Go Sport devant le tribunal de commerce de Grenoble : le même sort que Camaïeu ?
La difficile restructuration de la dette du Groupe succursaliste stéphanois Casino avait amené Jean-Charles Naouri, le Pdg de Rallye, la maison-mère, à vendre l’enseigne « Go Sport » à la Financière Immobilière Bordelaise détenue par Michel Ohayon. Et ce, en mars 2021. L’entité n’a pu entretemps manifestement être redressée : son sort devrait être scellé mercredi 21 décembre par le tribunal de commerce de Grenoble où se trouve le siège du groupe. Les craintes sont vives du côté syndical.
Réunis, les juges du tribunal de commerce de Grenoble ont demandé lundi 19 décembre des informations complémentaires afin de déterminer si la célèbre chaîne de magasins de sport est ou non en cessation de paiements.
Flash back. En mars 2021, Rallye, maison-mère du succursaliste stéphanois Casino, lourdement endettée était entrée « en négociation exclusive avec Financière Immobilière Bordelaise », fonds d’investissement de l’homme d’affaires Michel Ohayon, afin de céder le n°4 français du sport pour la somme symbolique… d’1 euro.
A l’époque, l’enseigne de sport comptait 85 magasins en propre ; ainsi que 272 en franchise, pesant 430 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Racheté pour 1 euro
La stratégie de Michel Ohayon était de racheter en période de crise, tout ce qui passe à sa portée et à très bas prix : lors de la reprise de Camaïeu, le Tribunal de commerce de Lille avait regretté « amèrement la faiblesse des prix de reprise, particulièrement celle de Financière Immobilière Bordelaise. »
Cette fois, avec Go Sport, il s’agissait d’1 euro.
Malgré cela, l’homme qui, dans le passé avait réussi à sauver la Grande Récré, n’a pas eu la même efficacité avec Go Sport dont le sort se retrouve donc dans les mains du tribunal de commerce de Grenoble.
Ledit tribunal de commerce de Grenoble a entendu lundi 19 décembre la direction de Go Sport, ainsi que les représentants des quelque 2 000 salariés qui l’ont saisi.
Les juges n’ont pas encore statué : ils ont demandé des informations complémentaires et rendront leur décision mercredi 21 décembre.
Si la cessation de paiements est décidée, une procédure de redressement judiciaire sera ouverte.
Le groupe (HPB), détenu par l’investisseur bordelais a fait part, lors de cette audience, de sa volonté de céder Go Sport si une conciliation était ouverte.
Des expertises contradictoires
Or, constat des juges : les deux parties ont présenté des expertises indépendantes, mais contradictoires !
Les commissaires aux comptes de Go Sport ont présenté lundi un rapport concluant à l’état de cessation de paiements de Go Sport, depuis la période octobre novembre.
La direction de HPB a riposté, de son côté, à l’audience avec un autre rapport indépendant, produisant a contrario une déclaration de non-cessation de paiements, promettant même un retour à une trésorerie positive « à très brève échéance. »
D’où le besoin des juges consulaires de faire la lumière sur les comptes de Go Sport.
in fine, échaudés par le précédent, les représentants du personnel craignent que Go Sport connaisse le même sort tragique que Camaïeu qui on s’en souvient a été spectaculairement placé en liquidation fin septembre, amenant le licenciement de ses 2 100 salariés, un nombre de personnes similaire à celui de Go Sport.
Et ce, quelques mois après son rachat par le même Michel Ohayon…