Exposition universelle Shanghai 2010 : « Le pavillon rhônalpin est d’abord fait pour le business »
Pour la première fois, une exposition universelle, celle de Shanghai 2010, a développé une section très importante, non pas dédiée au grand public et au tourisme, mais au développement économique. C’est dans cet espace consacré aux meilleures pratiques urbaines qu’est installé le pavillon de la région Rhône-Alpes. Il a ouvert ses portes depuis près de cinq semaines avec 5 à 7 000 visiteurs par jour, mais surtout, il développe des semaines thématiques consacrées à des filières économiques qui se succèdent les unes après les autres. Premier bilan et perspectives vues par Jean-Maurice Hébrard, le responsable du bureau d’Erai de la capitale économique de la Chine.
Lyon-entreprises-Cela fait cinq semaines qu’est ouvert le pavillon Rhône-Alpes de l’Exposition universelle Shanghai 2010. Quel premier bilan tirez-vous ?
Jean-Maurice Hébrard-Au niveau du grand public, le pavillon attire, puisque chaque jour, nous avons entre 5 000 et 7 000 visiteurs. Lorsque l’Expo sera terminée, le pavillon devrait avoir été visité par près d’un million de personnes.
C’est bien, mais il ne faut pas oublier l’essentiel : c’est d’abord un pavillon fait pour le business !
Comment cela ?
Pour la première fois dans une Expo universelle, une importante section est consacrée au développement économique. C’est une vraie innovation. Et dans le cadre du secteur où il est installé, celui des « Meilleures pratiques urbaines », celui de Rhône-Alpes, a été vraiment conçu pour développer le courant d’affaires entre Rhône-Alpes et la Chine.
Et vu de cet angle là ça marche ?
Oui, tout-à-fait. Nous pouvons déjà annoncer les premiers contrats. Vous savez que la région Rhône-Alpes et notamment la région lyonnaise ont une forte expertise en matière de lumières urbaines, démontrées chaque année lors du 8 décembre. Avant même que l’Exposition commence, nous avions signé un contrat avec les organisateurs de l’Exposition universelle pour illuminer l’ancienne et immense centrale thermique transformée en pavillon.
Nous participons aussi à l’éclairage de 85 % de la zone des Meilleures pratiques urbaines. Ces références viennent de nous valoir un contrat très important qui vient d’être signé avec la ville de Shenzhen qui compte dix millions d’habitants. Il s’agira de mettre en lumière les 80 gratte-ciels de la skyline de la ville.
D’autres retombées ?
Oui, un autre contrat a été signé par Canevaflor, le spécialiste des murs végétalisés, non pas avec des Chinois, mais avec des Japonais et des Coréens. L’Expo est un vrai lieu de rencontre international. Nous en bénéficions.
Enfin, un promoteur de Shanghai, emballé par le restaurant de Bocuse au sein du pavillon nous a contacté pour implanter un village français dans le quartier de Lhwan, l’ancienne concession française. Vous ne vous étonnerez donc pas si je vous dit que, de mon point de vue, le bilan est déjà très positif.
Si l’on met de côté le pavillon de l’Alsace entièrement financé par les Chinois et suscité par un pool d’éco-entreprises, Rhône-Alpes est la seule région française à mettre en avant un tel pavillon. Pourquoi ?
Parce que Charles Béraudier, le premier président de la région a été un visionnaire en signant un accord de jumelage avec Shanghai. Ce qui a permis à Erai (Entreprise Rhône-Alpes International) de s’installer ici dès 1991. Nous sommes déjà 20 personnes à Shanghai, tous en quelque sorte les VRP des entreprises de Rhône-Alpes, mais nous sommes aussi présents à Pékin, Hong-Kong et maintenant à Shenzhen.
Notre présence et surtout derrière nous, celle de la région Rhône-Alpes dont nous dépendons, aide énormément le business. Les Chinois nous voient par le prisme de leur propre organisation. De savoir que derrière les entreprises françaises, il existe une région présente depuis longtemps sur place les sécurise. Ainsi par exemple, la société Actini qui fabrique des lignes de pasteurisation réalise près de 50 % de son chiffre d’affaires avec la Chine. Il s’agit d’une grosse entreprise, or souvent avant de travailler avec elle, les entreprises chinoises se tournent vers nous pour être sûrs que nous sommes derrière eux. Ça les sécurise.
Avec celui d’Alsace et de Hambourg, proches, le pavillon Rhône-Alpes va rester pérenne après l’Expo. Comment sera-t-il aménagé ?
La totalité des effectifs d’Erai va s’y implanter, ainsi que les entreprises que nous accueillons, au 3ème étage. Le restaurant Paul Bocuse va a ussi rester ici, au 4ème étage.
Les deux premiers étages accueilleront un showroom, ainsi que deux salles de réunion.
Il faut savoir que nous venons de bénéficier du statut de business center pour ce site proche du centre de Shanghai, un label qui est assez difficile à obtenir en Chine, ce qui permettra aux entreprises que nous accompagnons de créer de véritables filiales chinoises.
Que dites vous aux entreprises rhônalpines qui ne sont pas encore présentes en Chine ?
Si l’économie chinoise est la deuxième du monde, par tête d’habitant, elle n’est que la 109ème ! Elle possède donc un énorme potentiel. Car si vous n’y êtes pas, d’autres y sont : les Japonais et les Coréens, très présents d’abord, mais aussi les Allemands, les Italiens, les Espagnols.
Le pays veut accroître la valeur ajoutée de ses produits. La première usine fabriquant des avions va s’installer à Shanghai : cela peut intéresser par exemple les 500 sous-traitants de l’aéronautique en Rhône-Alpes. Il en est de même pour l’automobile et de biens d’autres secteurs. Si vous n’êtes pas proche de vos donneurs d’ordres, vous serez éliminés du marché.
Photo (DL) : Jean-Maurice Hébrard, responsable de l’important bureau d’Erai à Shanghai : « Si l’économie chinoise est la 2ème du monde en terme de PIB, par tête d’habitant, elle n’est que 109ème ! »