Gérard Collomb veut donner un deuxième souffle à la Part-Dieu
A quoi devrait ressembler la Part-Dieu à Lyon en 2020 ? A un pôle économique compétitif hérissé de tours, offrant une belle « skyline » et plus de 500 000 m2 de bureaux supplémentaires. Mais aussi à un vrai quartier de ville, actif, habité, vivant, où la créativité est de mise. Un rêve ? Non, telle est la vision de Gérard Collomb, maire de Lyon et de l’équipe d’urbanistes parisiens qu’il a choisie-l’AUC- avec pour objectif de redonner un rôle central à ce quartier, il est vrai plutôt raté à l’origine. Un pari ambitieux qui devra s’appuyer pour une bonne part sur l’initiative privée.
Aucun maire de Lyon n’avait osé s’attaquer au quartier de la Part-Dieu, né de la folie béton des années 60 et qui n’a réussi qu’une chose, appréciable au demeurant : drainer chaque jour dans ses bureaux 40 000 salariés, au sein de 900 000 m2 tertiaires accueillant 2 200 entreprises. Il est vrai qua la tâche est gigantesque.
La Part-Dieu doit-elle rester un simple quartier de flux, grâce à sa gare qui voit 477 000 déplacements chaque jour et un quartier d’affaires à l’américaine, mort la nuit ?
Gérard Collomb, maire de Lyon, pense que non. Après avoir lancé les phases 1 et 2 du nouveau quartier de la Confluence, il est désormais décidé à s’atteler à une redéfinition de ce quartier. Il « veut réinventer la Part-Dieu ». Il s’est donné dix ans dans un premier temps et s’est entouré pour ce faire de l’agence d’urbanisme l’AUC. Une agence qui a eu notamment l’occasion de travailler sur le quartier de la Défense à Paris ou celui de Meriadek, à Bordeaux.
Le pari proposé est particulièrement ambitieux puisqu’il veut encore accentuer la réussite du quartier en matière de bureaux. Ce qui passera obligatoirement par une densification de l’immobilier tertiaire via une multiplication des tours. La prochaine, la tour Incity-200 mètres de hauteur et 200 millions d’euros d’investissement- est dans les startings blocks. Mais comme l’explique la premier magistrat lyonnais, avec la très réussie Tour Oxygène, récemment inaugurée, Incity veut aussi lancer un signal aux investisseurs privés.
L’idée est de multiplier lesdites tours, afin de former, à l’instar des villes américaines, une « skyline », soit un ensemble harmonieux d’immeubles de très grande hauteur (photo). « Nous souhaitons faire comprendre aux promoteurs qui ont des projets qu’il serait bon qu’ils réhaussent leurs tours », insiste Gérard Collomb. Premier objectif, donc, augmenter la superficie de bureaux de plus de 50 %, pour arriver à 1,5 million de mètres carrés en 2020.
Mais ce premier objectif est doublé d’un autre qui peut paraître contradictoire : créer dans le même temps « un vrai quartier de ville, habité, actif, vivant. » Pour ce faire les urbanistes qui planchent depuis quatre mois sur ce projet veulent s’appuyer sur la nécessaire et profonde évolution que va connaître la gare de la Part-Dieu pour répondre à l’explosion de son trafic dû notamment aux TGV supplémentaires à venir pour l’ouvrir vraiment sur le quartier.
Ils veulent également s’appuyer sur les équipements existants : les Halles Paul Bocuse, le centre commercial, mais aussi l’Auditorium et la Bibliothèque Municipale pour insuffler de la vie à ce quartier. « A la Part-Dieu, on tout se tourne le dos, tout est confiné : il faut ouvrir, extérioriser », explique l’urbanisme François Decoster.
« Savez-vous que le toit du centre commercial de la Part-Dieu est à peu près aussi étendu que la place Bellecour : on pourrait l’aménager en un lieu ludique », s’enflamme Gérard Collomb qui veut également également faire passer la rue Garibaldi du stade d’autoroute urbaine à celui d’artère vivante.
L’idée sous-jacente est de faire muter ce quartier daté en un lieu de créativité : « Il faut profiter des multiples usagers qui fréquentent ce quartier pour donner l’occasion au monde économique et commercial de tester, proposer, innover… » Bref, un quartier de la Part-Dieu aux antipodes de ce qu’il est actuellement.
Gérard Collomb enfonce le clou : « L’investissement public jouera son rôle, mais il devra être démultiplié par le privé dans un facteur de 2 à 3 ». Messieurs les investisseurs, à vous de jouer…
Document « Lyon projets urbains » : Sur cette photo, les différentes tours lyonnaises qui pourraient constituer la future skyline : celles existantes (Tour Part-Dieu, Tour Swiss Life et Tour Oxygène, la dernière en date), celle dont le projet est officiel (Tour Incity en lieu et place de l’actuelle Tour UAP), et celles qui ne sont pour le moment qu’envisagées ou à l’état de rumeurs (Tour Gecina, Tour Icade et Tour Cegid).