Fusion Rhodia/Solvay : l’ultime mort de Rhône-Poulenc
Le chimiste de spécialités Rhodia vient d’être repris par le groupe chimique belge Solvay. Ce rachat qui va se traduire par la disparition de la dénomination de l’entreprise au profit du chimiste belge, constitue la phase ultime de la disparition de la société d’origine lyonnaise Rhône-Poulenc. La chimie de Rhône-Poulenc avait en effet été filialisée en 1997, lors de sa fusion dans Aventis. Cette intégration dans Solvay concerne les 2 400 salariés de Rhodia en Rhône-Alpes, soit la moitié des effectifs du Groupe en France. Pas de « restructuration majeure » à venir assurent les deux dirigeants de la nouvelle entité, mais les fonctions support et les sièges devront faire jouer les synergies.
Elle a longtemps fait la fierté de Lyon et de Rhône-Alpes. L’aventure Rhône-Poulenc née à l’origine de la fusion de la société chimique du Rhône et de Poulenc, vient de s’achever définitivement. La dernière branche portant encore cette dénomination-Rhodia-va se dissoudre dans le chimiste belge (sauf au Brésil où la marque, forte, sera conservée). Rhodia était née de la filialisation de la chimie de Rhône-Poulenc, lorsque ce dernier a lui-même fusionné dans Aventis.
Rhodia fut une filiale mal dotée dès l’origine. Ses débuts furent très difficiles, la cotation en Bourse se fit dans la douleur. Rhodia a dû gérer de nombreuses séquelles de pollution de sol et de lourds passifs financiers, ce qui l’a mis dans une situation économique difficile, donnant lieu à une forte dépréciation de son titre et à l’ouverture d’instructions judiciaires. Le Groupe a même frôlé la faillite.
Mais depuis l’arrivée en 2003, de son dernier Pdg, Jean-Pierre Clamadieu, actif à restructurer le Groupe, Rhodia a peu à peu retrouvé des couleurs et passé sans trop de difficultés la crise.
C’est donc un Groupe redevenu plutôt attrayant, fabricant des produits à haute valeur ajoutée comme les silices de haute performance utilisés dans les pneumatiques, que vient de s’offrir le groupe chimique belge Solvay pour 6,6 milliards d’euros. Outre le rachat des actions pour 3,4 milliards , s’ajoute la reprise de la dette, mais aussi ce qui restait des importants passifs de Rhodia (2 milliards d’euros, notamment pour des engagements de retraite, essentiellement en France et au Royaume-Uni). L’OPA amicale qui devrait être lancée cette semaine devrait être clôturée en août.
Jean-Pierre Clamadieu, désormais ex-Pdg de Rhodia devient le n°2 de la nouvelle entité, derrière le patron de Solvay, Christian Jourquin, avec l’assurance de lui succéder lorsque ce dernier partira à la retraite dans deux ans.
Cette fusion a un impact très fort en Rhône-Alpes qui rassemble plus de la moitié de salariés du groupe, soit 2 400 personnes. « Nous ne sommes pas des sauvages, il n’y aura aucune restructuration majeure », ont assuré de concert Jean-Pierre Clamadieu, ex-Pdg de Rhodia et Christian Jourquin, celui de Solvay dans une interview aux Echos.
Pas de restructurations, mais des économies d’échelles sont attendues pour 250 millions d’euros dont les 2/3 sur les achats et la logistique, « le reste des efforts concernera les fonctions support et les sièges. »
Comment vont justement évoluer les différentes et nombreuses entités du Groupe en Rhône-Alpes ? Telle est la question que l’on peut se poser. Rhodia compte dans la région cinq sites de production (deux à Saint-Fons, Lyon, Collonge-au-Mont-d’Or et Valence), mais aussi deux centres de recherche et d’ingénierie multi-compétences, mais encore quatre sièges mondiaux : ceux des divisions « Engineering Plastics » et « Polyamide et intermédiaires » à Saint-Fons), ainsi que Silica et Aroma Performance à Lyon.
« Conformément à l’éthique et à la pratique des deux groupes, on trouvera des solutions pour toutes les personnes », expliquent d’une même voix les deux Pdg, ce qui n’est pas à même de rassurer complétement et définitivement les 2 400 « rhodias » de la région…
Illustration–L’entreprise emploie en Rhône-Alpes plus de la moitié de ses salariés français, soit 2 400 personnes : les différents sites.