Forte hausse de l’emploi des cadres en trente ans en Auvergne-Rhône-Alpes
Une croissance impressionnante : la moitié des emplois supplémentaires créés depuis 1982 ont été des emplois de cadres. Ils représentent désormais 16,3 % du total des emplois. Mais cette course à la compétence n’est malheureusement pas générale : on note dans la même période une forte hausse d’employés non qualifiés, tandis que les ouvriers non qualifiés, suite à la désindustrialisation, ne représentent plus que 8,9 % des emplois.
3,2 millions d’emplois qui ont diablement évolués ! La structure de l’emploi en Auvergne-Rhône-Alpes permet de lire avec une grande netteté l’évolution économique de ces trente dernières années.
Une étude que vient de sortir l’Insee permet d’appréhender cette évolution qui sans être totalement surprenante, suscite cependant quelques étonnements.
On aurait pu penser que la formation généralisée tire tous les types d’emplois vers le haut. Ce n’est pas le cas.
Certes, la croissance la plus importante concerne celle de l’emploi des cadres. La moitié des emplois supplémentaire créés depuis 1982 dans la région appartiennent à cette catégorie.
En trente ans, les cadres et les professions dites intellectuelles supérieur ont vu son poids plus que doubler.
Ainsi, en 2014 date butoir de cette étude, l’on comptait 516 000 cadres dans la région, soit 16,3 % de l’emploi total.
Cette part est, avec celle de Provence-Alpes-Côte-d’Azur, la deuxième plus élevée derrière l’Ile-de-France (29,5 %).
En revanche la part des employés non qualifiés a elle aussi progressé. Ils représentent actuellement 12,4 % des emplois.
Multiplication par trois des cadres à Lyon et Grenoble
Ces cadres se retrouvent essentiellement dans les deux plus grandes métropoles : Lyon et Grenoble où leur nombre a été multiplié par trois ! Dans les grands centres urbains, un emploi sur quatre est celui d’un cadre.
Près de la moitié d’entre eux sont des ingénieurs d’études ou de recherche, des cadres administratifs spécialisés en ressources humaines ou dans les services bancaires et financiers, voire encore, des avocats et des juristes.
Surprise tout de même : l’industrie, la construction et l’agriculture ont vu leur nombre de cadres augmenter de 8 % en trente ans.
L’emploi des cadres est aussi une autre façon de lire la géographie régionale et la primauté prise par Lyon et Grenoble.
La part des cadres est en effet relativement faible à Saint-Etienne (18 % des emplois, au même niveau que Valence).
Cette tendance vers plus de compétence dans l’emploi n’est pas générale car la part des employés non qualifié a aussi augmenté : elle est due au développement du commerce et des services de proximité.
Ainsi, la région compte 393 000 employés non qualifiés, soir 12,4 % des emplois en 2014, contre 7,5 % trente ans plus tôt, en 1982.
Les emplois ouvriers non qualifiés ont plongé
la forte désindustrialisation dont souffre la région comme l’Hexagone se lit aussi dans ces chiffres. Les emplois d’ouvriers non qualifiés ont plongé de 36 % en trente ans ! En 2014, ils n’étaient plus que 282 000, soit bien moins que les employés non qualifiés.
Ce sont les ouvriers d’activités artisanales qui ont le moins baissé car moins délocalisables.
Ainsi, la part des ouvriers non qualifiés dans la région est désormais proche de celle de l’Hexagone : 8,9 %. Des emplois que l’on trouve de moins en moins dans les villes centres et de plus en plus dans les banlieues, les industries ayant tendance à quitter les villes.
Bref toutes ces données militent bien pour une accentuation de la formation nécessaire pour tirer les compétences et l’économie vers le haut en accroissant sa valeur ajoutée. Et développer l’emploi.
Car ce que ne montre pas cette enquête de l’Insee c’est que, si l’on en croit le Medef, dans le même temps l’économie régionale affiche près de 40 000 postes vacants dont un certain nombre qualifiés, qui ne trouvent pas de candidats…faute des compétences nécessaires.