine, traitement sur l’efficacité duquel la recherche est la plus médiatisée.
Le professeur Raoult participe d’ailleurs lui-même à la mise en place de ce voile en ne rajoutant pas lors de ses propres essais cliniques un groupe contrôle, permettant une comparaison entre des patients traités et d’autres non (placebo).
Reste que dans le cadre de Discovery, trois autres molécules sont mises à l’essai sur des patients, laissant néanmoins la porte ouverte à de (bonnes ?) surprises.
Ceci dit, plusieurs dizaines d’autres molécules sont également et actuellement testées dans le monde entier afin de trouver un traitement le plus vite possible.
Une vraie course contre la montre que, pour l’heure, le coronavirus est en train de gagner. Pendant combien de temps encore ?
(*) Outre l’hydroxychloroquine, sont testés lors de cet essai clinique, le remdesivir, un antiviral conçu pour lutter contre le virus Ebola, le lopinavir, molécule utilisée contre le VIH qui sera évaluée en combinaison avec le ritonavir. Ce traitement est expérimenté en étant ou non associé avec l’interféron bêta (un antiviral immunomodulateur), pour vérifier si cette combinaison de molécules « permet de bloquer le processus inflammatoire » (problèmes respiratoires) qui apparaît avec le coronavirus.