François Turcas (CGPME), face à l’arrivée de François Hollande au pouvoir « Ils ont besoin de nous, nous avons besoin d’eux. »
Même si l’arrivée des Socialistes au pouvoir est plutôt vécue comme une fatalité par les dirigeants de PME rhônalpines, elle est loin d’être ressentie comme une catastrophe. Rien à voir avec le scénario de 1981. S’il constate des inconvénients, François Turcas, président de la CGPME liste aussi un certain nombre de réformes annoncées qu’il estime « favorables ».
Mai 2012 ne ressemble en rien à mai 1981. Pas de panique à bord chez les patrons de PME, même si un sondage (*) montre que seuls 24 % des cadres et dirigeants de PME seulement font confiance au nouveau président en matière économique. Ce n’est pas une surprise : ils ont voté à une très large majorité pour Nicolas Sarkozy.
Le pragmatisme l’emporte : 59 % des cadres et dirigeants de petites et moyennes entreprises estime que cette élection ne changera rien pour leur PME elle-même.
C’est ce que confirme dans son langage direct habituel François Turcas, président de la CGPME Rhône et Rhône-Alpes : « Passé la déception du résultat, tout le monde s’est remis au boulot, dès le lundi 7 mai. »
D’ailleurs sitôt l’élection remportée par François Hollande, la direction nationale de la CGPME, menée par son président, François Roubaud a aussitôt rencontré les membres de l’équipe présidentielle chargée de l’économie. « Nous avons reçu un accueil très favorable-reconnaît François Turcas-Ils ont besoin de nous, nous avons besoin d’eux ! ».
C’est donc le pragmatisme qui l’emporte. Il est vrai que cette fois, contrairement à 1981, pas question de nationalisations, ni de changer le monde. A l’instar de la passation de pouvoir entre Nicolas Sarkozy et François Hollande, le passage de témoin se déroule sans crise, dans une atmosphère apaisée.
Des regrets d’abord sur les premières conséquences que l’arrivée des Socialistes au pouvoir ne va pas manquer de provoquer : « La suppression de la TVA sociale mise en place par Nicolas Sarkozy n’est pas une bonne nouvelle. De même que la liberté qui avait été offerte aux chefs d’entreprise de discuter directement avec les salariés dans le cadre de la compétitivité, ou encore la suppression de la détaxation des heures supplémentaires », liste le président régional de la CGPME Rhône-Alpes.
Mais, surprise, la liste des éléments positifs induits par l’élection de François Hollande n’est pas moins longue.
« En positif, nous mettons en avant l’impôt progressif qui va permettre aux PME de ne plus être taxées à 33 %, mais à 30 % et aux TPE, à 15 %, tandis qu’un rééquilibrage bienvenu devrait s’effectuer en matière fiscale avec les grandes entreprises », se félicite François Turcas.
Il y rajoute un autre rééquilibrage en faveur des PME : « Celui du crédit d’impôt recherche dont jusqu’à présent, essentiellement les grands groupes tiraient partie, jusqu’à 300 millions d’euros : les PME vont pouvoir là donner la preuve de leur créativité et de leur dynamisme », affime-t-il.
« Enfin et surtout-confesse François Turcas-François Hollande nous a promis une visibilité sur cinq ans. Avec le précédent gouvernement, on ne savait jamais sur quel pied danser l’environnement pour les PME changeant en permanence. Cet environnement plus stable devrait permettre aux entreprises de mieux aborder l’avenir et aux banquiers de mieux accompagner les PME. »
La volonté affichée de mettre en place un « Small Business Act » à la française, permettant aux PME de bénéficier des appels d’offres à l’instar des grands groupes, fait aussi figure de bonne nouvelle. « Nous ne demandons pas la lune-estime François Turcas-simplement que 30 % des appels d’offres soient dévolus aux PME. » Il est vrai que cette mesure a déjà été mise en place dans le Grand Lyon par un autre socialiste, Gérard Collomb, pour la plus grande satisfaction de la CGPME.
Autre satisfecit : l’accentuation annoncée de la régionalisation dans le domaine de la politique industrielle. « La Région constitue le meilleur espace pour mener une politique industrielle. Elle possède la taille idéale pour agir de la manière la plus précise et la plus ciblée avec des acteurs de terrain qui se connaissent bien. Cela nous permettra notamment de mener une réforme des CFA (Centres de Formation d’Apprentis, NDLR) dont il faudrait faire évoluer les formations vers les emplois d’avenir et non pas les emplois passés, comme c’est trop souvent le cas», décrit François Turcas.
Ce dernier est cependant plus dubitatif sur le projet de Banque publique des PME, annoncé dans le programme du candidat socialiste : « Là, l’équipe de François Hollande n’a rien inventé : il ne s’agit que de l’amplification d’un dispositif existant. »
Ceci étant, les cadres et dirigeants de PME ne pensent pas pour l’heure que ces mesures changeront la donne économique. Selon le même sondage cité plus haut, seuls 24 % des cadres et dirigeants de PME disent faire confiance au nouveau président en matière économique, quand 73 % d’entre eux affirment le contraire. Et ils sont 74 % à penser que la politique menée ne permettra pas de réduire le chômage…
(*) Sondage réalisé en ligne les 9 et 11 mai auprès d’un échantillon représentatif de cadres et dirigeans de PME par PMO Région pour le Journal des Entreprises.