« EyeTechCare », la société lyonnaise qui pourrait bien faire évoluer la lutte contre le glaucome
Rien d’étonnant si elle a été, mardi 27 septembre, l’une des quatre entreprises nominées pour le Novad’or qui récompense la meilleure start-up lyonnaise de l’année. Installée à Rillieux-la-Pape, la société « EyeTechCare » est en passe d’apporter une amélioration très significative dans la lutte contre le glaucome qui touche 70 millions de personnes à travers le monde et qui est la cause d’une cécité sur deux. L’idée ? Utiliser les HIFU (Ultrasons Focalisés de Haute Intensité) déjà efficaces dans certains cancers pour stopper cette maladie dégénérative de l’œil. Avec cette technique, plus de chirurgie invasive et…de sérieuses économies pour la Sécu. En deux tours de table, elle a bénéficié de 10 millions d’euros émanant de capitaux risqueurs.
Fabrice Romano a été l’un des praticiens les plus entourés, lors du dernier salon ophtalmologique consacré au glaucome, en juillet dernier à Paris. Il présentait l’invention de sa société « EyeTechCare », en l’occurrence, un moyen thérapeutique pour lutter contre le glaucome.
Rien d’étonnant donc si cette avancée significative lui a permis d’être nominée mardi 27 septembre pour le Novad’or 2011 (1) qui, organisé par la CCI de Lyon, récompense la meilleure start-up de l’année, parmi la quarantaine de start-up accompagnées par Novacité qui est la pépinière d’entreprises hors les murs de l’organisme consulaire lyonnais.
Le jury qui n’était pas médical n’était pas là pour juger de la qualité de l’innovation médicale, mais de ses possibles retombées économiques. Et il faut bien reconnaître qu’à regarder de près le dossier, elles sont grandes.
Il faut savoir qu’il existe de nombreuses manières de lutter contre cette plaie mondiale qu’est le glaucome, une maladie dégénérative de l’œil. Mais elles sont, soit peu efficaces, soit lourdes ou invasives car faisant appel à la chirurgie.
L’idée de Fabrice Romano, vétérinaire à l’origine spécialisé ensuite dans l’ophtalmologie, qui a créé la start-up « EyeTechCare », en compagnie de Philippe Chapuis (Dg délégué) et de Laurent Farcy (Dg délégué) a été d’utiliser les ultrasons ou plus précisément les HIFU (Ultrasons Focalisés de Haute Intensité), déjà efficaces dans certaines formes de cancers pour l’adapter à cette pathologie invalidante car débouchant une fois sur deux sur une cécité.
« Notre technique est très simple et très rapide d’utilisation. Il suffit de deux minutes ! » explique le président d’EyeTechCare. Baptisée UC3, la procédure consiste à réduire la pression intraoculaire en détruisant de façon partielle et contrôlée les corps ciliaires qui produisent l’humeur aqueuse.
Contrairement à d’autres méthodes qui demandent des mois de formation, les techniques déployées peuvent être appréhendées par le praticien en une journée seulement. D’où évidemment un rapport coût/efficacité qui intéresse beaucoup la Sécu.
C’est en travaillant dans une entreprise utilisant les ultrasons à visée thérapeutique que Fabrice Romano a eu l’idée de lier les deux.
Il a créé sa start-up qui a d’abord été incubée par Crealys sur le campus de La Doua, pour valider le concept. Quatre ans plus tard, la société qui compte désormais quinze personnes dont cinq dédiées à la Recherche&Développement, n’a toujours pas réalisé le moindre euro de chiffre d’affaires.
« Même si nous n’avons plus de doutes, nos appareils bénéficiant du marquage CE, nous voulons être absolument sûrs de l’efficacité et de l’inocuité de notre technologie, et la seule manière c’est de l’appliquer sur une large échelle. C’est la raison pour laquelle nous la testons actuellement dans neuf centres hospitaliers en France dont un à Lyon et douze Europe. A l’issue de cette dernière phase, nous nous attaquerons au marché », précise Fabrice Romano.
Une démarche lente, mais classique dans la recherche médicale qui n’a pas refroidi les investisseurs. En deux tours de table, EyeTechCare a réussi à lever le chiffre record pour une start-up de 10 millions d’euros (2), un gage évident de confiance.
Et de reconnaissance d’un marché potentiel énorme : « Nous estimons notre marché à 10 à 15 000 patients en France et 200 000 dans le monde » décrit le président de la start-up. Pas (ou peu) de risque d’être copié, la technologie déployée est bardée de sept brevets déposés en Europe et dans le monde. EyeTechCare pourrait donc bien, dans les années à venir, quitter son statut de jeune pousse pour celui de PME conquérante.
Photo (DR) : Fabrice Romano, président de « EyeTechCare », 3ème à gauche, au milieu de l’ensmble des lauréats des Novad’or 2011.
(1) Le vainqueur des quatre nominés, Novad’or 2011, est Kalistick, basée à Villeurbanne : une plate-forme internet permettant d’identifier les dysfonctionnements des applications informatiques des entreprises. Les deux autres nominés œuvrent aussi dans l’informatique : « Commonit », un éditeur de navigateur d’entreprise basé à Lyon et SDN Internatinal, spécialisé dans la sécurité informatique et la télésurveillance pour les entreprises (Bron).
(2) Auprès du CEA Grenoble, de Crédit Agricole private equity et de la mutuelle lyonnaise SHAM qui développe une efficace (et peu courante) politique de capital-risque. L’entreprise a bénéficié d’un prêt remboursable (pour partie) d’Oséo de 1,5 million d’euros.