Gérard Collomb lance le concept de « Lyon Ville intelligente »

On pourrait se gausser du nouveau concept présenté en grandes pompes jeudi 21 février par Gérard Collomb, celui de « Lyon Ville intelligente ». On aurait tort car celui-ci est dans le droit fil de ce que le futurologue américain, conseiller de maires de grandes villes et d’Etats, Jeremy Riftin annonce, comme la « 3ème révolution industrielle », celle qui marie l’Internet avec les énergies renouvelables et plus largeront le développement durable, avec création de nouveaux emplois à la clef.

 Gérard Collomb part d’un constat : les Français vivent désormais à 77 % dans des villes. Ce sont elles désormais, plus que les Etats, qui peuvent agir sur l’avenir mariant l’économique et l’écologie. Et à cet égard, la collectivité doit avoir un rôle d’entraînement. « Nous voulons marier puissance publique et acteurs privés pour mettre en œuvre un nouveau modèle de société, mais aussi un modèle économique viable », explique le maire de Lyon.

 Le Grand Lyon intégralement à Très Haut Débit d’ici 2019

 Comme Monsieur Jourdain, Gérard Collomb pratique la Ville intelligente sans le savoir, ou plutôt sans le dire, car la liste des expérimentations engagées, notamment dans le quartier de la Confluence est longue.

 Qu’il s’agisse des trois expérimentations de « smarts grids », à partir des 175 000 compteurs électriques intelligents Linky déjà déployés destinés à rendre des quartiers autonomes en matière d’énergie verte, mais aussi aux particuliers de réguler au mieux leur consommation d’électricité.

 Autre projet sur les rails, celui de la société Cityway (Optimod Lyon) qui, en partenariat avec Véolia Transdev est en train de mettre au point un outil d’aide prédictif à la décision à destination des automobilistes. Ils sauront non seulement en temps réel, mais aussi où seront situés les bouchons de circulations dans l’heure à venir.

Des projets de ce type, l’agglomération lyonnaise en compte actuellement plusieurs dizaines.

 Ce concept de Ville intelligente demande de grandes capacités de transports de données numériques. Il passe donc obligatoirement par le Très Haut Débit Internet. « Nous sommes en train de travailler avec Numéricable, Orange et SFR pour que, d’ici 2019, l’ensemble du Grand Lyon soit couvert par le Très Haut Débit », assure Gérard Collomb.

 En lançant médiatiquement ce concept de Lyon Ville intelligente, Gérard Collomb veut que l’agglomération se présente comme l’un des principaux creusets en Europe de l’innovation dans ce domaine, dans le but d’attirer les nombreuses entreprises qui actuellement bouillonnent d’activité dans ce domaine porteur. « Nous voulons être identifiés comme le terreau des services innovants », martèle le président du Grand Lyon.

 Les données du Grand Lyon à disposition des entreprises

 Pour que les entreprises développent les nouveaux outils de demain, ils leur faut des données en très grand nombre. C’est la raison pour laquelle, a été développé le programme « Grand Lyon Smart Data », qui consiste à mettre à disposition des entreprises les données qu’il recèle « afin de leur permettre de mettre en œuvre de nouveaux services », explique Gérard Collomb.

 Une stratégie qui manifestement est efficace, puisque le NEDO Japonais (l’équivalent de l’Ademe, en France) a choisi Lyon comme site privilégié pour tester ses dernières technologies vertes. En partenariat avec Toshiba et Bouygues, un groupe d’immeubles (Hikari), autonomes au niveau de l’énergie verra le jour, avec en sus, une production d’électricité alimentant trente voitures vertes.

 L’Autolib’ de Bolloré à Lyon d’ici la fin de l’année

 Rien d’étonnant non plus, si, après Paris, l’industriel Vincent Bolloré a décidé d’importer ses « Bluecars » et son modèle d’Autolib’ à Lyon et Villeurbanne. Ce sera fait d’ici la fin de cette année, assure Gérard Collomb. Pour ce dernier, l’objectif est que « 60 000 véhicules électriques circulent à Lyon d’ici 2020 ».

 Cette 3ème révolution industrielle n’est pas un mythe. Autolib, ça marche :à Paris, le service sera à l’équilibre avec 60 000 abonnés premium, ce qui devrait être atteint au premier semestre 2014, avec trois ans d’avance.

 Des lacunes : WiFi, micro-particules…

 Reste que la mise en avant de ce concept « Ville de l’intelligence » met d’autant plus en lumière les lacunes qui subsistent : l’absence de véritable WiFi dans les lieux publics et le métro lyonnais, a contrario de la plupart des ville européennes de la taille de Lyon ; mais aussi la pollution aux particules fines, la ville des gones étant à cet égard un très mauvais élève comme l’a récemment souligné une enquête qui situe Lyon à la quatrième place des villes où l’on respire le moins bien, avec une perte de six mois d’espérance de vie…

 A ces remarques, Gérard Collomb rétorque que le mouvement engagé est justement destiné à améliorer cette situation. Nul doute que les Lyonnais vont le prendre au mot.

 Illustration (Cyrille Thomas)–Les futurs immeubles « intelligents » Hikari (lumière en japonais) du quartier de la Confluence à Lyon signés de l’architecte Kengo Kuma dont la première pierre sera posée en mai 2013.