Grand Emprunt et gros contrat : Arkoon, le spécialiste lyonnais de la sécurité informatique se sent pousser des ailes

Notre confrère « Investir », spécialisé dans la Bourse en avait fait le 14 janvier dernier sa « valeur de la semaine ». Résultat, la société lyonnaise Arkoon, cotée sur le compartiment Alternext des valeurs de croissance a vu en une journée son cours croître de…35 % !

 Depuis le 1er janvier, le cours de l’action de cette société lyonnaise s’est envolé de 57 %, ce qui porte sa hausse depuis un an à 130 %, à 2,44 euros. Arkoon est la valeur régionale qui a le plus grimpé ces derniers mois.

 Pourquoi un tel intérêt ? Parce que, après avoir connu quelques difficultés, cette société qui est installée sur une niche en pleine progression, celle de la sécurité informatique, est en train de voir sa stratégie validée.

 Un chiffre d’affaires en croissance de 19 % en 2012

 Pour preuve, en 2012, son chiffre d’affaires a crû de 19 % à 13 millions d’euros. Et l’avenir se présente sous les meilleurs auspices.

 Thierry Rouquet, président du directoire d’Arkoon vient non seulement de signer un gros contrat avec l’administration canadienne, et ce, afin de sécuriser son informatique contre les cyber-attaques et tous les risques liés au numérique ; mais il va aussi toucher 3,6 millions d’euros du Grand Emprunt pour développer la nouvelle génération de logiciels permettant d’accroître la sécurité numérique des postes de travail. Et se donner par la même occasion de nouveaux relais de croissance.

 Cette entreprise de 85 salariés installée dans un des « immeubles-bateaux » laissés vacants dans le quartier de Lyon-Vaise par le départ de l’ex-Infogrames devenue Atari, avec les déboires que l’on sait est à la fois spécialisée dans la sécurité des réseaux informatiques, mais aussi dans celle des données et plus récement, pour répondre à la mobilité généralisée, à celle des postes de travail, de l’ordinateur de bureau, au PC portable à la tablette, en passant par les smartphones.

 Un marché grandissant, beaucoup d’entreprises ou de responsables d’administration sensibles, prenant en compte le développement grandissant de la cybercriminalité.

 45 salariés sur 85 affectés à la R&D

 Après les virus qui s’invitent chaque jour dans les réseaux, l’insécurité informatique tend à changer de visage avec l’arrivée de nouveaux acteurs dotés de gros moyens, sous le forme d’organisations mafieuses, voire même d’Etats voyous. Pour mémoire : les cyber-attaques dont ont été victimes l’Elysée et Bercy, sans oublier des entreprises, comme Areva par exemple. Des attaques très sophistiquées qu’il est de plus en plus difficile de détecter…à temps.

 Investissant 30 % de son chiffre d’affaires en Recherche&Développement (45 personnes sur 85), Arkoon qui a aussi bien pour clients le Ministère de la Défense, EADS, Cegid, Soitec ou le PMU a su développer les réponses appropriées .

 Le problème est de détecter sans trop tarder les attaques, avant même qu’elles ne provoquent de gros dégâts. Souvent, elle ne sont constatées que plusieurs mois, voire plusieurs années après : le mal est fait et les données se sont envolées.

 Arkoon a ainsi racheté la société Stormshield qui, avec 2,1 millions d’euros de chiffre d’affaires représente déjà 16 % du CA. « Elle est spécialisée dans la protection du poste de travail, à travers une l’analyse comportementale des fonctions de ce même poste de travail. C’est une technologie unique. Elle constitue pour nous un vrai relais de croissance qui va nous permettre d’aller à l’international », explique Pierre-Yves Hentzen, directeur administratif et financier d’Arkoon.

 Un gros contrat qui ouvre les portes de l’Amérique du Nord

 Un marché de 700 000 euros signé à la fin de l’année 2012 avec l’administration canadienne pourrait justement ouvrir d’autres portes en Amérique du Nord. C’est cette technologie unique au monde qui a amené cette signature.

 D’autres relais de croissance devraient aussi se faire jour : la société lyonnaise est aussi impliquée dans le projet Midas de la gestion de la sécurité soutenu par le Grand Emprunt. Elle a ainsi reçu 3,6 millions d’euros en trois tranches (700 000 euros en deux fois, puis 2,2 millions d’euros).

 Il s’agit cette fois de développer la suite de la technologie issue de la filiale Stormshield. « en faisant en sorte qu’il ne faille pas attendre avant de découvrir les dégâts, mais tout de suite, afin d’y remédier ». Des recherches menées en partenariat avec l’Ecole Nationale des Télécoms, « mais cela reste notre projet », ajoute aussitôt Pierre-Yves Hentzen.

Photo(DR)–Thierry Rouquet, président du directoire d’Arkoon interviewé sur l’avenir des filières françaises dans le domaine de la cyberdéfense, les 28 et 29 janvier derniers à Lille lors du Forum International de la CyberSécurité (FIC).